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TABAGISME : Les Dakarois redoutent une perfusion sans effet
Publié le jeudi 24 aout 2017  |  Walf Fadjri L’Aurore
Un
© Autre presse par DR
Un mégot de cigarette




L’Etat du Sénégal a décidé de mettre des photos et slogans préventifs pour dissuader les Sénégalais d’abuser de la cigarette. Le ministère de la Santé et ses partenaires ont présenté, hier, le nouveau design des paquets. On peut voir, par exemple, l’image d’un homme sous perfusion sur l’une des deux faces.
Quelques Dakarois se sont montrés sceptiques quant aux effets dissuasifs de cette innovation. Abderrahmane est boutiquier à Fann. Pour lui, pour décourager les fumeurs, il faut augmenter le prix de la cigarette. Le boutiquier révèle qu’il y a déjà beaucoup de découragement chez les vendeurs, notamment chez les détaillants. Il estime qu’ils vendent parfois à perte. La cigarette coûte 35 francs le bâtonnet. Les trois sont vendus à 100 francs au lieu de 105 francs Cfa. Ainsi, le boutiquier redoute que cette innovation n’ait pas les effets escomptés. Il illustre sa crainte par le fait qu’il y a des gens qui continuent, malgré cela, de fumer en public. Pour lui, la meilleure solution est de fermer les frontières à la cigarette.
Un acheteur vient d’entrer dans la boutique. Interpelé sur le changement du design du paquet de cigarettes, il approuve. Pour lui, il faut avoir peur si son espérance de vie doit décroitre de 80 à 50 ans à cause de la cigarette. Il soutient l’idée d’une hausse du prix de la cigarette jusqu’à 200 francs Cfa. Ce qui équivaut au prix d’une miche de pain. Pour lui, tant que le prix sera modique, la cigarette aura de beaux jours devant elle chez les accros.
Plus loin à Ouakam, Raphael, la voix rauque, soutient qu’il y a des choses plus graves qui nuisent à la santé. Il liste les insecticides, les parfums, le ciment, la pollution, le gasoil… Pour Raphael, ces images et slogans pour dissuader ne sont pas décisifs. Pour Raphael, il faut plutôt se demander pourquoi les gens fument. Il n’est pas question pour lui que quelqu’un qui ne lui a pas payé une cigarette le prive de fumer. Raphael a fait l’Europe. Les images dissuasives ne l’ont pas empêché de fumer là-bas. Selon lui, l’Etat doit déjà commencer par respecter ses engagements en aménageant des espaces pour les fumeurs avant de donner des ordres. Raphael fait, par ailleurs, noter l’absence d’espace vert, de plage pour permettre aux gens de s’épanouir. Selon lui, l’absence d’espace d’épanouissement peut pousser certains à fumer. «Nous sommes des cas sociaux, nous sommes tous chargés», soutient-il.
Un jeune s’approche d’un vendeur de café. Il veut acheter des cigarettes. Interrogé, il voit une contradiction entre le fait de concevoir des images et messages macabres sur des paquets de cigarettes et celui de ne pas retirer le produit du marché. Réponse de Raphael : c’est parce l’Etat encaisse les taxes et impôts.
En attendant, l’expert juridique du ministère de la Santé, Makhtar Ba, révèle que les images sur les paquets seront renouvelées.
Le Sénégal a l’ambition de baisser le nombre de fumeurs. Selon les services du ministère de la Santé, «si rien n’est fait dans un proche avenir, le fléau de la cigarette prendra des proportions inquiétantes avec une forte incidence sur l’explosion en cours des cancers, maladies cardiovasculaires et autres maladies respiratoires». A cela s’ajoutent «les nouvelles formes de délivrance de la nicotine (chicha, cigarettes électroniques, tabac chauffé et non brulé».
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