Aux termes de sa tournée de deux jours dans la région de Kolda, l’ambassadeur d’Espagne au Sénégal a abordé, avec EnQuête, plusieurs points qui concernent la coopération espagnole, avant de tirer un bilan satisfaisant des réalisations faites au Fouladou et en Casamance. Selon Alberto Virella, pour la période 2014-2017, la contribution de la coopération espagnole en Casamance s’élève à 5,6 milliards de francs CFA.
Vous venez de boucler une visite de deux (2) jours à Kolda. Êtes-vous satisfait de votre coopération avec vos partenaires de cette région ?
Oui, nous sommes très satisfaits. Parce que nous avons de bons partenaires et nous faisons confiance à eux, et nous espérons qu’ils font confiance également à nous. Nous croyons qu’il y a un esprit de confiance mutuelle et un esprit de travailler ensemble. Nous avons réussi à avoir de bons résultats, même si nous ne sommes pas à 100% satisfaits, mais nous devons continuer à travailler. Et cette visite de deux jours nous a permis de constater qu’il y a des avancées, mais aussi des problèmes relatifs aux réalisations. Nous avons également échangé avec les acteurs locaux de chaque projet, les autorités administratives locales, les élus locaux, les experts….. En résumé, la coopération espagnole est une coopération de proximité. Nous cherchons à être efficaces en accompagnant les processus locaux.
Pourquoi la Casamance est l’une des priorités pour la coopération espagnole ?
Vous savez que durant plusieurs années, la Casamance avait souffert de la crise. C’est pourquoi, cette partie sud du Sénégal est une des priorités pour la coopération. Après deux ans, comme ambassadeur d’Espagne au Sénégal, j’ai pris ma part dans la prise de décisions. C'est-à-dire comment faire pour accompagner ce pays en général, la Casamance en particulier, dans la croissance exclusive du développement durable. Depuis 2004, il y a des acteurs de la coopération espagnole qui travaillent dans cette région. De 2004 à nos jours, nous avons dépensé 47 milliards de francs CFA en termes de dons en Casamance. Peut-être, le chiffre est encore plus élevé, comme nous continuons à travailler jusqu’à présent. Parce que nous sommes en train de comptabiliser toutes les données de l’année 2016-2017.
Nous travaillons au Sénégal, parce que nous sommes des pays voisins surtout. Les pays comme le Cap-Vert, la Mauritanie, le Mali et le Niger sont impliqués dans nos projets. Le bonheur de nos voisins, c’est aussi le nôtre.
Quels sont les secteurs choisis pour booster le développement local ?
Pour booster le développement local, nous avons ciblé deux secteurs. Il s’agit de la bonne gouvernance, surtout l’appui de la mise en place de l’Acte III de la décentralisation et l’aspect relatif aux droits humains. C'est-à-dire la protection des femmes et des enfants. Et enfin, le deuxième secteur, c’est le développement agricole. Nous intervenons sur des questions relatives à la malnutrition. Nous avons choisi ces différentes options pour éviter la dispersion des ressources financières. Présentement, nous sommes dans la maison du citoyen de Kolda qui vient d’ouvrir ses portes au public. Cette maison du citoyen a pour but de rassembler les citoyens et les institutions publiques, d’améliorer la gestion des services publics etc.
Les petits agriculteurs sont-ils appuyés par la coopération espagnole ?
Dans le cadre du développement rural, nous travaillons avec les petits agriculteurs, notamment des jeunes et des femmes. Ils ont été formés dans le domaine de l’agriculture. Certains parmi eux sont diplômés et disposent des terrains cultivables. Mais ils avaient besoin de l’appui financier et technique afin de prendre en charge des technologies qui leur permettront de booster leurs productions et d’avoir des revenus toute l’année. Il y a un financement pour les fermes Natangué de 50% du côté de la coopération espagnole. Un financement de l’ordre de 20% du côté de l’ANIDA, en équipement et en assistance technique, mais aussi, il y a un financement du jeune promoteur lui-même. Il a une contribution de 20%. Mais comment il va avoir la capacité de mobiliser ses ressources pour le succès du projet. C’est là encore une fois que la coopération espagnole et l’ANIDA lui ont offert une solution d’intermédiaire auprès des institutions financières. C’est avec cet appui que les promoteurs agricoles ont accès à un prêt avec des conditions plus favorables dans les marchés des institutions financières.
Ces financements ont-ils permis de faire des réalisations ?
Oui, parce que nous avons des puits équipés d’un panneau solaire, des poulaillers, de la pisciculture, du système d’irrigation goutte-à-goutte… dans les fermes Natangué. Les hectares cultivés sont clôturés afin d’éviter la divagation des animaux. Le modèle permet, avec la diversification des produits agricoles, d’avoir des revenus pour les agriculteurs durant toute l’année. Nous savons tous qu’auparavant, l’agriculteur sème et attend la récolte. Or, avec le modèle Natangué, c’est une solution qui nous éloigne de cette méthode.
Rencontrez-vous des difficultés sur le terrain ?
Très franchement, nous travaillons dans des conditions extrêmement difficiles. Elles sont liées au problème climatique, à la sécheresse. Il y a aussi la question relative à l’éducation. Parce que nous travaillons dans des endroits où avec des sociétés où le taux de scolarisation est très faible. Parfois, nous sommes dans des régions qui présentent des infrastructures routières très limitées, ou dans des zones où l’électricité est très limitée. Globalement, la liste des besoins prioritaires est énorme.
Financièrement, quel est le montant global que vous avez dépensé à Kolda durant toute votre présence dans cette région ?
Le montant global financé dans le domaine de la bonne gouvernance à Kolda s’élève environ à 1,6 milliard de francs CFA. Pour la période 2014-2017, la contribution de la coopération espagnole en Casamance est de 5,6 milliards de francs CFA. C’est 25% du total de la coopération nationale entre l’Espagne et le Sénégal. Nous travaillons dans deux secteurs. Au-delà des projets mentionnés, les fermes Natangué, la Maison du citoyen, le Bureau modernisé de l’Etat civil installé dans la région de Sédhiou, il y a le projet d’aquaculture, le centre des personnes vivant avec handicap à Dabo, le périmètre agricole à Bagadadji.