Dans un entretien accordé à Walf-Fm, hier, Sidy Lamine Niass est revenu sur les raisons de la défenestration de plusieurs ministres du gouvernement. Si une motivation politicienne justifie la non-réduction d’Eva Marie Coll Seck, tel n’est pas le cas pour Mankeur Ndiaye, Viviane Bampassy et autres.
Ce n’est pas par hasard si certains membres de l’ancien gouvernement ne sont pas reconduits. On connait maintenant les raisons ayant guidé ce choix de Macky. En effet, la défenestration de plusieurs ministres et secrétaires d’Etat a occupé une bonne place dans le discours de Sidy Lamine Niass, hier, lors d’un débat sur Walf-Fm. Il s’agit des ministres Mankeur Ndiaye (Affaires étrangères), Eva Marie Coll Seck (Santé), Viviane Bampassy (Fonction publique), Mansour Sy (Travail), Khadim Diop (Bonne Gouvernance) et des secrétaires d’Etat Youssou Touré (Alphabétisation) et Yakham Mbaye (Communication), qui n’ont pas été reconduits dans le gouvernement Dionne II. L’invité du journaliste Moustapha Diop aborde, en premier, le changement survenu chez les alliés de la Gauche. «Pour le Pit cela se comprend. C’est le parti qui décide et c’est Samba Sy qui a été proposé puis validé par le gouvernement, à la place de Mansour Sy, le ministre sortant en charge du Travail, du Dialogue social et des Relations avec les Institutions», a analysé Sidy Lamine.
Pour le cas de l’ex-ministre de la Santé et de l’Action sociale, Eva Marie Coll Seck, l’invité du bloc 16-18 évoque un motif politique et politicien à l’origine de sa non-reconduction de celle que l’on a surnommé la «dame de fer». «Son limogeage relève plutôt d’un problème politique car elle n’a pas de base. Elle elle est technocrate alors que le président de la République a besoin de politiciens pour étendre les tentacules de son parti. Mais cette considération est erronée car les technocrates rassurent plus les bailleurs de fonds. Cette raison purement politicienne est une erreur monumentale car ce ne sont pas seulement que les politiciens qui font marcher certains secteurs qui exigent de la technicité et des hommes et femmes qualifiés», a dit le patron de Walf sur les ondes de la radio du Front de terre. Mais au-delà de cette raison, d’autres avancent, en coulisses, que la dame elle-même est demandeur de sa non-réduction. Mais cette dernière hypothèse reste sans autre précision ni confirmation officielle.
En ce qui concerne Viviane Laure Elisabeth Bampassy, jusque-là ministre de la Fonction publique, de la Rationalisation des effectifs et du Renouveau du service public, Sidy Lamine croit détenir la réponse à son limogeage : «Elle a fait trop parler d’elle. Pour un chef, elle a besoin de moins de bruit et de rumeur. Elle n’a pas besoin de devoir s’expliquer sur certaines choses». Le cas de Mankeur Ndiaye, chef de la diplomatie sénégalaise sortant, a aussi été évoqué (voir page 3) par l’invité de Moustapha Diop.
Déception
Donnant sa lecture globale sur le remaniement ministériel, le Pdg du Groupe Wal Fadjri exprime un sentiment de déception. «Ce n’est pas le gouvernement attendu des Sénégalais et même de Macky qui a récemment appelé au dialogue, dans son allocution après la prière de la Tabaski qu’il a effectuée à la Grande mosquée de Dakar. Les gens s’attendaient à un gouvernement de consensus qui allait le pousser vers un second mandat. Il y a moins de ténors politiques qu’il en a de militants sans aucune base politique significative. Autrement dit, il n’y a pas de personnalités d’envergure», a laissé entendre le digne héritier de Mame Khalifa Niass. L’auteur de l’ouvrage «L’Etranger parmi les siens» va plus loin dans son analyse : «Macky n’a pas le gouvernement qu’il aurait voulu avoir. L’attente des Sénégalais n’a pas été au rendez-vous. Ces ministres, issus de ce probable dernier gouvernement avant la prochaine présidentielle, ne seront pas capables de lui assurer une victoire au premier tour en 2019». La nouvelle équipe gouvernementale sera-t-elle à même de mettre en œuvre la vision du Chef en vue de la réélection de Macky ? Réponse de l’invité : «Difficilement ! Car la tâche n’est pas aussi facile que cela et ce n’est pas aussi un combat gagné d’avance. Il y a que l’espoir est là. En tout état de cause, le temps est relativement court pour faire grand-chose avant la présidentielle prévue dans seulement un an».
Khalifa Sall
Lors des échanges, il a aussi été question de l’installation des 165 députés élus à l’issue des législatives du 30 juillet dernier, jeudi prochain. A la question de savoir s’il faut s’attendre à des changements, Sidy Lamine répond par la négative. Et il justifie sa position : «Il n’y aura pas de rupture tant que l’institution parlementaire sera dirigée par la même personne. Il ne faut surtout pas attendre à une rupture radicale dans la prochaine législature (…)». Par ailleurs, il a été abordé un autre sujet d’actualité : l’affaire Khalifa Sall, le maire de Dakar incarcéré à la Maison d’arrêt de Rebeuss pour détournement présumé de 1,8 milliard Frs Cfa, dans l’affaire dite de l’argent de la Caisse d’avance. «Comme l’a si bien rappelé un des avocats de Khalifa, Me Khoureychi Bâ, le règlement intérieur de l’Assemblée nationale autorise au député le plus âgé de demander la suspension ou la libération du maire de Dakar. Mais en tout état de cause…», conclut le patron de Walf.