Cher ami, cher frère
J’ai mal. Mal de ne pas vous retrouver sur la liste du nouveau gouvernement. Mal de l’absence de toute logique pouvant guider une telle décision. Mal surtout parce que vous ne méritiez pas cela. Mais en même temps, je suis rassuré puisque sachant que le destin n’est pas la destinée. Et votre destin est parti pour être rayonnant, s’il plaît à Dieu. C’est pourquoi je reste convaincu, cher ami et cher frère, que votre absence du nouveau gouvernement ne pourra que vous faire du bien. Qu’elle vous ouvrira de nouveaux horizons et vous offrira de nouvelles promotions.
Dans la vie, cher ami et cher frère, le mal est quelques fois nécessaire pour vous propulser à des stations supérieures. Et vous avez tout pour que votre carrière subisse des bonds en avant qualitatifs. C’est ainsi que vous avez toujours été d’une fidélité indéfectible au chef de l’Etat. Vous n’êtes jamais allé à l’encontre de sa volonté et de ses instructions. Au contraire, vous avez toujours remonté jusqu’à son niveau les informations et cela à temps, et n’avez jamais agi sans avoir reçu ses instructions au préalable. Et puis, il y a surtout que vous aimez passionnément, viscéralement même votre pays. Sachant que le Sénégal a besoin de l’apport de tous ses fils, quelles que soient leurs divergences et leurs incompréhensions du moment, vous vous évertuez, chaque jour que Dieu fait, à établir un pont entre eux en vue de leur permettre de se parler, de dialoguer. Vous œuvrez en ce sens en excellent diplomate et vous le réussissez admirablement. J’en ai d’ailleurs fait l’heureuse expérience.
Qu’est-ce que vous n’avez pas fait, cher ami et cher frère, pour que le président de la République et moi-même, nous puissions nous entendre sur l’essentiel, c’est-à-dire notre cher Sénégal, et vous l’avez réussi ? Mieux, c’est vous qui aviez sauvé notre pays de troubles à l’ordre public lors du Sommet de la Francophonie qu’accueillait le Sénégal, notamment lorsque l’opposition s’était décidée à faire valoir ses droits à manifester dans la rue son mécontentement et son désaccord avec le régime. De même que vous vous étiez dépensé sans compter pour éviter à nouveau que l’ordre public ne soit perturbé quand la même opposition avait voulu répondre avec force à la répression qui s’était abattue sur elle lors d’une autre manifestation dispersée d’une manière indigne pour un pays démocratique.
Je peux témoigner de ces deux événements pour y avoir joué volontairement un rôle de médiateur et vous en étiez l’unique facilitateur. Et pour l’aboutissement de cette médiation, vous n’aviez pas lésiné sur votre peine, en maintenant notamment un contact direct et permanent avec ma modeste personne aussi bien à l’étranger, quand vous étiez en déplacement, qu’à l’intérieur du pays. C’est également vous qui aviez permis le rapprochement entre ma modeste personne et le président de la République qui a envoyé son Premier ministre lors de la cérémonie de dédicace des livres de mon père qui sont une partie du patrimoine culturel de notre pays.
Vous êtes un homme de consensus, cher ami et cher frère. Vous êtes également un homme de dialogue, respectueux de toutes les sensibilités de ce pays et cela n’enlève rien à votre engagement total et à votre fidélité au chef de l’Etat. Pour la réussite du président de la République et de son programme, vous vous êtes engagé sans compter, non seulement sur le plan administratif, mais également au plan politique, prêt à payer de votre personne pour qu’il gagne les élections auxquelles il se présente par le biais de sa coalition, en vue de voir aboutir ses projets auxquels vous adhérez entièrement.
Au plan international, vous avez permis au Sénégal de remporter d’importantes victoires sur lesquelles notre pays va pouvoir capitaliser pendant longtemps. C’est ainsi que, grâce à vous, il a atteint un leadership jamais égalé dans la défense des droits de l’homme et des peuples. Sous votre magistère, le Sénégal est ainsi monté en première ligne dans la lutte contre l’injustice faite au peuple palestinien et dans le respect par la communauté international de son droit à l’autodétermination. N’avez-vous d’ailleurs pas permis à notre pays de jouer un rôle central dans la présentation de la résolution des Nations-Unies condamnant Israël ? Ce qui avait eu l’effet d’un tsunami dont l’onde de choc s’est propagée dans tout le monde islamique où notre pays a suscité et continue de susciter l’admiration de tous. Et au vu de la réaction des Israéliens, j’ai le net pressentiment qu’on essaie de vous faire payer aujourd’hui cette audace, cette témérité qui n’a fait que grandir l’estime dont bénéficie le Sénégal dans le monde. Mais seule la vérité est éternelle et elle finira par triompher de toutes les machinations.
Sur le dossier gambien également, vous avez agi en homme avisé qui a apprécié la situation en fonction des informations en sa possession à propos du surarmement dont disposait le défunt régime et qui constituait de graves menaces pour la sécurité intérieure et internationale de notre pays. Un dossier que vous avez géré en bon diplomate, c’est-à-dire avare en paroles, mais efficace dans l’action.
Aujourd’hui comme hier et demain, vous pourrez compter sur moi en tant qu’ami et en tant que frère qui priera toujours pour vous, pour votre réussite dans toutes vos entreprises. Et j’ai la certitude dans un domaine dans lequel je n’aime pas trop m’aventurer, que vos lendemains seront meilleurs. Vous aurez ainsi d’autres promotions vous permettant de mieux servir votre patrie, votre continent et l’humanité toute entière. Et soyez rassuré : vous n’aurez que du bien, je vous le garantis. Dieu est avec vous et continuera de veiller sur vous.
Votre ami et frère de toujours
Sidi Lamine NIASS
PDG du Groupe Wal Fadjri
Dakar, le 8 Septembre 2017