A Dakar, les normes de construction ne sont pas toujours respectées. C’est l’anarchie totale dans la plupart des chantiers. Suffisant pour que La Direction de la surveillance et du contrôle de l’occupation du sol (DSCOS) et l’Inspection générale des bâtiments (IGB) sonnent l’alerte.
62% des chantiers en cours de construction à Dakar ne sont pas autorisés. C'est-à-dire, dans la capitale sénégalaise, sur 10 chantiers, 6 n’ont pas reçu une autorisation de construire. Alarmant ! selon la direction de la surveillance et du contrôle de l’occupation du sol (DSCOS) en conférence de presse hier, avec l’inspection générale des bâtiments.
La DSCOS a tiré ce bilan suite à une opération de contrôle qu’il a menée avec l’IGB sur des constructions en cours sur tout le territoire communal, sur la période du 18 novembre 2013 au 14 mars 2014. L’enquête concerne les 4 communes de Ngor-Almadies, Grand Dakar, Hann Bel Air, Parcelles Assainies et la corniche ouest.
Ainsi, les enquêteurs ont vérifié 191 chantiers en cours. Parmi ces chantiers, 42 chantiers sont autorisés et conformes, 31 chantiers sont autorisés mais non conformes et 118 chantiers sont non autorisés. Ce qui fait dire au directeur de la surveillance et du contrôle de l’occupation du sol, Mamadou Diène, que les chiffres sont ‘’ahurissants’’.
D’après M. Diène, les promoteurs fautifs évoquent tous la lenteur dans la délivrance des autorisations de construire, pour se dédouaner. Mais ce problème dit-il, sera bientôt résolu, dès lors que de 90 jours, nous sommes revenus à 28 jours l’année dernière et aujourd’hui, avec le système de guichet unique démarré, cette délivrance pourrait se faire en moins de 15 jours.
La deuxième raison est le coût de la taxe municipale que les promoteurs jugent très élevée. Cette taxe, informe M. Diène, va de 200 000 F Cfa à 8 millions de F Cfa. Et pour le premier adjoint au maire de Dakar, Cheikh Guèye, il est inconcevable qu’un ‘’goorgorlu’’ (débrouillard) qui construit sur un espace de 100 m² paye la même taxe qu’un riche promoteur qui construit sur des hectares.
Parfois, à Dakar, beaucoup de gens construisent en ignorant les normes préétablies. Il ressort de l’enquête de la DSCOS et de l’IGB que la principale explication donnée par les promoteurs est : ‘’Je ne savais pas qu’il faut une autorisation de construire’’.
80 personnes arrêtées et déférées en 2013
Par ailleurs, au cours de l’année 2013, la DSCOS a servi 1 470 sommations à des contrevenants aux dispositions du code de l’urbanisme, dont 1 283 pour arrêt des travaux de construction, 32 pour arrêt de lotissements irréguliers, 173 pour des déguerpissements et 12 pour des démolitions.
Au courant de la même année, elle a reçu 1 068 plaintes émanant des différentes couches de la population, des démembrements de l’Etat comme du privé. Ces plaintes, déposées sur la table de la DSCOS, sont relatives aux occupations illégales de terrain appartenant à autrui, à des empiétements de construction ou sur le non-respect des règles de mitoyenneté. Cependant, tous les chantiers non conformes font l’objet d’arrêt, ajoute Mamadou Diène.
Et les agents de la DSCOS font régulièrement des descentes sur le terrain pour voir si les travaux n’ont pas continué. En cas de non-respect des décisions, les fautifs courent des sanctions. D’ailleurs, de 18 personnes arrêtées en 2009, la DSCOS est passée à 80 personnes arrêtées et déférées en 2013.
Bâtiments menaçant ruine : les Parcelles Assainies détiennent le record
L’opération conjointe de la DSCOS et de l’IGB a concerné les communes de Ngor-Almadies, Grand-Dakar, Hann Bel Air, les Parcelles Assainies, plus la Corniche Ouest. Dans ces différentes communes, c’est au Parcelles Assainies qu’on retrouve le plus grand nombre de bâtiments menaçant ruine, renseigne, le directeur général de la DSCOS.
Cela est aussi valable pour Grand-Dakar où on trouve rarement des bâtiments neufs. Cependant, l’annonce faite par Mamadou Diène est même approuvée par le maire des Parcelles Assainies, Moussa Sy. Selon ce dernier, son conseil municipal a pris 128 arrêtés de fermeture de bâtiments menaçant ruine.
‘’Il y a urgence d’agir aux Parcelles Assainies. Il ne faut pas attendre qu’il y ait une perte de vies humaines pour réagir. Tous ces bâtiments aux Parcelles Assainies datent des années 1980 et sont construits avec du sable de mer. Nous faisons tout pour que la situation change mais ce n’est pas facile. Parfois, ce sont des agressions, des réactions partisanes contre nous’’, alerte, le maire des Parcelles.
CONSTRUCTION DE L’AMBASSADE DE TURQUIE SUR LA CORNICHE OUEST
Le Dircab du ministre de l’urbanisme confirme les négociations entre les plus hautes autorités et Ankara.
Dans son édition du samedi 22 avril 2014, le quotidien EnQuête, dans sa livraison, disait que l’Etat du Sénégal cherchait à convaincre les Turcs. EnQuête va même plus loin en affirmant que le ministre de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo, a eu de longs échanges avec le maire de Dakar Khalifa Sall et que le ministre des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye a rencontré l’ambassadeur turc à Dakar.
Eh oui ! confirme le Directeur de cabinet du ministre de l’Urbanisme et de l’habitat. A l’occasion de la conférence de presse de l’inspection générale des bâtiments et la direction de la surveillance et du contrôle de l’occupation du sol, Moussar Sarr, le directeur de cabinet du ministre Khoudia Mbaye confirme que des tractations sont toujours en cours entre la partie sénégalaise et la Turquie.
‘’Cette question qui relève de la diplomatie est en train d’être prise en charge par les plus hautes autorités du pays. Le ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat, le ministère de l’Intérieur, la Ville de Dakar et les plus hautes autorités de l’Etat et l’ambassade de la Turquie sont en train de prendre en charge cette question. Et je ne voulais pas en dire plus’’, a répondu Moussa Sarr.
Par ailleurs, le directeur de la DSCOS n’a pas souhaité donner plus de détails sur ce site devant abriter l’ambassade turque. Et Mamadou Diène dit simplement que l’affectation des terres n’émane pas de la DSCOS et qu’il ne faut pas confondre la DSCOS et la direction de l’urbanisme et de l’habitat.