Le professeur agrégé en Droit, Moussa Samb reste convaincu que les élections législatives du 30 juillet dernier ont été un échec total. Sur les ondes de la radio privée Rfm, lors de l’émission Grand Jury d’hier, dimanche 6 août, le professeur chercheur en Science politique à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) pense que le résultat est «terrible» pour le vainqueur Benno Bokk Yaakaar (Bby).
Au moment où la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) en place jubile pour sa victoire éclatante au sortir des élections législatives du 30 juillet dernier, certains, à l’image, du professeur agrégé en Droit, Moussa Samb évoque un «échec» total dans l’organisation de ce scrutin.
Invité à l’émission Grand Jury de la Rfm hier, dimanche 6 août, M. Samb estime qu’en termes de mobilisation de l’électorat, «ces élections m’ont semblé être un échec». Faisant la comparaison entre l’élection présidentielle de 2007, avec 3.470.000 votants, et celle des législatives de 2017 où 3.328.325 votants ont été enregistré, M. Samb soutient que le Sénégal n’a pas progressé en terme de mobilisation électorale, après 10 ans. Pis, il soutient aussi que le pays n’a pas non plus «progressé en termes de qualité de l’organisation d’élection». Donc, pour lui, ces élections sont «médiocres» car «le pouvoir a raté l’organisation de ces élections». Quid cependant de la victoire de Benno Bokk Yaakaar (Bby) ? L’enseignant chercheur en Science politique à l’Ucad reste formel sur l’échec complet de l’organisation.
C’est pour cette raison qu’il pense que «s’il y a victoire, ce serait une victoire à la Pyrrhus». Selon lui, cette victoire ressemble à un goût de défaite car Bby n’a pu mobiliser que 49,48 % de l’électorat.
De manière générale, M. Samb trouve d’ailleurs que ces élections ont été une «défaite de l’ensemble de la classe politique». Car, il pense que le moment n’était pas approprié pour organiser les élections et qu’il fallait poursuivre les concertations, et même reporter le scrutin au vu des nombreux manquements.
Concernant les problèmes constatés à Touba, Moussa Samb s’est désolé de l’image des bulletins de vote éparpillés au sol. De ce fait, il dit ne pas comprendre qu’on puisse valider les résultats à Touba. Pour lui, «la logique qui a amené le Conseil constitutionnel à accepter le vote avec des cartes d’identité et des récépissés pour mettre entre parenthèses la loi, c’est la même logique qui devrait permettre au juge politique qui est le Conseil constitutionnel de demander à reprendre les élections lorsqu’il s’avère qu’il n’y a pas eu de vote». A son avis, il n’y a pas eu de vote dans 220 bureaux, pour 41% des électeurs de Touba qui n’ont pas voté. Ce qui lui pousse à se poser la question suivante : «comment peut-on se proclamer vainqueur d’élections où les bulletins de vote sont éparpillés».
ASSISES A L’OPPOSITION
Concernant par ailleurs la débâcle de l’opposition, qui regrette de n’avoir pas pu se retrouver autour d’une seule coalition, professeur Samb reste persuader que «si l’opposition n’est pas unie, il est certain qu’elle va aussi perdre l’élections présidentielle» de 2019.
Pour lui, il est temps de voir comment les égaux individuels, les trajectoires qu’on pense déjà définitives pour être président, vont céder «à la conscience nationale».
Pour ce faire, il estime qu’il faut que l’opposition y réfléchisse. Il a ainsi trouvé que «des assises de l’opposition pourraient être organisées avant même d’en arriver aux assises nationales pour voir, dans ce pays là, comment construire un véritable contre-pouvoir».