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Appel au dialogue du Président Sall:Les réserves de l’opposition
Publié le mardi 5 septembre 2017  |  Enquête Plus
Oumar
© Autre presse par DR
Oumar Sarr, coordonnateur national du Parti démocratique sénégalais




Comme il est pratiquement de coutume après chaque prière de Tabaski ou de Korité, le président de la République a tendu la perche à l’opposition. Malgré une position peu favorable, cette dernière pose des ‘‘préalables’’ à toute concertation



C’est une réponse plutôt salée du premier parti d’opposition à l’appel au dialogue lancé par Macky Sall, à l’occasion de la Tabaski. Le coordonnateur national du Parti démocratique sénégalais (PDS) a eu la rancune tenace, dans sa réaction. Il accuse Macky Sall ‘‘d’avoir rompu le dialogue politique’’ et une ‘‘fraude sans précédent’’. ‘‘Sourd à toute forme de concertation, Macky Sall, qui n’a jamais prêté oreille aux appels et préoccupations de l’opposition, a substitué un système autoritaire à nos traditions démocratiques de concertation et élevé l’intolérance et la brutalité en méthode de gouvernance. Le recul démocratique, l’intolérance et les violences politiques marqués par les interdictions de toutes sortes, les arrestations arbitraires et l’emprisonnement sont les seules réponses données à l’opposition lorsqu’elle entend exercer les droits que la Constitution lui confère’’, déclare Oumar Sarr dans un communiqué.

Le responsable libéral profite de cet appel au dialogue pour porter une vieille revendication de l’opposition. ‘‘Notre parti rappelle que depuis plus de cinq années, l’opposition, qui a récusé l’actuel ministre de l’Intérieur, ne cesse d’exiger la nomination d’une personnalité neutre et de consensus au ministère en charge des élections. Le sabotage, lors du dernier scrutin législatif, sous-tendu par une volonté manifeste d’écarter plus de deux millions de citoyens pour s’assurer une improbable victoire, constitue la preuve manifeste qu’il n’est pas possible d’être juge et partie, et qu’il est impératif de désigner une personnalité consensuelle au ministère de l’Intérieur’’, renchérit-il.

Les 5 préalables du PDS

Fort d’une deuxième place aux élections législatives, ce parti, galvanisé par les résultats du 30 juillet, pose cinq ‘‘questions préalables’’, avant d’amorcer tout dialogue avec Macky Sall. De fortes exigences ayant principalement trait au processus électoral. Il s’agira, dans l’ordre, de ‘‘réinstaurer le consensus de toute la classe politique sur le processus démocratique’’, ‘’d’un audit indépendant du fichier électoral sous supervision de l’UA, des USA et de l’UE...’’, du remplacement de la CENA ‘‘qui a perdu toute crédibilité’’ par un autre organe indépendant, d’un Conseil constitutionnel plus neutre dont deux de ses membres seront désignés par le chef de l’opposition, et de la désignation de magistrats neutres à la tête de la Cour suprême.

Pour le PDS, ‘‘il n’est pas possible d’instaurer la confiance et se concerter, lorsque des pans entiers de notre justice sont soumis au pouvoir Exécutif en totale violation du principe sacro-saint de la séparation des pouvoirs et lorsque des magistrats controversés, normalement à la retraite (Mamadou Badio Camara ou Henri Grégoire Diop) sont maintenus en activité pour services rendus ou à rendre’’.

Si le parti de Me Wade pose des conditions, le secrétaire général du Mouvement populaire socialiste (MPS/Selal) Mamadou Bamba Ndiaye, n’y va pas par quatre chemins. Il ‘‘rejette avec force le faux appel du président’’. Pour étayer sa position, le bureau politique de son parti évoque le vécu de l’opposition, depuis 2012. Toute l’expérience vécue depuis 5 ans prouve que cet ‘‘appel à la concertation’’ n’est que la première étape du plan de fraude mis en place pour confisquer la volonté des Sénégalais en 2019. Contrairement au PDS, il insiste sur quatre principes minimaux, avant toute concertation : le maintien du mode d’élection, la garantie sans failles que Khalifa Sall et Karim Wade seront candidats en 2019, l’adhésion explicite des partis de la majorité et minorité parlementaires pour tout consensus à une décision importante et la nomination d’une personnalité ou une commission nommée d’accord-parties chargée d’organiser les concertations.

Cheikh Guèye : ‘‘Sur quoi nous allons dialoguer ?’’

Cheikh Guèye ne parlait pas en sa qualité ès mandataire départemental de Dakar de la liste Manko Taxawu Senegaal (MTS). Joint par téléphone dans l’après-midi d’hier, il a exprimé une position personnelle sur cet appel au dialogue. ‘‘C’est un énième appel. Donc, quelque part, il y a problème. Ensuite, il y a des préalables, des conditions. Celui qui appelle, s’il ne reçoit pas de réponse, doit réfléchir sur la forme, mais aussi sur le fond. Sur quoi nous allons dialoguer ? Comment dialoguer ? Nous avons assisté, récemment, à un dialogue sur des questions qui n’ont pas connu d’avancées. Il est temps de faire l’état des lieux sur les différentes questions qui préoccupent la nation et arriver à des recommandations fortes’’, lance-t-il.

Même s’il émet beaucoup de réserves, c’est une initiative qu’il dit saluer et semble plus conciliant que les précédents intervenants. ‘‘Comme tout appel, il y a des préalables. Il faut tirer les leçons, comme il (le président Sall) l’a dit. Nous sortons d’élections controversées. Chacun a son mot à dire et comme il l’a dit, il serait important qu’on puisse s’asseoir, se regarder dans le blanc des yeux, faire une évaluation exhaustive pour en tirer les leçons dans le sens de l’intérêt général, de l’intérêt du Sénégal, mettre nos ego à côté et être au-dessus de la mêlée’’, professe-t-il.

Le mandataire de MTS pour les législatives passées d’annoncer que sans consensus fort sur certaines questions, ‘‘ça va être difficile, aujourd’hui comme demain’’. Prenant exemple sur la décision de la Cour suprême kenyane qui a ordonné que le scrutin présidentiel du 8 juillet dernier soit repris, Cheikh Guèye est d’avis que ‘‘ce qui s’est passé au Kenya est une leçon sur laquelle l’Afrique entière doit méditer’’.

Quant à l’éventuelle levée de toutes les divergences entre le pouvoir et l’opposition, d’ici à la présidentielle de 2019, le maire de Dieuppeul-Derklé estime que ‘‘cela dépend de la volonté, de la responsabilité des uns et des autres. Le moment est venu de comprendre qu’au-delà des contingences partisanes, ce qui est le plus important pour nous tous, c’est cette commune volonté de vouloir vivre ensemble. Nous devons mettre cela en avant et lui consacrer tous les sacrifices nécessaires pour que le Sénégal avance et continue d’être un modèle en matière de démocratie, qui est juste la séparation de pouvoirs, d’équité et de développement’’, conclut-il.

OUSMANE LAYE DIOP
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