Les terres sont au cœur des systèmes de production et de redistribution des richesses considérées comme des déterminants des flux migratoires intra et inter-Etats, a dit Mor Ngom, ministre de l’Environnement et du Développement durable.
‘’Les actions locales ont une résonance mondiale de même que les problématiques environnementales qui sont corrélées aux questions économiques sociales, démographiques et sécuritaires’’, a-t-il expliqué, lundi à Dakar.
M. Ngom présidait un atelier de lancement du projet ‘’promouvoir la gestion durable des terres dans les zones sujettes à la migration en Afrique d l’Ouest à travers des mécanismes de financement novateurs’’.
La quasi-totalité des continents souffre du processus de désertification dont l’ampleur atteint 40% des terres et affecte près de deux milliards de personnes.
Citant les prévisions d’un rapport de l’Organisation des Nations unies, paru en 2004, M. Ngom a indiqué que deux tiers des terres cultivées en Afrique pourraient ne plus être productives d’ici 2025.
Aujourd’hui, a-t-il ajouté, ‘’de nombreuses études confirment que les mutations environnementales qui surviennent avec plus ou moins de prévisibilité, exacerbent les vulnérabilités préexistantes et constituent un facteur majeur de bouleversements géopolitiques’’.
‘’La production de richesses, au Sénégal comme dans le reste de l’Afrique de l’ouest, est tributaire du secteur primaire dont les activités sont intrinsèquement liées aux superficies et à la qualité des terres disponibles’’, a-t-il dit.
Le ministre a relevé que les sites comme le désert du Sahara, l’océan atlantique, les côtes occidentales, entres autres, sont tous les jours, le théâtre de tragédies humaines dont les scénarios prennent leur source dans la dégradation des terres et leur mauvaise gestion.
Cela explique, selon lui, la décision du gouvernement italien et le mécanisme mondial et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), en partenariat avec d’autres parties prenantes au niveau national et régional, de financer et de mettre en œuvre ce projet.
‘’C’est là, une bonne perception des interrelations entre la migration et l’environnement et leurs effets sur la sécurité alimentaire et sociale en Afrique de l’ouest’’, a indiqué Mor Ngom.
Il a estimé que c'était, aussi une belle occasion, d’identifier les options politiques pour prendre en charge efficacement la problématique migration et dégradation des terres.
Cependant, la véritable innovation se trouve dans les synergies qu’il crée entre le Mécanisme mondial et l’OIM, les pays du Nord et du Sud, la diaspora et les populations restées sur place, le public et le privé.
Au Sénégal, a-t-il fait savoir, les flux financiers en provenance de la diaspora sont estimés à plus d’un milliard de dollars dépassant ainsi, l’aide publique au développement.
‘’Il s’agira donc de faire du développement durable et, plus particulièrement de la gestion durable des terres, une des destinations privilégiées de financements publics et privés’’, a souhaité le ministre de l’Environnement.
Cette nouvelle orientation, a-t-il dit, appelle une posture stratégique pour peser sur toute la chaîne de décisions allant de la conception des politiques à leur évaluation, en passant par l’allocation des ressources et la mise en œuvre.
Selon Mor Ngom, les pays concernés par le projet (Burkina Faso, Niger et Sénégal), leur secteur privé respectif et les partenaires au développement doivent approcher les questions environnementales dans une orientation novatrice, multi-perspectiviste et multi-acteurs.
‘’Là où la biodiversité régresse, l’homme, lui, y perd souvent ses moyens de subsistance avec souvent comme conséquence l’obligation de partir et à n’importe quel prix’’, a-t-il regretté.
Pour remédier à cela, a-t-il fait remarquer, le Sénégal a pris des initiatives qui sont centrées sur la responsabilisation des populations locales, le renforcement du processus de décentralisation mais aussi la rationalisation de l’exploitation des ressources naturelles avec une volonté certaine de privilégier l’accès et un partage équitable des bénéfices.
‘’Cette option est transcrite dans notre loi fondamentale et dans les différents textes de base relatifs à la gestion des terres’’, a ajouté le ministre.