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Insécurité alimentaire et nutritionnelle au Sénégal : Plus de 40 000 ménages affectés
Publié le mercredi 23 aout 2017  |  Enquête Plus




Au Sénégal, 42 000 ménages sont touchés par l’insécurité alimentaire, avec un taux de risque alimentaire de 47 %. C’est ce qu’a révélé, hier à Thiès, le secrétaire exécutif du Conseil national de sécurité alimentaire (SECNSA) Jean-Pierre Senghor.

Situé au sud du Sahara, le Sénégal a vécu, comme bien d’autres pays d’Afrique, des situations difficiles qui peuvent être à l’origine de la baisse des productions agricoles. Les sécheresses des années 1980, 1983, 1996 et 2014, la hausse des prix de denrées de première nécessité… ont négativement influé sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations. Une situation toujours ressentie et les chiffres en disent long sur la vulnérabilité alimentaire à laquelle font face les ménages sénégalais.

Selon le secrétaire exécutif du SECNSA qui s’exprimait hier lors de l’atelier sur l’analyse de la sécurité alimentaire, 42 000 ménages sont affectés par l’insécurité alimentaire rien que dans les six départements du Sénégal classés dans la zone rouge. Il s’agit des départements de Bambey, de Kanel, de Goudiry, de Tambacounda, de Matam et de Malem Hodar. A cela, dit-il, s’ajoute un taux de risque d’insécurité alimentaire de 47 % à travers le pays.

Jean-Pierre Senghor estime, par ailleurs, que les défis sont énormes et il faut ‘’vite trouver’’ une solution. ‘’La sécurité alimentaire est un enjeu à la fois social, économique et politique que tous les pouvoirs publics de nos pays cherchent à juguler. C’est pourquoi tous les acteurs engagés dans ce combat doivent mutualiser leurs forces en vue de réduire la précarité sociale dans notre pays’’, recommande M. Senghor. Pour réduire l’insécurité alimentaire au Sénégal, le secrétaire exécutif du Conseil national à la sécurité alimentaire pense que tous les acteurs qui traitent de cette question doivent maîtriser, d’abord, les concepts clefs. Pour Jean-Pierre Senghor, ‘’l’accès, la disponibilité et l’utilisation’’ constituent les trois principaux piliers de l’ossature de la sécurité alimentaire. ‘’Avant de diagnostiquer ce mal et apporter des solutions, il faut avoir une référence correcte en termes de sécurité alimentaire pour permettre à toutes les personnes d’accéder, à tout moment et en tout lieu, à une alimentation saine et équilibrée. Nous devons également tout faire pour assurer une sécurité alimentaire et nutritionnelle aux populations dans un horizon temporel ne dépassant pas 2030. Mais cela passera forcément par des innovations majeures’’, renseigne-t-il.

Mettre en pratique les NTR

Une bonne politique étatique pourrait aider le Sénégal à réduire les risques liés à l’insécurité alimentaire. C’est pourquoi Jean-Pierre Senghor révèle que dans les semaines à venir, le concept des Nouveaux terroirs résilients (NTR) sera mis en œuvre en vue de trouver des ‘’réponses rapides’’ à la question de l’insécurité alimentaire. Cependant, ajoute-t-il, il faut que les instruments, les mécanismes et les outils de concrétisation de cette stratégie soient plus opérationnels. ‘’Dans un pays où la précarité est la règle, la résilience apparaît comme une immunologie qui protégerait les traumatismes, un peu comme un vaccin mettrait à l’abri des risques d’infection. C’est tout le sens que je donne au système d’alerte précoce (SAP) dans un pays comme le nôtre, exposé à d’innombrables risques d’ordre climatique, économique et sanitaire d’insécurité alimentaire et nutritionnelle’’, confie Jean-Pierre Senghor, affirmant qu’une évaluation ‘’rigoureuse’’ de la situation alimentaire et nutritionnelle permettrait au Sénégal de ‘’réduire constamment l’insécurité alimentaire’’.

De son côté, le directeur du Programme alimentaire mondial (PAM) au Sénégal, Guy Adoua, indique que les pouvoirs publics doivent assurer la prévention des risques et catastrophes naturels ‘’impactant la sécurité alimentaire’’ et préparer, en même temps, des réponses aux urgences humanitaires. ‘’En mutualisant ainsi nos efforts, dans la solidarité et la franche collaboration, on pourra parvenir à un outil efficace de développement et de lutte contre l’insécurité alimentaire. J’invite toutes les structures du gouvernement ici présentes et les partenaires au développement à soutenir la dynamique déjà enclenchée, afin d’avoir un véritable système d’alerte précoce’’, souligne le représentant-résident du PAM au Sénégal, rappelant que ‘’ceci est bien réalisable au travers d’une démarche inclusive et participative’’.

Au terme de cet atelier de 5 jours, les participants doivent élaborer un tableau de bord ‘’lisible’’ en numérique, de préférence. Celui-ci permettra au SECNSA d’assurer, selon son secrétaire exécutif, un meilleur pilotage, une coordination ‘’plus efficace’’ de tous les projets et programmes ‘’censés cotiser au panier de la sécurité alimentaire et nutritionnelle du pays’’.

GAUSTIN DIATTA (THIES)
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