Le communiqué du ministère de l’Education fait polémique. Qu’est-ce qui se passe réellement ?
Le ministre est dans son rôle. Mais il faut nuancer quelques propos qui ont été tenus. En tant que société Yavuz Selim S.A, nous avons introduit une demande d’autorisation d’enseigner, depuis le mois de juin. Quand nous avons eu notification du ministère de l’abrogation de l’arrêté autorisant Baskent, nous avions notre société anonyme qui est Yavuz Selim S.A. Celle-ci a introduit la demande d’ouverture et les récépissés de dépôt sont là. Et même, dans les propos du ministère, ils ont dit, outre les trois écoles qui sont autorisées, les six autres, les dossiers sont avec eux. En matière de demande d’autorisation d’ouvrir une école privée, dès que le dossier est fait et qu’on le dépose, on est en état de fonctionnement, en attendant que l’autorisation parvienne. C’était le cas avec Baskent. Nous avions déposé la demande en 1996 et nous avons reçu l’autorisation, le 2 juin 1998. C’est le cas actuellement pour Yavuz Selim S.A, le dossier est déposé et on continue à travailler. Nous n’avons pas encore d’autorisation, mais nous sommes en droit de commencer à travailler. Concernant le décret d’abrogation dont on parle, le problème est pendant devant la justice.
Le ministère dément également les informations relatives à la cession de 64% du capital d’une société Yavuz Selim à des privés français. Est- ce vrai ?
Mais tous les documents sont là. Tout est enregistré auprès de Maître Nafissatou Diop. Nous ne faisons pas dans la cachotterie ; on a tout dit dans la presse. Les documents signés par le notaire, par les impôts et domaines, les reçus qui nous ont été donnés quand nous avons payé les frais pour la transaction, tout est là. Ils ne peuvent pas le nier. Tous les papiers afférents à ce transfert sont avec nous. Ils n’ont pas nié l’existence de Yavuz Selim S.A. Mais dans une société, quand on détient des parts, on peut les vendre à qui on veut, quand on veut. Les Turcs ont vendu leurs parts à des Français. C’est aussi simple que ça. Si vous venez à l’école, on vous les montre.
Il est dit que pour des procédures et formalités d’ouverture des écoles Yavuz Selim, les déclarants responsables représentant l’association Baskent Egitim agissent en son nom et non pour le compte d’une société Yavuz Selim ?
Baskent, le dossier est pendant, il n’est pas possible de le liquider. On attend le rendu de la Cour suprême. Pour ce qui est de Yavuz Selim S.A, le déclarant responsable pour la nouvelle demande, c’est Madiambal Diagne qui est le président du conseil d’administration. C’est très clair. Il n’y a aucune confusion. On parle de Baskent Egitim et Yavuz Selim, c’est deux choses différentes. En plus, le décret dont on parle autorise tout simplement la fondation Maarif à exercer au Sénégal, mais ne remplace pas Yavuz Selim par ladite fondation. On ne comprend vraiment pas cette sortie du ministère, car la décision de suspendre les activités de Baskent est pendante devant la justice, donc elle ne saurait guère être effective. Ils essayent juste de semer le doute dans la tête des Sénégalais, ce qui n’est pas possible.
Me ASSANE DIOMA NDIAYE
‘’L’Etat ne peut pas obliger le groupe Yavuz Selim à transférer ses biens a la fondation Maarif’’
L’affaire Yavuz Selim est loin d’être terminée, surtout avec le communiqué du ministère de l’Education nationale. Joint au téléphone par EnQuête, Me Assane Dioma Ndiaye soutient, comme plusieurs autres personnes, que l’affaire est pendante devant la Cour suprême. Mais, dit-il, l’Etat du Sénégal doit cependant comprendre que la liberté de choix, quant à l’éducation de leurs enfants, appartient aux parents. ‘’On ne peut pas obliger des parents à confier l’éducation de leurs enfants à une fondation satellite du Président Erdogan créée uniquement pour combattre un adversaire politique. L’Etat du Sénégal est libre d’accorder un récépissé ou une autorisation d’ouvrir des écoles a une fondation, mais il ne peut pas obliger le groupe Yavuz Selim à transférer ses biens à la fondation Maarif’’, précise Me Ndiaye.
Selon lui, l’Etat doit être soucieux de l’éducation de milliers d’enfants qui sont dans un processus d’éducation dont toute perturbation serait lourde de conséquences.
S’agissant de la cession de 64% du capital aux Français, il souligne que les parts doivent s’entendre au sens patrimoine de l’école. De ce point de vue, tout propriétaire de biens corporels ou incorporels a le droit de disposition, par rapport à ces biens. ‘’La nouvelle Structure a maintenant déposé une demande d’autorisation d’enseigner. Reste à savoir la suite que l’Etat réservera à une telle demande. Dans tous les cas, l’abrogation de l’autorisation du groupe Yavuz Selim n’est pas encore définitive, du fait du recours pendant devant la Cour suprême’’, fait-il savoir.