On en sait un peu plus sur le traitement du dossier Karim Wade et sur le niveau d’implication du Qatar dans cette affaire qui a fait couler beaucoup d’encre. Selon le ministre des Affaires étrangères du Qatar, Mohammed Ibn Abderrahmane Al Thani, qui relève d’ailleurs que ‘’le dossier Karim Wade a été traité comme une affaire humanitaire’’, l’implication du Qatar dans cette affaire politico-judiciaire ne s’est pas faite sans l’aval du gouvernement du Sénégal.
Après avoir purgé trois ans de sa peine de six ans que lui a infligée la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), Karim Wade a été libéré, le 24 juin 2014. Aussitôt après son élargissement de prison, il a été exilé à Doha à bord d’un jet privé, avec le procureur du Qatar venu lui-même le prendre. Cette tournure des évènements avait d’ailleurs amené certains à dénoncer une ingérence du Qatar dans les affaires publiques sénégalaises.
Le leader de Rewmi, Idrissa Seck, allant même, à l’époque, jusqu’à parler d’un donneur d’ordre (l’émir du Qatar) à qui le président Macky Sall aurait obéi et accordé une faveur qu’il avait refusée aux autorités religieuses coutumières du pays, notamment aux khalifes généraux de Touba et de Tivaouane. Mais contrairement aux supputations selon lesquelles il y aurait une ingérence du Qatar dans le dossier de Karim Wade, le chef de la diplomatie qatari précise que son pays est intervenu dans ce dossier avec l'approbation du gouvernement sénégalais. ‘’Jamais nous ne serions intervenus sans l’autorisation du gouvernement du Sénégal’’, a déclaré Mohammed Ibn Abderrahmane Al Thani dans une interview accordée à ‘’Jeune Afrique’’.
Mohammed Ibn Abderrahmane Al Thani, dans l’entrevue, est revenu sur les relations entre son pays et le Sénégal, et l’incident diplomatique survenu récemment entre les deux pays. Selon lui, le Sénégal n’avait pas pris la meilleure décision en rappelant son ambassadeur. ‘’Je ne sais pas quelles promesses le Sénégal avait reçues, mais nous avons été clairs sur les pays qui s'alignent sur le Quartet, se dressent contre le Qatar, une nation souveraine, et se prononcent en faveur du changement de régime que veulent nous imposer nos agresseurs. Dakar a fini par se rendre compte qu'il avait pris la mauvaise décision. Le président sénégalais, Macky Sall, a expliqué à l'émir qu'il avait été trompé et qu'il voulait réinstaller son ambassadeur à Doha", a-t-il expliqué à cet effet. En attendant un autre développement du Karimgate.