Les 20 pays les plus industrialisés du monde se réunissent à Hambourg (Allemagne) ce week-end. En perspective de ce sommet du G20, des experts africains et européens réunis autour du (MaMo) incitent vivement les leaders mondiaux à s’assurer que les agriculteurs du continent soient au cœur des discussions à Hambourg. Les laisser de côté, ce serait continuer à mettre en danger la sécurité alimentaire et la stabilité financière en Afrique.
Les discussions du G20 sur les investissements privés en Afrique doivent être principalement axées sur l’agriculture. C’est l’attente d’experts de la sécurité alimentaire, regroupés au sein du Panel Malabo Montpellier (MaMo). Selon un communiqué de presse de MaMo, la présidence allemande du G20 n’a eu de cesse de renforcer la croissance économique, l’investissement et la stabilité en Afrique. C’est pourquoi le Panel MaMo invite le G20 à accorder la priorité aux investissements dans le secteur agricole, étant donné qu’il est le principal employeur du continent. Les recherches menées par le Panel montrent qu’un secteur agricole africain florissant pourrait avoir un impact significatif sur la sécurité alimentaire, l’emploi et la distribution des richesses.
Selon Joachim Von Braun, co-président du Panel MaMo et Professeur à l’Université de Bonn, «l’Afrique regorge d’opportunités à concrétiser pour les jeunes et les femmes. A travers le continent, des innovations stimulent la productivité agricole et augmentent la participation, en particulier dans les zones rurales. Cependant, sans les investissements adéquats, ces innovations n’atteindront pas leur potentiel, ce qui aura un impact négatif sur les emplois et les moyens de subsistances.»
Quant à Dr Ousmane Badiane, co-président du Panel MaMo et Directeur pour l’Afrique de l’Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires, il reste convaincu que «l’Afrique offre aujourd’hui les conditions idoines pour accueillir des investissements, notamment dans le domaine de l’agriculture. A travers le continent, nous observons une redynamisation des économies urbaines qui se traduit par une massification des classes moyennes, une augmentation des revenus des ménages, ce qui crée naturellement de nombreuses opportunités pour l’agriculture locale. Celle-ci se développe progressivement, surtout dans le secteur de la transformation, de la distribution et de l’exportation des produits agricoles, avec une forte demande des populations pour des produits transformés et prêts à l’utilisation. En plaçant l’agriculture au cœur des discussions du sommet et en œuvrant pour une augmentation sensible des investissements dans le secteur, le G20 permettra à l’Afrique d’exploiter pleinement toutes ces nouvelles opportunités.»
UNE CHARTE POUR AIDER A SOUTENIR LA JEUNESSE AFRICAINE ET CREER DES EMPLOIS EN MILIEU RURAL
D’ailleurs le Panel MaMo a contribué à l’élaboration de la Charte de Berlin, un document remis au ministre Allemand du Développement Dr Gerd Müller qui sera présentée au G20. Cette Charte recommande des voies et moyens par lesquels les gouvernements nationaux, les partenaires au développement et les institutions financières peuvent soutenir la jeunesse africaine et créer des emplois en milieu rural. Mieux, la Charte appelle le G20 à se fixer des cibles concrètes, quantifiées et assorties de délais précis, en ligne avec les Objectifs de développement durable (ODD), en particulier pour: «permettre à au moins 600 millions de personnes d’échapper à la faim et à la malnutrition grâce à des politiques agricoles, nutritionnelles et anti-pauvreté, appropriées».
Il s’agit aussi de «poser des actes politiques et humanitaires concertés pour trouver une solution immédiate aux situations de crise alimentaire. Faciliter l’accès à l’éducation et à la formation des jeunes, et réduire le chômage des jeunes de moitié d’ici 2025. Investir dans les infrastructures rurales et la création d’emplois à l’échelle transnationale. Fournir un accès pour tous aux technologies informatiques – y compris les applications à l’intention des agriculteurs. Concrétiser l’énorme potentiel des agriculteurs en Afrique à travers les droits juridiques, l’accès au financement et l’assurance. Inverser la tendance à la perte de biodiversité et à la dégradation, et mettre en œuvre l’Accord de Paris».
INTEGRER LES RECOMMANDATIONS DE LA CHARTE POUR STABILISER LA SECURITE ALIMENTAIRE EN AFRIQUE
Pour Dr Agnes Kalibata, présidente de l’Alliance pour une Révolution Verte en Afrique (AGRA) et membre du Panel MaMo, qui a présidé le comité consultatif de la Charte aux cotés de Pr Joachim Von Braun, «en intégrant les recommandations de la Charte de Berlin dans les discussions du G20 sur l’Afrique, les leaders mondiaux pourraient débloquer ces possibilités et ainsi aider à stabiliser la sécurité alimentaire et à stimuler la création d’emplois et la croissance économique globale».
Selon Dr. Patrick Caron, membre du Panel MaMo, et président du Groupe d’Experts de Haut Niveau (HLPE) du Comité mondial de la Sécurité Alimentaire (CSA / CFS), «l’objectif de la Charte est de fournir une vision prospective et moderne de l’Afrique rurale et d’encourager les décideurs politiques à prendre position et à s’engager. La sécurité alimentaire ne peut être atteinte sans investissements conséquents. Pour que cette vision se réalise, les leaders mondiaux du G20 comme les autres instances internationales doivent planifier de mettre en œuvre de tels investissements.»
Le Panel MaMo, leader en matière de politiques sur la sécurité alimentaire et l’agriculture, se réjouit de l’intérêt porté sur l’Afrique par l’agenda du G20. Il est composé de 12 experts africains et 5 experts européens spécialisés dans les domaines de l’agriculture, de l’écologie, de la nutrition, des politiques publiques et du développement mondial. Ils soutiennent les objectifs de la Déclaration de Malabo (Guinée Equatoriale) qui engage 54 pays signataires à diminuer de moitié le nombre de personnes pauvres d’ici 2025, à travers une croissance agricole inclusive porteuse d’opportunités d’emploi, en particulier pour les jeunes et les femmes.