Dakar - Le Sénégal élisait dimanche ses députés lors d'un scrutin test à 18 mois de la présidentielle, perturbé par les soupçons de l'opposition envers le chef de l'Etat Macky Sall, les problèmes d'organisation
et les fortes pluies saisonnières.
La participation était annoncée en hausse par rapport à 2012, année où les législatives avaient eu lieu dans la foulée de la présidentielle, remportée par Macky Sall face au sortant Abdoulaye Wade. La télévision publique RTS, citant des sources officielles, a fait état dans la soirée d'une estimation de près de 54% de participation.
Un enjeu de cette dernière consultation avant l'élection présidentielle de 2019 est de mesurer les forces du camp de Macky Sall.
L'opposition entendait lui imposer "une cohabitation", mais a échoué à s'entendre sur une liste commune entre l'ex-président Wade (2000-2012), chef du Parti démocratique sénégalais (PDS), 91 ans, et le maire de Dakar, Khalifa Sall. En détention préventive pour détournement de fonds présumé depuis mars, ce dernier a dû faire campagne de sa cellule.
Les premiers résultats de ce scrutin à un tour étaient attendus dans la nuit de dimanche à lundi, mais les pluies intenses qui ont repris à partir de la fin d'après-midi et dans la soirée ont retardé le dépouillement.
De premiers résultats partiels et provisoires compilés par les médias créditaient néanmoins la liste du maire de Dakar d'une avance significative dans la capitale, et pour la majorité présidentielle parmi la diaspora, qui sera représentée pour la première fois par 15 députés sur 165.
Le vote devait se dérouler de 08H00 à 18H00 GMT, mais à Touba (centre), où les retards, dus aux violents orages et à l'absence des bulletins de certaines listes, ont été particulièrement longs, le gouverneur a repoussé à minuit la fermeture des bureaux.
Dans la plupart des autres régions, les bureaux ont commencé à fermer à partir de l'horaire prévu.
- 'Chaos organisé' -
La coalition dirigée par Abdoulaye Wade a accusé Macky Sall d'avoir "organisé le chaos" dans les régions favorables à l'opposition.
"Macky Sall s'est arrangé, il a donné des instructions pour que, dans tous les endroits où il pense que l'opposition va gagner, il n'y ait pas de vote", a déclaré l'ex-président, après avoir voté à Dakar. "Je demande à tous les électeurs qui ont voté de rester à leur bureau de vote jusqu'à la proclamation des résultats pour constater que ces résultats sont conformes à la réalité", a dit M. Wade, rentré au pays le 10 juillet pour faire campagne après plus de deux ans d'absence.
A Touba, des partisans présumés de l'opposition ont saccagé un centre de vote. Selon un communiqué de la police, "147 bureaux de vote ont été saccagés" et trois candidats sur les listes de M. Wade ont été interpellés.
"Je souhaite que les populations votent dans le calme et retournent chez elles dans le calme", a déclaré de son côté le chef de l'Etat, ajoutant: "Le Sénégal est une démocratie que rien ne peut faire revenir en arrière".
Pendant la campagne, M. Wade avait accusé les autorités de délivrer de manière sélective les cartes d'identité biométriques nécessaires au vote, dont plusieurs centaines de milliers n'ont pu être fournies à temps.
Une des complications de ce scrutin résidait dans le nombre inédit de listes - 47, contre 24 en 2012 - exigeant la présence de bulletins de chacune des 47 dans tous les bureaux.
"Nous souhaitons que tout se termine dans la paix. Que tout le monde respecte le verdict des urnes. Que ceux qui sont élus respectent leurs engagements devant le peuple", a indiqué Fatou Ndiaye, assistante de direction et électrice à Dakar.
Les contretemps se sont accumulés pour les électeurs. Plus que les intempéries, ce sont les problèmes de distribution des cartes d'identité biométriques qui gênaient le plus les opérations, malgré l'autorisation accordée in extremis par le Conseil constitutionnel de voter avec le récépissé de demande de carte, accompagné d'une pièce d'identité.
Plus de 6,2 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes dans quelque 14.000 bureaux au Sénégal et dans huit "départements de l'étranger".
Sur 165 sièges de l'Assemblée, élue pour cinq ans, 105, dont les 15 de la diaspora, seront pourvus au scrutin majoritaire, un système favorisant le parti arrivé premier dans chaque département, puisqu'il en raflera tous les sièges. Soixante autres sièges seront répartis à la proportionnelle.
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