C’est un Ousmane Sonko en mode ‘‘précisions’’ qui s’est adressé à la presse samedi au siège de Pastef. Pour le principe de s’opposer, et contre la démarche d’occuper le Plateau demain, le leader de Ndawi Askan Wi (NAW) a estimé que la situation actuelle est de ‘‘la responsabilité exclusive’’ de l’Etat
A une semaine de l’échéance électorale, les positions se figent et divergent sur la conduite à tenir pour la délivrance des cartes d’électeurs. La marche sur le Centre-ville, défendue par la tête de liste nationale de la Coalition gagnante Wattù Senegaal, Abdoulaye Wade, est totalement désapprouvée par Ousmane Sonko, sans se désolidariser du principe de la restitution des cartes. L’ex-inspecteur des Impôts de préciser que sa coalition a été la première, au deuxième jour de campagne à Petersen, à appeler à l’occupation des préfectures pour la délivrance des documents, mais refuse l’occupation du Plateau. ‘‘Je ne vois pas pourquoi se focaliser sur un endroit qu’on avait soi-même proscrit de toute manif. Nous ne nous sommes jamais désolidarisés. Nous sommes d’accord sur le fond, mais pas sur la forme (...) Nous ne voulons pas que la provocation vienne de l’opposition.
Le Sénégal fait 196 mille kilomètres carrés. Il y a un petit bout qui ne fait même pas 0,001% du territoire national, c'est-à-dire le Plateau, qui a été frappé d’interdiction de manifestations de ce genre par ceux-là même qui aujourd’hui appellent à y aller. 2012 est encore frais dans nos mémoires, lorsque l’opposition redoublait de stratagèmes pour gagner la Place de l’Indépendance. L’arrêté est encore là et il n’a pas encore été rapporté que je sache. Qu’est ce qui a changé ? (...) Nous maintenons notre appel à sortir manifester pour refuser l’arbitraire partout, sauf sur ce petit bout de territoire, car ça ne sert à rien d’aller créer des situations de tensions’’, a défendu Ousmane Sonko. Qui avance toutefois que ‘‘si c’est le pouvoir qui provoque, si on décide d’aller à la Place de l’Obélisque, qui n’est frappée d’aucune interdiction, et que le Président Sall dise que personne n’ira, la provocation viendra du pouvoir et il nous trouvera sur son chemin’’
Pas de récépissés pour le 30 juillet
Malgré cette dissonance avec l’opposition, M. Sonko est sur la même longueur d’ondes pour ce qui est de la responsabilité de l’organisation des élections. La délivrance des cartes d’électeurs, qui a cristallisé les appréhensions de l’opposition sur la fiabilité du scrutin, ne doit pas être remplacée par d’autres formules, selon NAW. La présentation des récépissés d’inscription accouplée à l’ancienne carte numérisée a été notamment proposée comme solution de substitution. Ce que rejette complètement Sonko et ses alliés. ‘‘Ce n’est évidemment pas une solution acceptable pour nous. Ceux qui n’ont jamais eu de cartes, les jeunes qui viennent d’avoir 18 ans, ou même les adultes qui ne la détenaient pas, ne peuvent pas produire une carte à côté de leur récépissé d’inscription. Cela veut dire que ces gens seront exclus du processus et c’est au minimum 800 mille personnes’’, a-t-il dénoncé, rappelant au passage que l'expérimentation de cette formule à la Présidentielle de 1993 a produit ‘‘une machine à fraudes exponentielle et des contestations qui ont mené jusqu’à l’assassinat ou le meurtre lâche du juge Babacar Sèye’’.
Trouvant suspect l’empressement des autorités à vouloir remplacer le fichier électoral de 2002 par celui des cartes d’identité biométrique de la Cedeao, qui aurait dû se faire en quatre ans, selon lui, il déplore la rupture d’un consensus qui a toujours été de mise depuis 1992. ‘‘La situation est de la responsabilité exclusive de Macky Sall, de son ministre de l’Intérieur Abdoulaye Daouda Diallo qui sont les seuls à connaitre ce qui se passe avec leurs Malaisiens. Nous, Ndawi Askan Wi, n’avons aucune proposition à leur faire, autre que de se débrouiller pour libérer les cartes d’électeurs, parce qu’il y a de la rétention volontaire’’, défend-il.
‘‘S’il y a contentieux ou même violences...’’
Avec ces manquements notés, NAW va-t-il accepter les résultats des urnes ? ‘‘ Tout dépendra de ce qui va se passer d’ici le scrutin. Pour le moment, c’est prématuré. Il y a des zones d’ombre, mais si toutes les cartes sont livrées et les Sénégalais s’expriment librement, nous pouvons considérer qu’un scrutin s’est tenu, même si tout n’est pas clair (...) S’il y a contentieux ou même violences, nous ne le souhaitons pas, Macky Sall en sera le seul responsable. Cet amateurisme compromet sérieusement la fiabilité du scrutin vers lequel on s’achemine et ça n’augure pas d’un scrutin apaisé et de lendemains apaisés’’, a avancé Sonko.