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Doudou Wade, ancien président du groupe parlementaire libéral: ‘’Je demande au Président Macky Sall d’être plus honnête avec les Sénégalais’’
Publié le mardi 29 aout 2017  |  Enquête Plus
Doudou
© aDakar.com par DR
Doudou Wade, responsable au Parti démocratique sénégalais




Il a marqué de son empreinte la vie de l’Assemblée nationale. Ancien président du Groupe parlementaire des libéraux, Doudou Wade fait partie des hommes politiques maîtrisant le plus les questions parlementaires. En prélude à l’installation de la nouvelle assemblée, la 13ème, EnQuête l’a approché pour cerner les questions brûlantes de l’heure. Mais pas que !

Les Sénégalais ont choisi le 30 juillet 2017 leurs nouveaux représentants à l’Assemblée nationale. Vu sa configuration, est-ce qu’on peut s’attendre à de grands changements ?

Permettez-moi d’abord de revenir sur les conditions catastrophiques de ces élections, ou bien de cette non-élection. Dans notre pays, nous n’avons jamais vécu pareils dysfonctionnements, en dehors de la parenthèse de 1996. Il y avait à l’époque une très mauvaise organisation des élections locales. Le président Abdou Diouf avait eu l’honnêteté de reconnaître, dans une intervention radio-télévisée, qu’il n’y avait pas eu d’élections. A titre d’exemple pour les plus jeunes : à l’époque, les bulletins de vote avaient quitté la Préfecture de Dakar le samedi pour arriver le dimanche à 17 heures au centre de Niary Tally.

Cette année-ci, nous avons vu la même chose, sinon pire. Et c’est dangereux pour l’avenir de ce pays. Pendant ce temps, le chef de l’Etat se permet de faire une sortie pour féliciter son ministre de l’Intérieur d’avoir organisé de bonnes élections. Or, ce qui s’est passé durant ces élections est plus catastrophique que ce qui s’est passé au baccalauréat.

Mais en quoi cela constitue-t-il un danger pour le Sénégal ?

Empêcher des Sénégalais d’exprimer leur choix. Faire en sorte que les bulletins de vos adversaires ne soient pas disponibles dans les endroits qui leur sont favorables. Faire en sorte que 97% des électeurs de Fatick récupèrent leurs cartes d’électeurs. Faire qu’ils puissent démarrer le scrutin juste à 8 heures. Au même moment, à Touba, non seulement les taux de retrait sont faibles, mais aussi on commence à voter à 18 heures. C’est inadmissible. Ce que nous avons vu cette année, si Macky Sall demande à son ministre de faire la même chose, cela risque de nous mener vers des dérives. Je dois dire que même moi, je voulais voter mais je n’ai pu le faire pour la première fois depuis longtemps. Ma carte était sortie, mais je ne figurais pas sur les listes de mon bureau. Le président de la République et son ministre m’ont empêché de voter.

Pour dénoncer tout ça, vous avez sorti un livre blanc que le ministre de l’Intérieur qualifie de tissu de contrevérités. Quel commentaire en faites-vous ?

Ce que je retiens, c’est que le directeur général des élections comme le ministre lui-même reconnaissent qu’il y a eu des manquements. Et ça, tout le monde l’a constaté. Il y a eu des manquements graves sur l’organisation, la mise à disposition du matériel, des manquements à tous les niveaux. Quand il y a des manquements à des obligations prescrites par la loi, il faut avoir le courage de reconnaître qu’on a tort. Le ministre a commis des fautes lourdes. Mieux, il a fraudé pour gagner ces élections. Quand on a fauté, on doit être puni.

Vous parlez du ministre Abdoulaye Daouda Diallo. Certains demandent son départ du ministère de l’Intérieur. Etes-vous d’avis ?

Je pense qu’aujourd’hui, il n’est plus question pour l’opposition d’accepter de participer à des élections organisées par un ministre partisan. C’est même une question d’honnêteté intellectuelle. Je demande au Président Macky Sall d’être plus honnête avec les Sénégalais. En 2012, c’est lui-même qui demandait qu’Ousmane Ngom n’organise plus les élections. Car il est membre d’un parti politique. Je pense qu’il ne devait même pas attendre qu’on le lui demande. ‘’Bu doon garmi, du xaar ñu wax ko loolu’’ (S’il était un noble, il n’allait pas attendre qu’on lui fasse cette remarque). Les futures élections doivent être organisées par une personne neutre.

Vous rejetez tout sur le ministre de l’Intérieur. Mais est-ce que vous aussi, vous n’avez pas une part de responsabilité dans cette situation que vous qualifiez de non-élection ?

Nous n’avons aucune part de responsabilité dans ce qui est arrivé. C’est le ministre de l’Intérieur qui organise les élections. Il est l’unique responsable de ce qui s’est passé : les fraudes, le vol organisé ; tout lui est imputable.

Vous avez quand même boycotté le processus électoral.

Nous n’avons pas boycotté le processus. C’est le président qui a renié à ses engagements. En 2010-2011, quand le problème s’est posé, le Président Abdoulaye Wade avait accepté l’audit du fichier, la mise en place d’un comité de veille, le tout sous la supervision de la coopération internationale, particulièrement l’Union européenne, la France et l’Allemagne. Macky Sall n’a pas eu la même hauteur. Maintenant, je pense que l’opposition, les citoyens, doivent se rendre comte qu’avec Macky Sall, on ne peut obtenir des avancées qu’avec la bagarre. Il faut se soulever, se battre pour jouir de ses droits. Et je pense qu’avoir la liberté de choisir ses représentants vaut tous les sacrifices du monde.

Vous aviez la liberté d’aller à ces élections dans le cadre d’une grande coalition de l’opposition. Vous l’avez essayé avec MTS, mais ça n’a pas marché. Ne regrettez-vous pas cette dislocation de MTS ?

Chez nous, il n’y a pas de regret. Nous ne le regrettons pas, parce que nous avons été avisés. Et nous avons essayé d’aviser les autres. Le 12 janvier 2017, le président Wade nous avait adressé une lettre pour nous dire, en un mot : ‘’Pour battre, Macky Sall fera tout. Il va s’asseoir sur la loi électorale, confisquer la voix du peuple pour arriver à ses fins en 2019.’’ Il ajoutait que ‘’le Pds seul peut secouer le baobab, mais pour le terrasser il faut aller vers une coalition gagnante’’. Il disait aussi qu’il avait instruit Omar Sarr de prendre langue avec les autres partis de l’opposition. Nous avons donc tout fait pour rassembler l’opposition et aller à ces élections dans une même coalition. Nous avions réussi à avoir un bon départ. Malheureusement, le projet a avorté à cause de l’inexpérience de certains, la boulimie des autres. Cela a donné les résultats que vous savez.

Est-ce les gens de MTS qui étaient boulimiques ou les libéraux qui n’avaient pas été conciliants ?

Le PDS sur cette question était beaucoup plus prêt à faire des sacrifices. Il ne faut pas oublier que c’est Babacar Gaye qui a le premier proposé Khalifa Sall comme tête de liste à Dakar. Il a aussi demandé à ce que son parti soit dominant dans la liste départementale. Nous étions prêts et nous l’avions exprimé, pour laisser les cinq députés de Dakar aux partisans de Khalifa Sall. Car nous étions convaincus que cette coalition demandait des sacrifices non seulement au parti, mais il fallait que certains militants soient prêts à se sacrifier autour de cet objectif. Mais en politique, il y en a qui sont trompés par le mirage télévisuel et le mirage des radios. Je pense qu’aujourd’hui, si nous devions être tentés d’aller à une élection, chacun sait à quoi s’en tenir, et les raisons de se sacrifier. Le plus important, ce n’est pas d’exprimer des regrets. L’essentiel pour un homme politique est de pouvoir tirer les enseignements qu’il faut, suite à de pareilles expériences.

De ces expériences, il ressort que votre Coalition arrive en deuxième position. Certains responsables comme El Hadj Amadou Sall réclament le statut du chef de l’opposition. Etes-vous dans la même logique ?

Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de revendiquer le statut de chef de l’opposition. Ce statut est prévu par la charte fondamentale de notre pays. Dans les dispositions du Règlement intérieur, il est clairement dit que l’opposition parlementaire désigne les députés qui s’opposent à la politique du gouvernement. Qui est le chef de l’opposition ? Il n’est pas besoin d’être un sorcier pour le savoir. Le chef de l’opposition doit venir du groupe le plus représentatif de cette opposition. Au sortir de ces élections, tout le monde sait que c’est le PDS qui l’incarne. Par conséquent, il n’y a pas de revendication à faire. Là aussi, c’est un problème d’honnêteté intellectuelle qui se pose. C’est le président de la République lui-même qui a émis le projet de renforcer l’opposition à travers son chef, bien que le statut du chef de l’opposition figurât dans la Constitution de 2001. Le projet a été approuvé par le peuple sénégalais lors du référendum de 2016. Qu’est-ce qu’il a fait depuis lors pour respecter son engagement ? Il faut aller demander au Président Macky Sall ce qu’il en est du statut du chef de l’opposition, de la modernisation des partis politiques, entre autres. Moi, je me limite à constater que le chef de l’Etat n’est pas prêt à respecter ces lois approuvées par le peuple.

Ce peuple a choisi ses nouveaux représentants à l’Assemblée nationale. Vu la configuration de cette institution, peut-on s’attendre à de grands changements ?

Le changement ne dépend pas seulement des députés. Même si les députés en veulent, avec un président comme Moustapha Niasse, il ne faut pas s’attendre à des merveilles. Le rôle du président de l’Assemblée dans l’évolution de cette institution est extrêmement important. J’ai entendu Moustapha Diakhaté, au cours d’une émission sur le bilan de la dernière législature, dire que le premier dossier sur lequel il a voulu travailler, c’était le règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Il s’est avéré que des députés ont pris des initiatives pour faire des propositions de lois. Mais le président s’est assis sur tous les dossiers. Il a été un blocage certain sur les initiatives des députés. En quittant en 2012, nous avions laissé sur place un projet de réforme du règlement intérieur. Lequel projet est resté lettre morte à cause du président Moustapha Niasse. Si on continue avec le même président, avec les mêmes habitudes, la 13ème législature risque d’être pire que la 12ème.

La 12ème législature est maintenant derrière. On se profile vers l’installation de la 13ème. Pour vous, quels devront être les chantiers prioritaires ?

La première chose à faire est de prendre des dispositions pour instaurer le dialogue à l’Assemblée. Permettre aux autres groupes parlementaires et aux non-inscrits de s’exprimer. Il faut essayer de faciliter la constitution des groupes parlementaires. Avant 2000, il fallait avoir le dixième de l’Assemblée pour constituer un groupe parlementaire. Par la suite, nous l’avions ramené à 10 pour aider l’opposition à disposer de groupes parlementaires.

Aujourd’hui, il en faut 17. Je pense que c’est trop et il faut le baisser pour que d’autres groupes puissent exister. Il faut aussi responsabiliser les présidents de groupes, leur donner des moyens pour qu’ils puissent travailler correctement. Aussi, il est une nécessité absolue qu’il y ait plus de transparence dans l’élaboration du budget de l’Assemblée, en présentant le projet à la Commission des finances. Les députés discutent des budgets des autres corps, pourquoi on leur dénie un droit de regard sur leur propre budget. L’Assemblée doit pouvoir contrôler les dépenses effectuées par son questeur. Aujourd’hui, il serait important de savoir comment certaines dépenses sont financées. Les députés doivent savoir que leur président a des fonds politiques. Quel est le montant de ces fonds ? Et dans quel chapitre ils sont logés ? Il est également important que l’Assemblée se dote de commissions ou de sous commissions pour mieux accomplir sa mission. Chaque année, en début de législature, il serait intéressant d’avoir une commission pour vérifier les cas d’incompatibilité, connaître ceux qui ont maille avec la justice.

Des dispositions doivent aussi être prises pour cerner la notion d’évaluation des politiques publiques. Pour moi, cette notion va au-delà du contrôle de l’action gouvernementale. Pour toutes les dépenses effectuées, l’Assemblée doit vérifier si les objectifs ont été atteints, si les populations sont satisfaites…. Mais, pour moi, la priorité des priorités est de mettre en place un calendrier de l’Assemblée. Par exemple, chaque jeudi, il y a examen d’une question orale ou écrite. Tous les mois ou deux, une visite du Premier ministre. C’est mieux que de continuer le bavardage qui ne sert à rien.

Enfin, il faut aussi permettre aux députés de donner leur avis sur les nominations à certains postes comme la Senelec, le Trésor public, l’Artp…

Les députés peuvent également auditionner de très grandes personnalités du monde des affaires, du monde économique, du monde social. Sur toutes ces questions, l’Assemblée aurait pu jouer un rôle. Malheureusement, avec Moustapha Niasse, on ne peut s’attendre à de grands changements.

Moustapha Niasse était le président de la précédente législature. Des cas de malversations ont été soulevés. Qu’est-ce qui est à l’origine ?

C’est Moustapha Niasse lui-même qui a refusé de donner suite à la demande de Thierno Bocoum de pouvoir disposer de l’ensemble des documents attestant les dépenses effectuées par l’Assemblée. Il lui a demandé de dégager parce qu’il ne veut pas être contrôlé. Si le remplaçant de Thierno à la comptabilité avait le même courage, on allait faire bouger les lignes.

Parlons maintenant du cas Khalifa Sall. Certains estiment que les poursuites contre lui doivent être suspendues pour son immunité. Le pensez-vous ?

Il y a eu plusieurs sons de cloche. En vérité, Khalifa Sall jouit effectivement de l’immunité parlementaire au même titre que tous les autres députés. Aujourd’hui, son sort dépend uniquement de l’Assemblée nationale. Il ne dépend ni de Abdoulaye Wade, ni de Moustapha Niasse. La question qui se pose dans cette affaire, c’est de savoir comment les poursuites peuvent être suspendues. Les textes donnent à l’Assemblée la possibilité de demander la libération de Khalifa Sall pour qu’il puisse retrouver ses collègues. Mais je doute que si la procédure est enclenchée, le président Moustapha Niasse ne donnera pas suite.

Abdoulaye Wade, président de séance, pourrait poser le débat, soutiennent certains, que pensez-vous de ce débat ?

En tant que doyen d’âge, si Abdoulaye Wade se présente, il se pourrait qu’il soit le plus ancien. A ce titre, il devra présider cette séance d’ouverture. Mais est-ce que Abdoulaye Wade ira à l’Assemblée ? Je ne le pense pas.

Abdoulaye Wade est justement le leader de la Coalition gagnante. Quelle doit être la posture de cette structure dans la prochaine assemblée ?

C’est une posture très simple. Représenter les Sénégalais dans cette assemblée, voter les lois qui vont dans le sens de l’intérêt des populations, s’opposer aux projets qui vont dans le sens contraire, poser le débat sur les dérives et les scandales notés dans la gouvernance de ce régime. Tout ça, ce sera consigné dans la déclaration de politique de notre groupe qui sera déposée sur la table du président de l’Assemblée nationale.

Qui, selon vous, a le meilleur profil pour diriger le futur groupe libéral ?

Nous en revenons à la situation antérieure qui avait défrayé la chronique. Tout le monde le sait, c’est le président Macky Sall qui va désigner le prochain président de l’Assemblée nationale. Et il paraît qu’il a déjà choisi de reconduire Moustapha Niasse. Lui-même va désigner le président du groupe parlementaire de Benno Bokk Yaakaar car, qui peut le plus peut le moins. Dans toutes les organisations politiques, c’est la même chose. C’est le leader politique qui va le faire. Il en sera de même pour notre groupe. Et je pense, d’après les informations qui me sont parvenues, que ce sera Madické Niang. Il a le profil pour l’être. Il a toutes les compétences pour accomplir cette mission. Le président d’un groupe parlementaire, c’est comme un capitaine d’équipe. Il doit coordonner l’action de nos députés. C’est pourquoi il doit être un homme conciliant quand il le faut, difficilement malléable…

Vous ne ferez pas partie de cette équipe. Vous n’avez même pas été investi sur les listes. En avez-vous parlé avec Abdoulaye Wade ? Les raisons qui l’ont motivé ? Et comment l’avez-vous vécu ?

Je ne pense pas que ce soit une question qui mériterait une rencontre avec le président Wade. Je ne suis pas de ceux qui estiment qu’ils doivent toujours être devant. Je pense sincèrement remplir les critères pour être un bon député. Si on n’a pas retenu ma candidature, c’est parce que ceux qui l’ont fait ont leurs raisons. Tous ceux qui ont déposé ont voulu être investis. Mais tout le monde ne peut pas être sur les listes. Je demande juste que la prochaine fois, les critères soient portés à la connaissance des militants. Qu’ils puissent se préparer en conséquence.

Oumar Sarr était de ceux qui en avaient la charge. Certains comme Farba, Aida Mbodj et Pape Samba Mboup fustigent sa gestion du parti. Partagez-vous leur opinion ?

Pape Samba Mboup et Farba Senghor ont été exclus du parti. Nous avons appris par la suite qu’ils ont été financés par le président Macky Sall pour affaiblir le PDS. Il est facile de s’attaquer à la gestion de Oumar, Wade ou de la direction. Mais ce qu’on peut retenir de Oumar, par rapport aux autres, c’est qu’il n’est pas un lâche. Comme tout individu, il a des atouts et des faiblesses. Malgré les critiques, il faut retenir qu’il n’est pas un lâche. C’est le plus important. La lâcheté est la source de tous les maux en politique.

Quid de votre candidat ? A quand son retour au Sénégal ?

La présence ou non de Karim n’est pas importante pour nous. Les conditions dans lesquelles il a été exilé du pays sont connues de tous. C’est le président Macky qui l’a forcé à s’exiler. C’est lui qui avait dit : ‘’Je vais réduire l’opposition à sa plus faible expression et laissez-moi avec mes frère du PDS, je vais m’en occuper.’’ Mais tôt ou tard, Karim Wade sera là et il fera ce qu’on attend de lui.

Comment appréciez-vous la proximité de Macky Sall avec les socialistes comme Abdou Diouf, Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niasse et ses relations heurtées avec Abdoulaye Wade ?

Le grand mal de Macky Sall, c’est de vouloir renier à son passé, son héritage. Il n’est pas bon de renier à son héritage. Tous ceux qui l’ont fait l’ont regretté. Je comprends qu’il puisse ne pas s’entendre avec le président Wade. Je comprends qu’il s’entende avec le Président Diouf. Mais qu’il puisse avoir des relations aussi amicales, aussi fraternelles, aussi respectueuses avec Diouf et ne pas avoir de meilleures attitudes pour Wade qui lui a tout donné, j’ai du mal à le comprendre. Or, si vous lui retirez ce que Abdoulaye Wade lui a donné, il ne lui restera pas grand-chose.

Diriez-vous que c’est de l’ingratitude ?

Je n’ai pas de mot pour le qualifier. En tout cas, moi, je ne souhaite pas, je ne veux pas renier à mon héritage, à mon passé. Macky a renié à son héritage et s’est allié avec les socialistes. Bon ! Regardons ce que vont devenir ces rapports ! La vie parfois nous réserve plein de surprises.

Vous utilisez les réseaux sociaux ?

Un homme moderne doit pouvoir les utiliser. C’est un moyen d’information, d’acquisition des connaissances, d’être au contact avec le reste du globe. Il est donc important de les utiliser pour savoir ce qui se passe dans le monde. Oui je les utilise.

Que pensez-vous des affaires Oulèye Mané, Amy Collé et Penda Ba ?

C’est trois affaires qu’il faut différencier. Pour Oulèye Mané, j’ai vu les caricatures. Je ne cautionne pas mais je ne comprends pas la réaction qui s’en est suivie. Ces genres de pratique ne datent pas d’aujourd’hui. En 2012, le président Macky Sall lui-même avait fait campagne avec une caricature de Abdoulaye Wade. Est-ce que vous aviez entendu le Président Wade en parler. Quand on l’a mis dans un cercueil entouré par Moustapha Niasse et Cie qui dansaient en chantant ‘’Wade Dèèè na !’’ (Abdoulaye Wade est mort), l’aviez-vous entendu réagir ? Je ne vois donc pas pourquoi Oulèye Mané a été arrêtée.

Quant à Amy Collé, elle était dans le réseau WhatsApp. Les juristes sont partagés. Certains disent que c’est privé, d’autres soutiennent le contraire. En tout cas, elle était dans sa maison, dans sa chambre, en train de discuter avec ses amis. Et si nous reprenons ses déclarations, je pense qu’on peut être tolérant. Chacun d’entre nous, un jour, son père, son frère ou son ami l’a traité de ‘’say-say’’. Tout dépend de la connotation qu’on met dans le terme. Cela ne doit pas justifier son emprisonnement.

Le cas Penda Ba est encore plus grave. Elle s’est permis d’injurier toute une population, toute une race, toute une ethnie. Pour elle, il y a une ethnie supérieure aux autres. Les Toucouleurs seraient plus importants, plus nobles que les Wolofs. Mais heureusement que Penda Ba ait agi de la sorte. N’eût été Penda Ba, Amy Collé et Oulèye Mané seraient encore en prison. Parce que cette dernière fait partie de la classe dirigeante, de la classe la plus noble… elle les a donc sauvées.

Et le cas spécifique de Assane Diouf qui défraie la chronique ?

C’est inadmissible qu’on s’en prenne au chef de l’Etat en ces termes. Mais si nous jetons un regard dans le rétroviseur, on trouvera que d’autres avant Penda Ba et Assane Diouf ont fait la même chose. Et ils ont été récompensés. Parmi eux Souleymane Jules Diop. Que n’a-t-il pas dit sur Abdoulaye Wade alors président de la République ? Voire sur Macky Sall ? Il disait : ‘’Abdoulaye Wade est incompréhensible. Il prend quelqu’un qui ne mérite même pas d’être chef de service à Petrosen, qui ne peut pas être chef de section pour en faire un ministre de la République, jusqu’à en faire un Premier ministre. Comment dans notre pays, Macky Sall peut penser en une fraction de seconde qu’il peut devenir président ?’’ Et c’est à cause de ses insultes notamment contre le Président Wade qu’il a été récompensé. A partir de ce moment, c’est devenu un challenge et ceux qui le font pourraient demain espérer une récompense.

Macky Sall et sa troupe ont poussé des Sénégalais à insulter le président d’alors. Ils ont poussé des Sénégalais à incendier les maisons des dignitaires d’alors… Ce qui se passe n’est que l’effet boomerang. On ne récolte que ce qu’on a semé. Je pense que ce sera un prétexte pour que la classe politique sache que les Sénégalais d’aujourd’hui sont capables de tout face aux difficultés qui les assaillent, les horizons qui sont bouchés. Qu’ils doivent s’attendre à tout. Surtout si l’on est incapable d’apporter des solutions à leurs souffrances.

Un mot sur la gestion de Macky Sall ?

Je pense qu’il y a une question actuelle qui justifie à elle toute seule que la gestion du pays par Macky Sall est médiocre. C’est quand ses avocats, dans le procès de Karim Wade, lui réclament leurs honoraires. Ils disent partout qu’ils ont récupéré de l’argent dans ce procès. Si c’est vrai, pourquoi tardent-ils à payer leurs avocats ? Ce serait un acte de lâcheté que de faire travailler des gens et de ne pas les payer alors qu’ils disent urbi et orbi qu’ils ont récupéré de l’argent. Je pense que c’est la preuve la plus éclatante qu’ils n’ont pas récupéré de l’argent dans ce procès qui est terminé depuis 2015.

La confection des cartes d’électeur est également une preuve palpable de cette mauvaise gestion. Avec 52 milliards, on n’a pas été capable de confectionner des cartes d’électeur. Avec un montant avoisinant les 20 milliards, le Mali y est parvenu. C’est une gestion ‘’gabegique’’, familiale... Pire, ce gouvernement est en train de faire des rackets. Sur certains engagements, il faut payer des intermédiaires qui vont voir les services du ministère des Finances pour que vous soyez payé.
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