Dakar - Retards à l'ouverture des bureaux, électeurs cherchant en vain où voter ... les Sénégalais votaient dimanche malgré des problèmes d'organisation pour un scrutin législatif test à 18 mois de la
présidentielle.
Face à la majorité du président Macky Sall, l'opposition avance divisée, avec comme principales têtes de liste son prédécesseur, le nonagénaire Abdoulaye Wade, et le maire de Dakar, Khalifa Sall, en détention préventive pour détournement de fonds présumé.
Plus de 6,2 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes dans près de 14.000 bureaux répartis dans le pays et dans huit "départements de l'étranger" pour la diaspora, qui sera représentée pour la première fois par 15 députés sur 165.
Les bureaux devaient être ouverts de 08H00 à 18H00 (locales et GMT), les premiers résultats de ce scrutin à un tour étant attendus dans la nuit de dimanche à lundi. L'ouverture de nombreux bureaux a pris du retard. Dans certains centres, il a fallu nettoyer les lieux après les violents orages qui ont touché dans la nuit le pays.
Dans d'autres, l'ensemble des bulletins des très nombreuses listes --47, un record-- n'avait pas été acheminé à temps, selon les médias locaux, alors que de nombreux Sénégalais s'étaient rendus dans les bureaux de vote dès 07H00. Mais ce sont les problèmes liés aux listes d'électeurs et à la distribution des cartes d'identité biométriques permettant aux citoyens de voter, dont plusieurs centaines de milliers n'ont pas été fournies à temps, qui gênaient le plus les opérations.
"Je rentre chez moi. J'ai fait plusieurs bureaux de vote. Mon nom n'est nulle part. Pourtant j'ai l'habitude de voter ici", expliquait, dépité, Souleye Tine, après avoir consulté plusieurs listes d'électeurs dans un centre de vote de la Médina, un quartier populaire de Dakar.
Saisi par le chef de l'Etat, le Conseil constitutionnel a autorisé in extremis le vote avec le récépissé de dépôt de demande de carte d'électeur, accompagné d'une pièce d'identité. A la Médina, Mamadou Kadame a bien son ancienne carte d'électeur, mais aucune pièce d'identité. Il ne pourra pas voter. Tout comme Birame Ndour, dont le nom ne figure pas sur les listes.
- Majorité confortée ou 'cohabitation' -
Même le bureau où le président Sall a voté, à la mi-journée, à Fatick (centre), a ouvert avec près d'une demi-heure de retard, et les autres bureaux de ce centre avec une heure, en raison de l'absence de certains bulletins, a rapporté l'agence officielle APS.
Un enjeu de cette dernière consultation avant la présidentielle sera de mesurer les forces du camp de Macky Sall, élu en 2012 face à Abdoulaye Wade (2000-2012), et qui espère consolider sa majorité. L'opposition affirme de son côté vouloir lui imposer "une cohabitation" mais ses chances d'y parvenir
M. Wade devait voter en début d'après-midi, tandis que le maire de Dakar, en détention depuis mars pour détournement de fonds présumé, des accusations qu'il rejette, ne pourra exprimer son suffrage. Mais Khalifa Sall, considéré comme probable prétendant à la prochaine présidentielle, a appelé ses
partisans à "voter massivement", dans une lettre publiée vendredi.
Des responsables politiques et religieux ont lancé des appels au calme après une campagne émaillée de violences qui ont fait de nombreux blessés à travers ce pays pourtant réputé en Afrique pour sa tradition démocratique. Sur les 165 sièges de l'Assemblée, élue pour cinq ans, 105, dont les 15 de
la diaspora, seront pourvus au scrutin majoritaire, un système très favorable au parti qui terminera premier dans chaque département, puisqu'il en raflera tous les sièges. Soixante autres sièges seront réaprtis à la proportionnelle.
M. Wade, toujours chef, à 91 ans, du Parti démocratique sénégalais (PDS), a accusé les autorités d'avoir délivré les cartes biométriques de manière sélective afin d'éviter une victoire de l'opposition.
De retour le 10 juillet après plus de deux ans d'absence, il affirme s'être lancé dans la bataille électorale pour chasser du pouvoir Macky Sall qui, affirme-t-il, a "détruit le Sénégal".
Le camp présidentiel l'accuse en retour de se présenter pour favoriser une amnistie pour son fils et ancien ministre, Karim, condamné en 2015 à six ans de prison pour "enrichissement illicite", afin de lever toute hypothèque sur son éligibilité et de lui ouvrir la voie à une éventuelle candidature à la
prochaine présidentielle.
Gracié en juin 2016 par le président Sall, Karim Wade réside depuis à l'étranger.
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