Dakar, Le parquet de Dakar a fait appel de la relaxe dont a bénéficié le polémiste français d’origine béninoise Kémi Séba, jugé la semaine dernière pour avoir brûlé un billet de 5.000 francs CFA (7,6 euros), a-t-on appris mardi de source judiciaire.
Kémi Séba et un membre de son mouvement Urgences Panafricanistes, poursuivi
pour complicité pour lui avoir fourni un briquet, avaient été relaxés le 29
août par la chambre des flagrants délits du tribunal de première instance de
Dakar.
La date de son procès en appel n’a pas été précisée.
Même si des intellectuels ont dénoncé le "simplisme" ou le "populisme" de
la démarche de Kémi Séba, son arrestation et son procès ont spectaculairement
relancé le débat sur le franc CFA, une monnaie utilisée dans 14 pays africains
francophones de l’Ouest et du Centre du continent.
Après avoir passé cinq jours en détention préventive, les deux hommes
avaient été jugés lors d’un procès de deux bonnes heures émaillé de propos
virulents.
Le président du tribunal avait fait évacuer de la salle d’audience des
dizaines de personnes venues soutenir celui qui se présente comme un
"chroniqueur politique".
Kémi Séba, un proche du polémiste controversé Dieudonné, devait répondre du
délit de "destruction d’un billet de banque" après avoir brûlé 5.000 francs
CFA pendant une manifestation contre la "Françafrique" le 19 août dans la
capitale sénégalaise.
Le procès faisait suite à une plainte de la Banque centrale des Etats
d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), institut d’émission du FCFA dont le siège est à
Dakar.
A l’audience du 29 août, le parquet avait réclamé une peine de 3 mois de
prison avec sursis contre Kémi Séba et la relaxe de son coprévenu. La BCEAO
avait réclamé un franc symbolique en guise de dommages et intérêt.
M. Séba, installé au Sénégal après plusieurs démêlés judiciaires en France,
mène depuis quelques années une fronde contre le franc CFA, monnaie garantie
par le Trésor français et rattachée à l’euro par une parité fixe.
Il estime que ce moyen de paiement avantage la France, ancienne puissance
coloniale, et nuit aux intérêts des 14 pays africains où elle est utilisée.
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