Dakar, 10 juil 2017 (AFP) - L’ex-président sénégalais Abdoulaye Wade, 91 ans, est arrivé lundi après-midi à Dakar pour participer à la campagne des élections législatives du 30 juillet, accueilli par les vivats de milliers de ses partisans, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Abdoulaye Wade (2000-2012), en boubou bleu, écharpe blanche et bonnet rouge, est arrivé en avion peu avant 18H00 GMT en provenance de France, où il réside.
La précédente apparition de M. Wade sur la scène publique au Sénégal remonte à plus de deux ans.
La circulation était momentanément bloquée autour de l’aéroport de Dakar, les occupants des véhicules à l’arrêt manifestaient leur liesse ou filmaient la scène avec leur téléphone portable.
Dans la soirée, M. Wade s’est rendu au siège de sa formation, le Parti démocratique sénégalais (PDS), où l’attendaient des milliers de sympathisants, dont un très grand nombre de jeunes.
Il a réservé ses premières piques à son successeur Macky Sall, qui l’a battu au second tour de l’élection présidentielle de 2012.
"Si, à mon retour, j’avais constaté que le Sénégal avais changé en bien, je l’aurais félicité, mais ce n’est pas le cas. Qu’il parte et il peut prendre l’avion qui m’a amené", a lancé l’ancien chef de l’Etat.
Avant ce retour, le PDS avait dit soupçonner le pouvoir de vouloir le "saboter", selon des déclarations de son coordonnateur, Oumar Sarr.
Le directeur des Aéroports du Sénégal (ADS), Pape Maël Diop, avait affirmé pendant le week-end que la demande d’autorisation d’atterrissage de l’avion devant transporter M. Wade n’avait pas été déposée à temps.
"L’autorisation (d’atterrissage) a été accordée ce (lundi) matin", a affirmé à l’AFP la ministre des Transports, Maïmouna Ndoye Seck.
"Il y avait une volonté de piéger (les autorités). La demande d’autorisation est arrivée samedi dans une structure qui n’est pas censée travailler le samedi. Ils (les partisans de Wade, NDLR) cherchaient un buzz qu’ils n’auront pas", a déclaré Mme Seck, une responsable de la coalition présidentielle.
Abdoulaye Wade conduit une liste d’opposition aux législatives, avec une coalition menée par le PDS, dont il est toujours le chef.
Selon des observateurs, une victoire de l’opposition lui permettrait d’obtenir une amnistie pour son fils et ancien ministre Karim Wade, condamné en 2015 à six ans de prison ferme et à plus de 210 millions d’euros d’amende pour "enrichissement illicite", afin de lever toute hypothèque sur son éligibilité.
Une autre tête de liste de l’opposition, le maire de Dakar, Khalifa Sall, en détention provisoire depuis le 7 mars pour détournement présumé de fonds publics, dissident du Parti socialiste (PS), membre de la coalition au pouvoir, est contraint de faire campagne de sa cellule.
Considéré comme un probable candidat à l’élection présidentielle de 2019 contre Macky Sall, il doit répondre de dépenses "non justifiées" de plus de 2,7 millions d’euros prélevés sur plusieurs années, selon la justice, dans les caisses de sa mairie, ce qu’il nie.
La campagne électorale s’est ouverte dimanche. Elle va durer jusqu’au 28 juillet, avec la participation d’un nombre record de 47 listes, contre 24 en 2012.
Ce scrutin vise à renouveler l’Assemblée nationale, où le nombre des sièges va passer de 150 à 165, après une révision constitutionnelle adoptée en mars 2016 et créant 15 postes de députés pour représenter la diaspora sénégalaise.
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