A six jours des législatives, la campagne bat son plein au Sénégal. Mais quand on frappe aux portes des administrations, personne. Et pour cause : de nombreux fonctionnaires désertent pour s'engager sur le terrain.
"La politisation à outrance a affaibli notre administration et notre économie". Cette phrase, prononcée par l'ancien Premier ministre sénégalais Abdoul Mbaye, en mai 2016, est toujours d'actualité au Sénégal. La campagne pour les législatives suit son cours. Cependant, dans l'administration publique, les affaires marchent au ralenti.
Bureau vacant, directeur absent, ministre sur le terrain. Beaucoup de fonctionnaires sont en campagne électorale. Hassana Diallo, en a fait le constat. Chaque matin, il va suivre l'évolution de son dossier dans un bureau ministériel. "Je suis allé dans un bureau ce matin pour suivre un dossier que j'avais déposé", raconte-t-il. "Mais une fois sur place, j'ai constaté que la personne en question n'était pas là. Elle était partie en campagne. Et ça m'a causé des désagréments dans le cadre de mon travail. Ça fait une semaine que je cours après ce dossier mais c'est vraiment dommage."
Pression du pouvoir
Pour Moustapha Diagne, Macky Sall est le principal responsable de cette situation. "Cela a été fait suivant le vœu du président de la république lui-même qui a dit à ses lieutenants : tu gagnes tu restes, tu ne gagnes pas, tu quittes ta fonction. Il les a poussés à aller sur le terrain politique, quitte à abandonner leurs postes, leurs fonctions administratives."
L'activité économique s'en trouve elle aussi ralentie. "Par rapport aux prévisions du Sénégal qui prévoient d'atteindre plus de 7%e taux de croissance fin 2017, je crois que ce sera raté", estime pour sa part Nouha Sadio, économiste. Selon lui, certains objectifs ne seront pas atteints.
Les élections sont prévues le 30 juillet. D'ici là, certains citoyens vont devoir patienter pour le traitement de leurs dossiers par l'administration.
Lamine Ba Mamadou - dw.com