Les causes du myome inquiètent de plus en plus les acteurs de la santé. Cette maladie si mal connue fatigue les femmes, entraîne d’énormes conséquences. Ce qui fait que son seul traitement, pour le moment, reste l’opération.
Le fibrome, c’est toute une histoire. Mais aussi que d’histoires à son propos. C’est du moins l’avis du gynécologue obstétricien Cheikh Atab Badji. Entre le vrai et le faux, l’imaginé et l’imaginaire, entre le su et le cru, le fibrome, cette pathologie bien de chez nous par sa fréquence, reste encore mal connue du grand public, scolarisé ou non. Fibrome, myome, myomatose. Tous ces noms, dit-il, renvoient à l’intrus, cet hôte indésirable. Il faut préciser d’emblée, pour répondre à une question souvent posée ‘’hors antenne’’ par bien des conjoints, que le fibrome ne se contamine pas. Il s’agit d’une sorte de ‘’boule’’ qui se développe sur l’organe utérin de la femme, c’est-à-dire celui qui porte le bébé en cas de grossesse. ‘’Ces boules vont avoir tendance à devenir plus grosses, plus nombreuses au point de coloniser tout l’utérus, exposant ainsi la femme à un risque de concevoir difficilement, de faire des avortements répétés, d’accoucher prématurément, de saigner après l’accouchement, de s’imposer un accouchement par césarienne, du fait des obstacles qu’elles constituent ou de la mauvaise position qu’elles font adopter à l’enfant dans le ventre’’, explique Dr Badji.
Trois choses à préciser, en cas de fibrome
La taille, le nombre et la position. Plus il est gros, plus il peut entraîner une gêne en comprimant le voisinage, occasionnant ainsi des envies fréquentes d’uriner ou des constipations. ‘’En plus, un gros fibrome peut donner l’impression d’un ventre d’une petite grossesse. Quant au nombre, il est évident que, plus les noyaux de fibrome (ou myomes) sont nombreux, plus le cas est critique’’, explique l’homme de l’art. Qui précise qu’il y a trois types de position pour le myome. Soit il est fixé sur l’utérus, mais se développe vers l’extérieur tout en restant accolé à la paroi, soit il se développe dans la paroi même, ou enfin il se développe carrément à l’intérieur même de l’utérus. Ce dernier cas est plus dangereux car, souligne Docteur Atab, même s’il est de petite taille, il entraîne des saignements anormaux comme des règles prolongées ou répétitives et anormalement abondantes.
Le traitement
Un simple fibrome composé juste d’un seul ou deux petits noyaux, d’un ou deux voire trois centimètres, peut nécessiter juste une surveillance, sans traitement spécifique à condition qu’il n’entraîne aucune complication ou qu’il ne soit pas entièrement situé dans l’utérus. Par contre, renseigne le gynécologue, s’il est gros, atteignant la taille d’une mandarine ou d’une orange ou plus, si les noyaux sont nombreux et importants, si le noyau est à l’intérieur de l’utérus, ou s’il entraîne un saignement génital important, perturbant sérieusement les règles, là, le traitement, c’est l’opération chirurgicale.
On parle de myomectomie dont le but consiste à enlever le ou les noyaux de fibrome en laissant l’utérus en place. Dans certains cas, les myomes sont tellement importants que le chirurgien est obligé d’enlever l’utérus. ‘’Il s’agit souvent du cas des femmes qui ont laissé évoluer leur fibrome, soit par négligence, soit par peur, soit sur mauvais conseils de charlatans qui leur ont fait perdre beaucoup de temps, en leur faisant croire pouvoir guérir le fibrome. Le traitement du fibrome, sous nos cieux, c’est l’opération’’
Quand le charlatanisme s’invite au traitement
‘’Le fibrome, c’est une marchandise prisée dans le marché florissant du charlatanisme. Ceux qui prétendent le guérir ne savent malheureusement pas ce que c’est. Le nom sonne et tonne tellement fort, dans l’entendement populaire, qu’il provoque anxiété et angoisse. Or, anxiété et angoisse sont des ressources pour ceux qui cherchent leur place sous le soleil de la maladie. Pour reconnaître le charlatan, son discours par rapport au fibrome suffit. Pire encore, le discours anecdotique à partir de cas isolés d’ici et d’ailleurs constitue un véritable appât’’, prévient le médecin. De ce fait, poursuit-il, l’échographie brandie, certifiant initialement l’existence d’un fibrome et qui aurait secondairement disparu n’a aucune valeur car, explique-t-il, dans la pratique quotidienne, il existe parfois de faux diagnostics de fibrome non confirmés par un examen effectué par un plus expérimenté.
De plus, devant le caractère têtu de ces noyaux, la parade est souvent trouvée derrière le prétexte de leur régression. Or, là encore, met en garde Dr Atab Badji, il est important de savoir qu’un examen échographique fait par le même praticien chez la même malade et le même jour ne retrouve pas toujours exactement les mêmes mesures, à plus forte raison, quand il s’agit d’un tiers. ‘’Malheureusement, bien des femmes regrettent leur utérus pour avoir perdu beaucoup de temps avec leur fibrome. Autant dire que la véritable maladie et qui fait le lit de bien des maladies, c’est tout simplement l’ignorance, en partie imputable au manque de communication ou de contre-communication du corps médical’’.