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Législatives au Sénégal: état des forces à deux ans de la présidentielle
Publié le vendredi 28 juillet 2017  |  AFP
Macky
© Présidence par DR
Macky Sall à la 52e édition des Assemblées annuelles de la BAD
Ahmedabad, le 24 mai 2017 - Le président de la République Macky Sall a pris part à la 52e édition des Assemblées annuelles de la Banque Africaine de Développement. Elles se tenaient à Ahmedabad, en Inde.




Dakar - Les Sénégalais élisent dimanche leurs députés, un scrutin test en vue de la présidentielle de 2019 avec, comme têtes de liste de l’opposition au chef de l’Etat Macky Sall, son prédécesseur Abdoulaye Wade et le maire de Dakar, Khalifa Sall, en détention préventive.

La campagne électorale, émaillée de violences qui ont fait de nombreux
blessés à travers ce pays réputé en Afrique pour sa tradition démocratique,
s’achève vendredi soir.

Plus de 6,2 millions d’électeurs sont appelés aux urnes dimanche de 08H00 à
18H00 GMT pour départager un nombre record de listes - 47, contre 24 en 2012.
Les premiers résultats de ce scrutin à un tour sont attendus dans la nuit de
dimanche à lundi.

Un enjeu de cette dernière consultation avant la présidentielle sera de
mesurer les forces du camp du chef de l’Etat Macky Sall, élu en 2012 face à
Abdoulaye Wade (2000-2012).

L’opposition affirme viser la majorité pour lui imposer "une cohabitation"
mais ses chances d’y parvenir ont diminué, après son échec à s’entendre sur
une liste commune.

"On ne parle plus du 30 juillet, mais de 2019", a déclaré le Premier
ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne, tête de liste de la majorité, en
meeting jeudi soir à Dakar.

Le nombre de sièges à l’Assemblée nationale passera de 150 à 165, en vertu
d’une révision constitutionnelle adoptée en mars 2016 et créant 15 députés
pour représenter la diaspora.

Sur 165 sièges, 105, dont les 15 de la diaspora, seront pourvus au scrutin
majoritaire et 60 à la proportionnelle.

Les derniers jours de campagne ont été marqués par une controverse sur la
délivrance des cartes d’identité biométriques permettant aux citoyens de
voter, dont plusieurs centaines de milliers ne pourront pas être fournies à
temps.

Saisi par M. Sall, le Conseil constitutionnel a autorisé in extremis le
vote avec le récépissé de dépôt de carte, à condition de présenter également
l’ancienne carte d’électeur, le passeport, voire un document d’immatriculation
pour les non-détenteurs des autres titres.

- Lettre de prison -

L’opposition a dit craindre que l’autorisation d’autres documents que la
carte d’identité biométrique ne favorise la fraude en faveur du pouvoir.
M. Wade, toujours chef, à 91 ans, du Parti démocratique sénégalais (PDS),
accuse les autorités de délivrer les cartes de manière sélective afin d’éviter
une victoire de l’opposition. Il avait appelé à une marche mardi à Dakar pour
les réclamer.

Le rassemblement a été dispersé par les forces de l’ordre, le gouvernement
estimant qu’il se tenait dans un secteur interdit "aux manifestations à
caractère politique". Une trentaine de partisans de l’ex-président ont été
arrêtés, selon son entourage.

De retour le 10 juillet après plus de deux ans d’absence, il a affirmé
s’être lancé dans la bataille électorale pour chasser du pouvoir Macky Sall,
qui selon lui a "détruit le Sénégal".
"Quand certains cherchent une majorité pour pouvoir amnistier leurs enfants
et leurs proches (...) nous voulons continuer à accroître et démocratiser
davantage les infrastructures sur tout le territoire", a répliqué la semaine
dernière le Premier ministre, insistant sur la construction de routes.

Selon des analystes, une victoire de l’opposition permettrait à Abdoulaye
Wade d’obtenir une amnistie pour son fils et ancien ministre Karim, condamné
en 2015 à six ans de prison pour "enrichissement illicite", afin de lever
toute hypothèque sur son éligibilité. Gracié en juin 2016 par le président
Sall, Karim Wade réside depuis à l’étranger.

Une autre liste de l’opposition est menée par le maire de Dakar, considéré
comme probable prétendant à la prochaine élection présidentielle, en détention depuis mars pour détournement de fonds présumés, des accusations qu’il rejette.

"Partout, je vois les effets néfastes de la politique de son régime qui a
installé notre pays dans une débâcle généralisée", écrit Khalifa Sall, dans
une lettre publiée dans la nuit de jeudi à vendredi, sans citer nommément le
chef de l’Etat.

En raison du nombre inédit de listes, l’Assemblée nationale a modifié la
réglementation imposant de prendre la totalité des bulletins de vote. Avant de
se rendre dans l’isoloir, chaque électeur devra prendre au minimum cinq
bulletins.

Autre innovation, le gouvernement a annoncé le paiement anticipé dès
mercredi des traitements des fonctionnaires et des retraites, un geste destiné
selon la presse à s’attirer les faveurs de l’électorat.

mrb-sst/jhd
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