Le comité de pilotage de l’Etude nationale sur les enfants et les jeunes hors du système éducatif au Sénégal a présenté les résultats d’une étude, dont le rapport final sera publié en octobre prochain. Avec le fort taux d’exclusion dans l’éducation en Afrique subsaharienne, l’USAID a décidé d’initier cette étude avec l’appui du ministère de l’Education qui a demandé qu’elle soit élaborée à l’échelle nationale et régionale.
La lutte contre la déperdition scolaire n’est pas encore gagnée. 1 174 077 enfants n’ont jamais été scolarisés, 324 209 sont déscolarisés, et 2 523 973 sont toujours scolarisés sur une population scolarisable de 4 022 229 jeunes ayant 6 à 16 ans. Des chiffres avancés hier à Dakar par l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) qui présentait les résultats d’une étude. Elle avait pour objectif de fournir des données nationales actualisées sur les enfants et les jeunes hors du système éducatif, afin d’assurer une meilleure prise en charge de leurs besoins et attentes en matière d’éducation ou de formation.
En collaboration avec le ministère de l’Education nationale et l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), l’USAID a régenté le projet d’étude dans les 14 régions du Sénégal. La prospection a été basée sur une approche aussi bien quantitative que qualitative, selon le principal investigateur, Souleymane Barry. Les résultats de l’enquête ont ainsi été structurés selon les démarches analytiques.
‘‘Les jeunes hors du système sont constitués d’enfants jamais scolarisés et ceux qui ont décroché. Dans cette étude, les garçons de 6 à 16 ans ont 57% de prédominance sur 43% de filles’’, explique-t-il. Le problème est aussi d’ordre géographique car, selon lui, la part des déscolarisés est sensiblement plus importante en milieu urbain tandis que le milieu rural abrite des proportions de ‘‘jamais scolarisés’’. Les régions de Kaolack et Diourbel, qui sont définies comme les secteurs d’urgence du ministère de l’Education, enregistrent le pourcentage le plus élevé, note le rapport : 85,7% à elles deux. Le ministre Serigne Mbaye Thiam, présent à la rencontre, a saisi la balle au rebond pour exprimer sa satisfaction de disposer de données fiables. ‘‘On n’a jamais su quel est le profil des enfants hors du système éducatif, donc cet approfondissement nous apporte beaucoup de précisions’’, déclare-t-il.
L’enquête a par ailleurs indiqué que 20% des enfants scolarisés encourent le risque du décrochage. Selon le milieu de résidence, urbain ou rural, les enfants sont prédisposés à décrocher mais le risque est sensiblement plus élevé en milieu rural pour des raisons d’exercice d’activités génératrices de revenus et le niveau d’études faible du chef de famille dans certains cas, et dans d’autres, le retard scolaire.
Les facteurs de non-scolarisation
Les jeunes et les enfants sont confrontés à des réalités socioculturelles qui favorisent leur non-scolarisation, selon les résultats. Le paramètre familial est crucial dans cet état de fait. La pauvreté et les déterminants socioculturels sont aussi des facteurs. ‘‘ Les chefs de famille que nous avons approchés expliquent que les croyances religieuses et les représentations culturelles constituent un frein pour la scolarisation de leurs enfants’’, explique M Barry. ‘‘En sus de ces facteurs avancés, on peut y adjoindre le défaut de pièce d’état-civil, l’éloignement et l’indisponibilité des écoles’’, ajoute-t-il.
Les facteurs de déscolarisation
Il faut comprendre par déscolarisation, les enfants qui ont décroché. Sur ce plan, l’activité du chef de famille est prise en considération, de même que la pauvreté du ménage, et l’âge de l’enfant. Au-delà de ces aspects, les mariages précoces, la situation des filles (tâches domestiques), de même que le coût élevé de l’éducation privée constituent une autre problématique, renseignent les résultats. Cette étude a le mérite d’éclairer les prises de décisions des pouvoirs publics. ‘‘Nous parvenons à identifier les obstacles à l’éducation des jeunes et combler le manque de données sur les enfants non scolarisés’’, déclare Serigne Mbaye Thiam.
Dans la perspective de venir en appui aux enfants hors du système éducatif au Sénégal, l’enquête a indiqué que l’Etat du Sénégal a initié des programmes, de concert avec des ONG sur le territoire national.
Une fenêtre a été ouverte sur la fourchette des jeunes de 17 à 24 ans afin de fournir des informations sur le profil scolaire, leurs formations et leurs occupations éventuelles. Une initiative saluée par le ministre Serigne Mbaye Thiam qui promet d’en parler à son collègue de la formation professionnelle, en vue d’une meilleure appropriation des résultats par tous les acteurs de l’éducation.
Contrairement aux tendances observées dans les classes d’âge inférieures, il existe un taux de scolarisation plus important, pour les 17-24 ans, chez les garçons que les filles. Mais ils restent confrontés au chômage.