Bien qu’ayant perdu la commune et le département de Dagana, Oumar Sarr ne s’avoue pas vaincu. Le coordonnateur du Parti démocratique sénégalais (PDS) reste convaincu que, sans le transfert de militants dans la capitale du Walo, la coalition Gagnante Wattu Senegal dont il est la tête de liste départementale serait victorieuse. Oumar Sarr a réagi ainsi dans un entretien accordé à la presse.
Comment expliquez-vous votre déconvenue, alors que depuis 1996, vous n’avez jamais perdu la commune de Dagana ?
Par rapport à la commune, vous avez dû voir que durant toute la journée de la veille des élections, 48 bus sont venus déverser 3000 électeurs fictifs qui sont venus perturber la carte électorale. Nous sommes sociologiquement majoritaires dans la commune de Dagana. Au niveau de Dagana, il était même impensable qu’une courte majorité puisse se dégager. Mais ces 48 bus ont changé la nature du scrutin. C’est vrai que la veille les jeunes m’ont alerté et m’ont demandé d’arrêter ce transfert massif d’électeurs. Je leur ai demandé de ne pas attaquer les maisons dans lesquelles ces mercenaires étaient logés. Parce que je pensais que malgré cet import d’électeurs, nous allions gagner la commune. Donc, cette victoire dans la commune de Dagana, pour nous, n’en est pas une. C’est nous qui avons gagné, parce que les populations de Dagana ont encore une fois massivement voté pour moi. Mais, ils sont venus changer notre victoire avec ce transfert d’électeurs. Ils ont dû dépenser 1 milliard F Cfa dans les achats de conscience. Et cela montre les limites de notre démocratie.
Maintenant qu’est-ce que vous allez faire ?
Dans deux semaines, nous allons tenir une réunion plus large pour apprécier la situation. Sans ces bus, nous sommes largement majoritaires dans la commune de Dagana. Je tiens à le dire de manière ferme. Nous avons été vaincus par la triche. Nous avons porté plainte pour les faux certificats de résidence de ces électeurs au niveau du tribunal de Dagana. Le tribunal nous avait déboutés et nous avons été obligés de soumettre ce dossier à la Cour suprême, et ce dossier est pendant. Nous ne pouvons pas reconnaître cette victoire qui est un vol électoral. Quand j’ai fait le tour de Dagana, dans la matinée, il y avait une fureur, mais j’ai demandé qu’on ne la déverse pas dans la rue. Notre victoire a été volée par une importation massive des électeurs. Normalement, il faut défalquer des résultats ces 3000 électeurs fictifs. Car il y a eu 3 000 personnes frauduleusement inscrites. Il y a eu un sabotage conscient des élections. Il n’y avait pas d’élections à vrai dire.
Regrettez-vous aujourd’hui le choix d’être tête de liste départementale ?
Le département de Dagana était, à priori, imprenable pour la coalition Gagnante Wattu Senegaal. C’est pourquoi, j’ai décidé de m’investir personnellement pour changer la donne. Il y avait beaucoup de risques. Mais, je trouve que ce serait injustice d’amener quelqu’un d’autre à l’abattoir, car s’il faut mourir, il faut le faire les armes à la main. Et s’il devait y avoir le premier mort, ce devait être moi. Dans la campagne, j’ai fait l’ensemble des communes sauf Dagana. Je pensais qu’il n’y avait pas lieu de battre campagne. Et il y avait une mobilisation exceptionnelle dans toutes les communes du Walo. J’ai tenu des meetings jusqu’à 5 heures du matin. C’est la première fois que je vis cela. Il y a eu énormément d’argent déversé dans la commune de Dagana.
Dans les dernières 24 heures, il y a eu des achats massifs de conscience. J’étais conscient du risque d’aller dans le département de Dagana. Mais, c’était un risque positif pour le militant, pour le Walo. Beaucoup disaient que j’étais en train de refonder le Walo. J’ai recréé ce Walo combatif dans cette campagne. Et cette victoire était poussive, pour certains, il fallait déconstruire ce que nous avons construit pendant ces deux semaines de campagne. Le plus important n’est pas le résultat, mais plutôt la mobilisation que nous avons pu obtenir dans le Walo, et celle-ci est permanente pour dire «NON.» C’est ce que je retiens de cette campagne. Si c’était à refaire, je le referais mille fois. Le meilleur choix a été celui que j’ai fait. Cette victoire ne mérite pas qu’on verse du sang dans le Walo. Les conséquences auraient pu être tragiques. Mais, j’ai refusé cela.
Avec cette défaite ne risquez-vous pas de perdre votre leadership au Pds ?
Non ! Au niveau des résultats du département, nous avons eu plus de 20 000 voix. Donc en termes de pourvoi de voix, nous sommes le premier département pour le Pds. Je considère que j’ai gagné la commune de Dagana. Le parti m’a assez donné, et s’il y a des risques, c’est moi qui dois les prendre. Mais, nous n’avons pas encore fait de bilan au sein de la coalition Gagnante Wattu Senegaal. Nous tirerons les leçons ensemble dans chaque compartiment du Walo. Mais j’ai beaucoup d’espoir. Je suis heureux d’être le chef politique du Walo.