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Dialogue politique pour un apaisement de la tension post-électorale: Pouvoir et opposition entre optimisme et pessimisme
Publié le samedi 12 aout 2017  |  Sud Quotidien
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© Présidence par DR
Le président Macky Sall et son épouse ont voté
Fatick, le 30 juillet 2017 - Le président de la République Macky Sall et son épouse ont voté à Fatick, dans le centre du Sénégal. Les Sénégalais sont appelés à élire les députés de la 13e législature.




Près de deux semaines après les élections législatives du 30 juillet dernier, la tension politique constatée à veille de ce scrutin semble prendre une autre tournure après la sortie du président de la République, Macky Sall, se félicitant de la bonne organisation de ces élections législatives lors de la réunion du secrétariat exécutif national de son parti : l’Apr et la réplique de l’ancien Président Wade qui annonce qu’il ne participera plus à une élection organisé par l’actuel régime. Face à cette situation Sud quotidien a interpellé hier, jeudi 10 aout, Babacar Fall coordonnateur du Groupe de recherche et d'appui conseil pour la démocratie participative et la bonne gouvernance (Gradec) sur la posture à tenir afin d’éviter une dégénération de cette tension. Cependant sa réponse est sans appel, «Il est temps d’entreprendre le dialogue pour vraiment baliser la route des élections de 2019». Poursuivant son propos le membre de la société a également tenu à prévenir : «si on ne dialogue pas, on risque de tomber demain dans des situations très difficiles et imprévisibles». Interpelés à son tour sur ce climat tendu, Moussa Taye, conseiller politique du maire de Dakar, Khalifa Sall invite le gouvernement à prendre ses responsabilités et à évaluer objectivement l’organisation de ces élections pour en tirer les conséquences. Abondant dans le même sens, son camarade opposant, Mamadou Goumbala, du Grand parti, après avoir dénoncé les multiples imperfections notées dans le processus qui a conduit à ces élections, n’est pas allé par quatre chemins pour inviter le chef l’Etat tout bonnement à convoquer «des états généraux» autour du processus électoral. Une proposition que semble partager Moustapha Fall «Ché», coordonnateur Macky 2012 qui déclare être partant pour un dialogue, mais prévient qu’ils «s’opposeront à toutes tentatives d’insurrections» en référence à la sortie du Pape du sopi. «Le Sénégal n’est pas en crise, il n’ y’a pas de crise institutionnelle», rétorque Mael Thiam, vice-président du haut conseiller des collectivités territoriales (Hcct) et membre de l’Apr qui précise, par ailleurs, «nous n’allons pas nous laisser déstabiliser par des aventuriers».

MAMADOU GOUMBALA, RESPONSABLE POLITIQUE AU GRAND PARTI : «Nous attendons du chef de l’Etat qu’il convoque des États généraux»

L’opposition n’a pas les moyens d’apaiser la tension actuelle que le Président Macky Sall et son gouvernement ont créée et alimentée. Cependant, il faut organiser une décrispation politique et sociale. Actuellement au niveau de l’éducation nationale, les problèmes des enseignants ne sont toujours pas réglés. Il faut un apaisement de la tension actuelle pour permettre aux investisseurs de venir travailler tranquillement dans notre pays. Ce que nous attendons donc, du chef de l’Etat, c’est qu’il convoque les États généraux. Qu’il appelle toute l’opposition représentative, les représentants des 13 ou 14 coalitions qui sont sorties de ces élections avec au moins un député autour d’une table et non les responsables d’une dizaine de listes qu’il a lui-même parrainée pour revoir tout le processus électoral. Discuter des failles notées dans le fichier avec les dizaines de personnes qui n’ont pas pu voter faute de trouver leur lieu de vote, mais aussi de l’organisme indépendant des partis politiques et de l’Etat Benno bokkyakaar (Bby) chargé de l’organisation des élections de 2019.

Outre les questions électorales, on doit également parler du cas Khalifa Sall et de Karim Wade qu’on a accusé à tort et jeté en prison injustement. Le Président doit mettre un terme à sa politique de musellement de ses potentiels adversaires politiques. Il ne peut pas parler de reddition des comptes en oubliant Moustapha Niass et Ousmane Tanor, eux qui traînent aussi des casseroles, notamment dans les affaires des passeports chinois et des licences de pêche. C’est donc au président de la République de prendre ses responsabilités et d’organiser la décrispation de la tension. Il doit installer un climat de dialogue entre les acteurs pour trouver une solution à cette tension. On ne lui demande rien, on n’attend pas de lui non plus des postes de nomination encore moins qu’il débauche x ou y. La seule chose qu’on attend de lui aujourd’hui, c’est qu’il prend ses responsabilités et apaise le climat politique et social.

MAEL THIAM, VICE-PRÉSIDENT DU HAUT CONSEILLER DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALE (APR) : «Nous n’allons pas nous laisser déstabiliser par des aventuriers»

«Nous sortons des élections et notre priorité est d’accélérer la cadence et de mériter la confiance des Sénégalais, travailler de façon à pouvoir apporter la solution aux innombrables problèmes auxquels les Sénégalais sont confrontés. Le Sénégal n’est pas en crise, il n’y’a pas de crise institutionnelle. Les élections se sont bien déroulées, il y’a eu des perdants et des gagnants. Ce qu’il faut, c’est de retravailler de façon à amener les perdants à une position républicaine plutôt que de vouloir saboter. Je ne fais que féliciter les Sénégalais qui ont été encore une fois très patriotiques, ils ont confirmé la réplication de la démocratie sénégalaise, en allant voter. Aujourd’hui, nous sommes plus dans une affaire qui oppose le pouvoir et l’opposition, mais plutôt une affaire entre une partie de la classe politique et les populations sénégalaises. Puisque, c’est elles (les populations) qui ont voté et elles ont dit oui au Président Macky Sall, oui pour la continuation du Plan Sénégal émergeant, pour la couverture maladie universelle, pour la bourse familiale, la baisse des impôts ainsi que pour l’autoroute «Ila Touba». Il faut que cette partie de la classe politique respecte le choix des Sénégalais : la vérité, c’est ça. Le Sénégal n’est pas en crise, la preuve en est que le lundi suivant la date des élections, les Sénégalais sont partis au travail. À notre niveau, nous n’allons pas nous laisser déstabiliser par des aventuriers ou par des gens du «mankootaxawallu» ou du «Mankoowattu». Les élections ont été démocratiques, même les observateurs bien qu’ils ont dû noter quelques couacs, ce qui est tout à fait normal, mais à la fin de leur évaluation, ils ont indiqué que l’élection a été transparente et paisible donc, aucun problème à signaler. C’est la première fois dans l’histoire du Sénégal que six millions deux cent cinquante mille citoyens se sont déplacés pour aller voter. C’est la première fois que nous avons 49 listes rien que pour la diaspora, il nous a fallu transporter 700 tonnes et tous les bulletins sont arrivés à destination. Nous étions partis sur une projection de 4 millions d’inscrits, nous en sommes arrivés à six million deux cent cinquante mille (1 200 millions), alors si on dit que la majeure partie des Sénégalais n’ont pas retiré leur carte, il y’a problème. Et j’en suis sûr que si tous les Sénégalais étaient allés retirer leur carte, notre score serait encore plus lourd. En 2007, il y’a eu environ 1million 650 mille cartes qui n’ont pas a été retirées et c’est le Président Wade qui a gagné et personne n’a contesté sa victoire. Maintenant, c’est vrai qu’il y’a eu des problèmes et nous allons en tenir compte lors de l’évaluation de ces élections. Nous sortons, des élections notre priorité est d’accélérer la cadence et de mériter la confiance des sénégalais. De travailler de façon à pouvoir apporter la solution aux innombrables problèmes auxquels les Sénégalais sont confrontés. Il faut savoir que la classe politique ne représente même pas dix pour cent des Sénégalais, alors nous n’allons pas consacrer 80% de notre temps à la classe politique alors que la majeure partie des Sénégalais attendent beaucoup de solutions à leurs problèmes. Nous sommes en train de savourer notre victoire et de rendre gloire à Dieu».

MOUSTAPHA FALL CHE COORDONNATEUR MACKY 2012 : «On est partant pour des concertations politiques, mais…»

«Je pense que les situations postélectorales sont toujours troubles. Mais, il faut savoir décrisper la situation. D’autant que, nous qui sommes au pouvoir, nous avons intérêt à gérer un pays calme, où il n’y a pas de trouble. Parce que c’est dans un tel climat qu’on peut travailler. Je pense qu’il faut relancer les concertations, notamment les concertations électorales. Sur le processus électoral, il y a avait beaucoup de points de divergence entre le pouvoir et l’opposition. Donc, il faut s’assoir autour d’une table pour essayer de régler ces contradictions, les points de désaccords que nous avons avec l’opposition, comme ça on finira par avoir un consensus sur le processus électoral, ou un consentement. Parce que, à propos du protocole de la Cedeao, il y a eu une confusion entre un consensus et un consentement. Il s’agissait d’un consentement et non d’un consensus. Voilà pourquoi l’opposition disait qu’il n’y avait pas de consensus. Ils ont raison. Mais, ils n’avaient pas raison de l’autre côté parce que le protocole ne parle pas de consensus, mais plutôt de consentement d’une forte majorité des acteurs politiques.

Ensuite, l’autre versant c’est des concertations politiques. Les grandes questions politiques, on doit aussi en discuter avec l’opposition. On doit faire un effort sur nous-même. Ce qui est le cas d’ailleurs parce que le président Macky Sall aime faire des concertations. Parce que je l’ai dit mille fois, en politique il n’y a pas de dialogue, mais de concertation. Le dialogue dans le social, notamment avec les syndicats. En politique, c’est des concertations. Du côté de l’opposition, notamment celle dirigée par le Président Abdoulaye Wade, un despérado, qui a tout perdu et qui n’a plus d’espoir et qui fait des appels à l’insurrection, les gens doivent aussi apprendre à être responsable. Si nous on parle de concertations politiques et que lui parle de résistance, de s’opposer à ceci ou cela, de faire en sorte que le Président Macky Sall n’organise pas des élections, au nom de quoi et par quel moyen il va le faire. On est partant pour des concertations politiques, mais on s’opposera à toutes tentatives d’insurrections».

MOUSSA TAYE, CONSEILLER POLITIQUE DU MAIRE DE DAKAR, KHALIFA SALL : «Tout le monde reconnait qu’il y’a un climat tendu»

«Tout le monde reconnait qu’il y’a un climat tendu, cela prouve qu’il y’a un malaise post électoral et c’est dû entièrement aux conditions désastreuses d’organisation des élections. Donc, ce que le gouvernement doit faire c’est d’évaluer objectivement l’organisation de ces élections et en tirer les conséquences. À mon avis, la première conséquence que le gouvernement doit tirer après cette évaluation, c’est de démettre celui qui est à l’origine de cette imperfection électorale, à commencer par le ministre de l’Intérieur.

Maintenant, en tant opposition, notre rôle ce n’est pas de proposer des solutions pour apaiser le climat politique, mais d’exiger le respect de nos droits, le respect des règles du jeu. Aujourd’hui, nous exigeons du gouvernement la démission du ministre de l’Intérieur, la création d’un ministère chargé des élections indépendant du ministère de l’Intérieur, le renouvellement de la Cena dont le mandat est arrivé à terme depuis longtemps et l’organisation de discussions, entre les acteurs. Ce que nous avons vu, c’est que le gouvernement n’est pas prêt au dialogue. À chaque fois qu’il s’agit de dialogue, le gouvernement a fait dans le clair-obscur et a fait la politique de l’Autriche».

BABACAR FALL, COORDONNATEUR DU GROUPE DE RECHERCHE ET D'APPUI CONSEIL POUR LA DÉMOCRATIE PARTICIPATIVE ET LA BONNE GOUVERNANCE (GRADEC) : «Si on ne dialogue pas, on risque de tomber demain dans des situations très difficiles et imprévisibles»

«Au vu de l’élection présidentielle qui aura lieu dans 17 mois, il est important qu’il ait une ouverture de rétablissement du dialogue politique et de la concertation patronale autour de certaines questions, notamment sur un objectif du fichier électoral. Au Gradec, nous pensons qu’il faudrait poursuivre la production des cartes et la reprise de celles qui comportent des erreurs matérielles de confusion sur les photos, ensuite poursuivre la distribution des cartes non retirées, en mettant notamment en place un système d’information fiable pour les personnes qui sont concernées.Nous avons aussi proposé qu’il ait la création d’une Haute autorité chargée de l’organisation des élections qui serait confiée à une personnalité indépendante et l’institution de bulletin unique. Autour de ces dispositions, il est temps d’entreprendre le dialogue pour vraiment baliser la route qui nous mène à la prochaine élection présidentielle. Si on ne le fait pas, on risque d’être dans des situations très difficiles qui sont imprévisibles.

En tout cas, au niveau de la société civile qui a un rôle à jouer, voilà les recommandations que nous avons faites et nous comptons rapprocher l’opposition et le pouvoir pour un dialogue. Il y’a eu beaucoup de disfonctionnements dans l’organisation des élections. Mais, il faut que les gens s’assoient autour d’une table pour discuter. Hier, j’ai suivi la conférence de presse du Président Wade où il disait qu’il va boycotter toute élection organisée par le pouvoir de Macky Sall, je pense que c’est une façon de parler, il faut savoir lire entre les lignes parce que le Président Wade est très nuancé. En réalité avec la mise en place de leur nouveau front de l’opposition autour du système électoral, je pense que c’est une manière d’exercer la pression sur le pouvoir. Cette décision a été prise pour annoncer de rudes batailles qui vont être engagés pour pousser le pouvoir à s’asseoir avec les gens et discuter, moi c’est cette lecture que j’en fais. Parce que, personnellement, je ne vois pas un Wade qui croise les bras et dire qu’il ne va plus faire de la politique, non je ne le pense. Mais dans tous les cas, aujourd’hui, le dialogue est plus que nécessaire si on veut aller à des élections dans des conditions de sérénité en 2019. Et la question du fichier électorale est à revoir, si nous avions un bulletin unique nous n’aurons pas tous ces problème».
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