Beaucoup de candidats au Brevet de fin d’études moyennes (BFEM) sont dans les starting-blocks. Ils passent les épreuves à partir de demain 13 juillet. Dans ces derniers moments de révision, ils ont en tête les mésaventures de leurs aînés, avec les fuites au Bac.
C’est le dernier virage avant l’examen du Brevet de fin d’études moyennes (BFEM). Les candidats qui vont subir, demain, les épreuves sont dans les dernières révisions. Mais, impossible pour eux de ne pas penser aux fuites lors des épreuves de Français, d’Histoire et de Géographie au baccalauréat. Les élèves craignent de vivre la même expérience que leurs aînés. Au lycée Ngalandou Diouf où tout est fin prêt pour le déroulement normal de l’examen, quelques élèves sont dans les salles pour les révisions. La cour est déserte. Le gardien procède au nettoyage. Les professeurs s’activent aux derniers réglages pour le bon déroulement des épreuves. Birame Ndao, candidat au Bfem, est venu vérifier si son nom figure bien sur les listes déjà affichées un peu partout. Vérification faite, le jeune garçon, cahiers en main, se dirige vers une des salles de l’établissement. En tenue très relax, short rouge et tee-shirt, il confie que les fuites enregistrées lors du baccalauréat l’ont un peu perturbé. A part cela, dit-il, le moral est bon.
Angélique, une autre élève de l’établissement, figure parmi les élèves venus réviser. Elle se trouve dans une salle avec son professeur qui l’aide à réviser. De nombreuses polycopies d’exercices ou de sujets d’examen jonchent la table où elle est assise en train d’écrire. Avec ce qui s’est passé au bac, elle a cru qu’ils allaient devoir passer les épreuves du BFEM plus tard que prévu. ‘’La fuite au baccalauréat nous a perturbés. On pensait même qu’on allait repousser la date. Mais nous tentons de nous exercer le maximum possible’’, laisse-t-elle- entendre. Elle craint que ce qui s’est passé avec leurs aînés ne se reproduisent avec eux.
A quelques pas de la demoiselle se trouve Madame Ndiaye Marième Diallo, chargée des examens au lycée de Ngalandou Diouf. Elle renseigne que tout se passe bien. La dame de taille moyenne est déterminée à mener à bien son travail. Mme Diallo a fini de faire le tour des classes pour vérifier l’affichage des listes. Elle ajoute que les convocations ont été remises aux élèves. De quoi être optimiste pour la suite. ‘’Nous espérons que ça va bien se passer. Tout est fin prêt pour que demain les candidats composent dans les meilleures conditions’’, lâche-t-elle.
Maguette Diouf, accompagnée de sa sœur et de sa mère, est venue s’enquérir de la situation. Très attentionnée, cette maman indique qu’elle a insisté pour que sa fille vienne prendre connaissance de son centre d’examen et vérifier si son nom figure sur les listes. La dame a sans doute raison d’avoir fait le déplacement, car sa fille lui a clairement avoué qu’elle ne savait pas où est situé le lycée Ngalandou Diouf. ‘’C’est plus sûr de venir s’imprégner de ce qui se passe. Faire les derniers réglages. C’est pour cela qu’on dit souvent qu’il est bon de suivre les conseils des grandes personnes’’, explique cette dame teint clair, emmitouflée dans son grand boubou, voile sur la tête. Toutes les trois se dirigent vers le tableau d’affichage sur indication de la chargée des examens M. Ndiaye.
‘’Nous avons peur que les professeurs soient durs avec nous’’
Au CEM Abdoulaye Mathurin Diop l’ambiance est tout à fait différente. Des élèves forment des groupes par-ci et par-là. Beaucoup croient que la fuite au baccalauréat aura une répercussion sur la correction des épreuves du BFEM. Tous, unanimement, ont la même appréhension. ‘’La correction sera sévère, c’est sûr. Les professeurs sont fatigués, parce qu’on les a fait travailler davantage avec la reprise des épreuves du Bac. Nous avons peur qu’ils soient durs avec nous’’, s’inquiète cette jeune fille A. K, teint clair, un sandwich à la main qu’elle déguste avant d’entamer les révisions. ‘’La fuite nous a bel et bien perturbés. En un moment donné, je me suis dit que ça ne valait pas la peine d’apprendre au jour le jour, car d’autres sont là-bas attendant qu’il y ait des fuites pour obtenir leur diplôme. J’étais fâchée quand j’ai entendu la nouvelle’’.
Son camarade Mamadou Bâ, assis sur une table-banc, l’interrompt dans ses réflexions. ‘’Non seulement, c’est dur, mais les candidats issus des familles pauvres qui veulent réussir, aider leurs parents, en pâtissent. Par contre, d’autres préfèrent la facilité, c’est vraiment dommage pour nous. Cela ne nous arrange pas’’, fulmine-t-il. Une autre juge que la fuite salit la réputation des élèves sénégalais. À son avis, certains chefs d’entreprise peuvent ne pas accepter les demandes d’emploi, lorsqu’ils savent que vous êtes de la ‘’génération fuite’’.
Ces candidats comptent passer la journée à réviser les mathématiques et les Sciences de la Vie et de la Terre (SVT). Dans un autre bâtiment, des professeurs sont regroupés dans des salles de classe. Ils viennent de prendre congé de leurs élèves qu’ils aident dans les dernières révisions. L’une d’entre elles, Madame Sadio, professeur d’Arabe, invite ses collègues professeurs à traiter les sujets d’examen des années passées pour aider les élèves à s’en sortir. Voilée dans sa tunique bleu-clair, elle plaide pour que la surveillance dans les salles d’examen soit renforcée, stricte, pour éviter d’éventuelles surprises. Une autre collègue a la certitude que si cela se fait, les élèves qui envisagent de tricher n’auront pas d’issue.