Si les Accords de partenariat économique (Ape) ne sont pas accompagnés d’un programme de développement, mais qu’ils soient juste un outil de libre échange, l’Europe va écraser l’Afrique. C’est la conviction du directeur de la réglementation et de la coopération internationale à la direction générale des douanes, le Colonel Guidado Sow.
Si l’Afrique n’a pas signé les Accords de partenariat économique (Ape) depuis six ans, c’est que les autorités voulaient que celles-ci soient porteurs de développement, et surtout qu’ils ne soient pas uniquement un outil d’échange. «Sinon, l’Europe va nous écraser. Il ne faut pas avoir peur de le dire.
Sans cette dimension du développement, les Ape peuvent faire très mal sur notre économie», s’exclame le directeur de la réglementation et de la coopération internationale à la direction générale des douanes, le Colonel Guidado Sow.
C’était à l’occasion du lancement du sixième atelier du groupe technique de travail de l’Union africaine sur les règles d’origine pour la zone continentale de libre échange. Bien gérés et bien administrés, les Accords de partenariat économique (Ape) peuvent être un outil de développement, pense-t-il.
Conscients de cela, les négociateurs ont, d’après lui, pris les garanties nécessaires pour que les Ape accompagnent une dynamique de développement. Ainsi, la totalité des produits ne sera pas libéralisée. «Nous allons bien filtrer pour voir ce que nous allons libéraliser. Nous ne nous livrerons pas poings et pieds liés à l’Europe», rassure-t-il.
A titre d’exemple, les machines agricoles et celles industrielles sont déjà libéralisées dans les faits. Par contre, là où le continent a des productions conséquentes, donc des atouts, il n’y aura pas libéralisation. Ces produits seront donc dans les 25% du quota de protection. Le douanier ajoute qu’il y a un programme ambitieux de développement des moyens de production et que l’Union européenne va appuyer les Etats membres.
A propos de la zone de libre échange, elle a pour mission de supprimer progressivement les droits de douane mais aussi de ne plus mettre de prohibition sur les produits reconnus originels sur l’ensemble du continent.
Cela passe par une harmonisation des différentes procédures déjà adoptées par les différentes communautés économiques régionales (CER). Il faut cependant définir au préalable les critères de reconnaissance des produits comme originels. A ce niveau, Il y a les critères de produit entièrement obtenu, c'est-à-dire les produits naturels du règne animal, végétal ou minéral. Le deuxième critère est la transformation suffisante ou substantielle, autrement dit, avec valeur ajoutée.
Par ailleurs, il est important d’établir un lien géographique qui unit une marchandise à un pays donné. Car, «les Etats ne sauraient appliquer leurs mesures de politique commerciale (franchises douanières, quotas, tarifs douaniers et droits antidumping sur les produits en provenance de certains pays) que s’ils sont capables de déterminer l’origine des produits importés», précise M Sow. Une approche comparée des différentes pratiques dans les CER devrait permettre de faciliter les négociations, espère-t-on.