Neuf milliards de francs CFA, c’est le montant à compléter pour les besoins de financement des projets des jeunes au Sénégal, sur les 12 milliards prévus. C’est ce qu’a révélé hier le président du Conseil national de la Jeunesse, Khadim Diop, lors d’une journée d’échanges et de sensibilisation organisée par le Conseil national du Patronat.
Un ‘’manque’’ de moyens financiers, un défaut d’accompagnement de la part du secteur privé et surtout des Collectivités locales sont, selon le président du Conseil national de la Jeunesse(CNJ) Khadim Diop, autant d’obstacles auxquels font face les jeunes entrepreneurs au Sénégal. ‘’On ne peut pas parler d’agriculture si les jeunes ne disposent pas de financement. Il y a de cela deux ans, le chef de l’Etat avait demandé à l’ensemble des jeunes d’élaborer des projets et les besoins de financement tournaient autour de 12 milliards de francs CFA. L’année dernière, il a dégagé une enveloppe de 3 milliards. Ce qui veut dire qu’il y a un gap de 9 milliards à combler’’, a indiqué Khadim Diop, hier lors d’une journée d’échanges et de sensibilisation du Conseil national du Patronat (CNP).
Ainsi, le président du CNJ estime qu’avant de parler de la Mission locale pour l’Emploi et l’Entrepreneuriat des jeunes, de Bourses pour l’Emploi rapide des jeunes, ‘’l’Etat doit compléter d’abord ce montant’’. ‘’Ce que le Conseil national de la Jeunesse demande à l’Etat, c’est d’abord de combler ce gap pour permettre à tous les jeunes qui avaient déposé des projets d’avoir des financements. Parce qu’aujourd’hui, on ne peut pas parler d’émergence, si plus de 65% de la population ne créent pas de richesse. On risque de sacrifier deux voire trois générations’’, s’alarme-t-il.
En effet, avec l’écart qui existe entre la capacité de l’Etat et du secteur privé à recruter et le nombre de jeunes diplômés qui arrivent sur le marché, chaque année, le ministre en charge de l’Emploi, Abdoulaye Diop, estime qu’il faudrait que les acteurs‘’réfléchissent autrement’’. ‘’Nous avons des problèmes avec les formateurs. Parce que 50% des jeunes demandeurs d’emplois n’ont pas de métiers. Mais nous avons des niches dans les grands projets de l’Etat. Donc, il faut souscrire dans les rapports qui nous lient aux entrepreneurs qui gagnent des marchés, une conditionnalité qui permet de recruter plus de jeunes’’, propose-t-il.
50,2% des demandeurs d’emplois sont analphabètes
Au fait, au Sénégal, 50,2% des demandeurs d’emplois sont analphabètes, 89,9% n’ont pas atteint le niveau du secondaire, et seulement 4,8% ont un niveau d’études supérieures. Donc, pour le nouveau ministre de l’Emploi, de l’Insertion professionnelle et de l’Intensification de la Main d’œuvre, le savoir-faire dans le monde actuel est ‘’avant tout’’ numérique. ‘’Bien au-delà des aspects techniques, la transformation digitale pose la question de la redéfinition du rôle de l’Etat, des Collectivités locales et des entreprises. Les services numériques de qualité et performants sont une exigence de bonne gouvernance publique et privée’’, dit-il.
Selon Abdoulaye Diop, en réalité, le savoir-faire et les compétences du numérique existent au Sénégal. ‘’Je dirais qu’ils ne nécessitent que plus de partage de connaissances, d’expériences et de mutualisation. Pour ce faire, nous devons créer ensemble une nouvelle dynamique pour favoriser le développement du ‘Digital work’ auprès de nos jeunes’’. Dès lors, le ministre soutient que les projets d’incubateurs numériques locaux, des fonds d’investissements et de capital-risque régionaux, des startups génératrices de nouveaux emplois ‘’ne peuvent que revêtir’’ le soutien de l’Etat. ‘’La mise en place d’un comité spécifique pour leur mise en œuvre s’impose. Mon département convoquera toutes les parties prenantes à cet effet. Dans notre pays, ce sous-secteur emploie moins de 5 000 jeunes, alors que dans des pays comme ceux du Maghreb et d’Asie, il y a des effectifs de plus de 80 000 jeunes’’, ajoute-t-il.
De son côté, le Vice-président du Conseil national du Patronat (CNP), Aimé Sène, reconnaît que la problématique de l’emploi des jeunes est ‘’multidimensionnelle’’. ‘’Il faut agir sur plusieurs leviers : la formation, la productivité du travail, la commande publique, la politique de développement local, l’esprit entrepreneurial, mais surtout, de nos jours, le numérique’’, déclare-t-il. Selon lui, aujourd’hui les entreprises, les collectivités locales, les administrations publiques sont déjà toutes ‘’impactées’’ par le numérique. Il faut noter que pour cette journée, le CNP a axé le débat sur ‘’la mutation des emplois et métiers dans les entreprises, les administrations publiques et les collectivités locales : enjeux de la transformation digitale’’.
MARIAMA DIEME