C’est une esquisse d’un programme de gouvernance. Si l’on se fie au contenu de sa déclaration, la Coalition gagnante ne demande ni plus ni moins qu’une révision totale du Plan Sénégal émergent cher au président Sall. Voici l’économie de leur projet de société.
Dans sa déclaration de constitution de groupe parlementaire, la Coalition gagnante Wàttu Senegaal est revenue sur ce qu’elle considère comme une ‘’mascarade électorale’’. Les poulains de Me Abdoulaye Wade estiment que les élections du 30 juillet n’ont aucune valeur. ‘’Tous les hommes honnêtes le reconnaissent’’, lit-on dans leur déclaration. En conséquence, affirment-ils, l’Assemblée issue d’un tel scrutin est ‘’illégitime’’.
Mais, pour autant, il ne faut aucunement s’attendre à ce que les opposants boudent l’Hémicycle. ‘’De l’intérieur, il faudra faire face à la dictature rampante et remettre à l’endroit la démocratie sénégalaise’’, disent-ils. Mais la bataille, selon le PDS et ses alliés, va se poursuivre jusqu’en dehors des frontières sénégalaises. Le dossier sera à la CEDEAO, à l’Union africaine, auprès des pays partenaires et dans tous les organismes de défense de la démocratie.
Voilà les raisons qui justifient, selon le groupe Démocratie et Liberté, l’utilité de ne pas cracher sur leur siège. ‘’Notre groupe parlementaire prendra en charge, à partir de cette position, le combat pour les libertés et la démocratie, la préservation des libertés et l’instauration d’une vraie démocratie dans notre pays’’. Me Madické Niang et Cie déplorent la ‘’dégradation continue des conditions de vie des populations, leur paupérisation, le chômage massif des jeunes…’’ Ils s’engagent aussi à lutter pour la clarification des ‘’scandales : Mittal, PETRO-TIM, les licences Télécoms, le marché du Centre international de conférence de Diamniadio, l’affaire Bictogo, le terminal minéralier du port de Dakar, le marché du Building administratif, le marché du TER, l’affaire NECOTRANS, le scandale de la SAR etc’’.
Dans la même logique, ils comptent se battre, énoncent-ils, contre ‘’la gestion nébuleuse, l’appropriation de ressources naturelles du Sénégal par la famille du président Sall, ainsi que les lobbys étrangers, l’endettement excessif, le déficit budgétaire hors-norme, les violations récurrentes des Droits de l’Homme, les atteintes aux libertés publiques, à la démocratie et l’instrumentalisation systématique de la justice à des fins de règlements de comptes politiques…’’
Ainsi, pour remettre le Sénégal sur les rampes du développement, le groupe propose : ‘’Une réforme de la Constitution, une réforme des politiques sectorielles dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche, de la culture, des sports, etc.’’ Il faut aussi, selon eux, de nouvelles réformes économiques qui accroissent le rôle des entreprises nationales dans la création d’emplois, pour résorber le chômage des jeunes, pour faire du patriotisme économique et de la préférence nationale une réalité au Sénégal.
L’opposition prône également la mise en place d’un parquet financier pour éradiquer la corruption, l’arrêt du pillage des ressources, notamment dans les domaines pétrolier, minier, foncier, halieutique, de l’environnement, de l’urbanisme, des collectivités locales, du foncier, etc.
Pour plus de transparence dans la gestion des affaires publiques, la bande à Madické Niang estime qu’il faut adopter une loi sur les marchés publics, à la place d’un décret que le gouvernement modifie comme il veut, quand il veut, en instaurant le principe du gré à gré pour tous les marchés supérieurs à 500 millions de francs CFA.
Sur le plan judiciaire, l’opposition propose la suppression de toutes les juridictions d’exception, la restauration de l’Etat de droit et la libération de tous les prisonniers politiques. En outre, elle souhaite la révision du mode de scrutin législatif par la suppression du scrutin majoritaire à un tour.
Le groupe parlementaire de l’opposition n’a toutefois pas oublié le règlement intérieur de l’Assemblée nationale, l’adoption d’une loi et des décrets d’application pour rendre effectif le statut de l’opposition.
A les en croire, il urge également de lutter pour remettre la diplomatie sénégalaise sur les rails, par le renforcement des relations avec les pays voisins.
‘’Au total, les députés du groupe Liberté et Démocratie s’engagent, en tant que représentants authentiques du peuple, à demeurer en alerte permanente, pour le renforcement de la fonction législative et le contrôle du gouvernement, en vue de la restauration de l’image du parlement et du député’’.
Dans l’immédiat, fulmine la Coalition gagnante, il faut lutter pour la reprise des élections du 30 juillet, pour permettre à tous les Sénégalais de voter.
Mor Amar