Un dispositif de surveillance est en vigueur sur l’ensemble du territoire sénégalais depuis que les autorités sanitaires de la République de Guinée ont annoncé, samedi 22 mars 2014, que le virus Ebola a fait au moins plus de 60 morts dans le sud du pays. L’apparition de cette maladie virale violente et mortelle constitue une première dans ce pays d’Afrique de l’Ouest frontalier avec le Sénégal.
Après le seul cas de virus Ebola détecté en Côte d’Ivoire en 1994, voilà que la Guinée Conakry, pays frontalier et qui entretient des rapports de proximité migratoire avec le Sénégal, vient d’être touché par cette maladie hautement mortelle.
Plus connue en Afrique centrale, notamment en RDC, et au nord-est, au Soudan, entres autres foyers, cette apparition du virus inconnu et non maîtrisé en Guinée, dans le sud forestier près de la frontière Sierra léonaise, le samedi 9 février dernier, a de quoi mettre tout le voisinage en alerte.
Rien que les premiers bilans officiels délivrés par les autorités sanitaires de ce pays ont fait état de 59 morts. « Dans la journée de vendredi nous avons eu les premiers résultats venus de Lyon qui nous ont annoncé la présence du virus de la fièvre Ebola comme étant à l’origine de cette flambée de fièvre fébrile observée en Guinée forestière principalement », a déclaré le chef de la division prévention au ministère de la santé et de l’hygiène publique guinéen, le Dr Sakoba Kéita. Un virus qui se manifeste, selon toujours le même responsable de la prévention, par une poussée de fièvre, des diarrhées, des vomissements, une fatigue prononcée et parfois un saignement.
Avant de poursuivre « l’épidémie de fièvre Ebola qui sévit dans le sud de la Guinée, notamment dans les préfectures de Gueckédou et de Macenta depuis le 9 février, a fait au moins 59 morts sur 80 cas recensés par nos services sur le terrain ». Mais ce qui fait pousser l’inquiétude générale c’est quand il avoue : « Nous sommes débordés sur le terrain, nous luttons contre cette épidémie avec les moyens du bord, avec le concours des partenaires (OMS, MSF, UNICEF, etc..), mais sachez que c’est difficile… ».
De telles informations livrées par le responsable de la prévention sanitaire en Guinée doit pousser les autorités de tous les pays voisins à prendre des dispositions d’alerte et de veille. Selon un spécialiste des questions épidémiologiques au Sénégal la mobilité des populations dans l’espace Cedeao qui obéit à des impératifs commerciaux, religieux, d’échanges culturels, familiaux, mais aussi en raison de la précarité de leurs conditions de vie devrait permettre aux Etats à être plus vigilants pour contrer ce virus violent qui figure parmi les plus contagieux et mortels pour l’homme. Hier, dimanche 23 mars, l’Unicef a confirmé la présence du virus dans la capitale guinéenne.
MSF lance une intervention d’urgence
L’organisation médicale internationale Médecins Sans Frontières (MSF) a annoncé samedi le lancement d’une intervention d’urgence en Guinée. "Vingt-quatre médecins, infirmiers, logisticiens et spécialistes de l’hygiène et de l’assainissement sont déjà sur place alors que d’autres personnes vont renforcer l’équipe au cours des prochains jours", a précisé MSF dans un communiqué, repris par différents sites d’information. En collaboration avec le ministère de la Santé guinéen, "MSF a mis en place une structure d’isolation des cas suspects à Guéckédou, et se prépare à faire de même à Macenta", deux localités de la région de Nzérékoré, dans le sud du pays, ajoute l’ONG qui recherche également les personnes susceptibles d’avoir été infectées lors de contacts avec des patients.
Les autorités guinéennes quant à elles, avaient annoncé vendredi avoir décidé le "traitement gratuit de tous les malades dans les centres d’isolement", le "recensement de toutes les personnes qui ont eu des contacts directs avec les malades décédés et ceux présentant les signes" de la maladie.
MAMADOU NDIAYE, DIRECTEUR DE LA PREVENTION SANITAIRE - «Un dispositif de surveillance est mis en place sur l’ensemble du territoire»
Au Sénégal, le directeur de la prévention sanitaire que nous avons pu joindre au téléphone a d’abord indiqué qu’aucun cas n’est encore décelé au niveau du territoire avant de parler des dispositions qui ont été prises.
En soutenant qu’il n’y a pas de panique chez les autorités médicales quant à l’apparition de cette maladie confirmée en Guinée. Annonçant la mise en place de premières mesures préventives et du renforcement de la surveillance, il précise que des fiches techniques ont été distribuées à l’ensemble des structures de soins au niveau du territoire national. Il exhorte ensuite les agents de santé qui sont notamment au niveau des zones frontalières de détecter les symptômes et de notifier le plus tôt possible les cas suspectés.
Mamadou Ndiaye, directeur de la prévention rejette en outre toute idée de fermeture des frontières et soutient que le Sénégal est obligé de se conformer aux mesures réglementaires internationales au plan sanitaire quant à la mobilité des personnes. Toutefois, des mesures drastiques doivent être prises dans les zones atteintes pour éviter la propagation de l’épidémie. Une maladie qui n’a pas quitté leur écran de surveillance parce présente dans la sous région et foudroyante.