L’Association nationale des familles des victimes du bateau le ‘’Joola’’ a profité de la commémoration du 15e anniversaire du drame pour revenir sur plusieurs questions relatives à la prise en charge des préoccupations des familles des victimes. Revendications que l’Etat, « plus préoccupé par la paix et le développement » de la région de Ziguinchor, semble ignorer.
La capitale méridionale du pays a commémoré, ce 26 septembre, le 15ème anniversaire du naufrage du bateau le ‘’Joola’’. Dépôt de gerbes de fleurs au cimetière de Kantène et à la gare maritime d’où est parti le bateau le Joola, avant de sombrer aux larges des côtes gambiennes. Prières et recueillements ont rythmé la cérémonie officielle de cette commémoration présidée par le ministre des Forces armées qui conduisait la délégation officielle, en présence des familles des victimes sénégalaises et européennes. A l’occasion, le président de l’Association nationale des familles des victimes est revenu sur plusieurs préoccupations des familles des victimes qui, jusque-là, ne parviennent pas à trouver une réponse favorable de la part des autorités étatiques. Il s’agit, entre autres, du vote d’une loi instituant le 26 septembre « journée du Patriote ».
D’autres revendications « centrales » contenues dans le dossier du Joola ont encore été formulées par les familles des victimes, notamment le respect du caractère rétroactif de la loi instituant les Pupilles de la république, le renflouement du bateau pour faire le deuil et permettre aux disparus d’avoir une sépulture digne. S’y ajoute la réouverture du dossier pour que toute la lumière soit faite sur le naufrage et que les responsables soient situés et sanctionnés pour éviter que la disparition de plus de 2 000 victimes ne soit versée dans le compte des pertes et profits. L’Association Nationale des Familles des Victimes du Joola a, dans le même sillage, demandé une « tolérance zéro » pour lutter contre les accidents de la route qui tuent et continuent de tuer plus que le « Joola », la construction d’un second pont à Ziguinchor et la mise en œuvre du train express Dakar-Tamba- Kolda-Ziguinchor.
Même si, 15 ans après le naufrage, les revendications des familles des victimes demeurent encore nombreuses, Moussa Cissokho n’a pas manqué de rappeler les efforts consentis par l’Etat. Des « acquis » qui se résument, entre autres, à la construction de gares maritimes flambant neuf à Ziguinchor et à Dakar, la construction de l’Université Assane Seck dont les familles demandent le renforcement de la capacité d’accueil et l’amélioration des équipements, la mise en service des bateaux Aguène et Diambone, le dragage du fleuve Casamance et le renforcement de la sécurité du transport maritime. Egalement, le projet d’extension du port de Ziguinchor jusqu’au quai de pêche de Boudody pour en faire un port de dimension internationale et enfin, le projet de réalisation du Mémorial-musée le Joola qui verra bientôt le jour et dont la réalisation est confiée à Eiffage.
La paix et le développement en Casamance : la solution
A son tour, le ministre des Forces armées a rappelé les « mesures fortes prises par l’Etat du Sénégal ». Il s’agit, selon Augustine Tine, de l’indemnisation des familles des victimes qui le désirent, l’aide mensuelle octroyée dans la prise en charge des pupilles de la nation. Le ministre des Forces armées a aussi évoqué « les gros efforts » qui sont en train d’être consentis dans la réalisation des infrastructures routières, dans le cadre du désenclavement maritime de la Casamance. « Une priorité majeure du président de la République qui se confirme par le démarrage des travaux du pont de Gambie », a dit le ministre. Mais également la réception des bateaux Aguène et Diambone qui s’inscrit dans cette volonté des autorités d’améliorer le déplacement de la Casamance vers l’intérieur du pays. Toutefois, il a précisé que toutes ces actions seront vaines, si la région sud ne retrouve pas la stabilité tant recherchée par tous et une paix définitive - qui demeure et continue de l’être -, une préoccupation majeure du président de la République qui entend faire de la Casamance un véritable pôle de développement.
Par contre, le chef de la délégation gouvernementale s’est gardé de se prononcer sur les revendications énumérées par les familles des victimes.