Thierno Bocoum ne lâche pas prise. Malgré sa non-investiture sur les listes électorales, il compte combattre la majorité jusque dans ses derniers retranchements. En attendant l’ouverture officielle de la campagne, il va larguer ses missiles dès aujourd’hui à l’Assemblée nationale où il attend de pied ferme Abdoulaye Daouda Diallo, Doudou Ndir et tous ceux qui soutiennent la modification de la loi électorale. Report du scrutin, son absence des listes, procédure de révision…, Bocoum ne laisse rien passer. Il crache du feu sur la copie du ministre de l’Intérieur.
L’Assemblée nationale va examiner aujourd’hui le projet de loi portant modification de l’article L 78 du code électoral. Allez-vous voter cette loi ? Pourquoi ?
D’abord, il faut préciser que nous allons vers une session extraordinaire. Cela signifie qu’il faudra d’abord ouvrir la session et constater le quorum représentant la moitié plus un des membres composant l'Assemblée nationale. Ensuite, il faudra que le bureau de l’Assemblée se réunisse, puis la conférence des présidents qui doit établir le calendrier des travaux en commission et en plénière. Le projet de loi ne peut donc pas être examiné aujourd’hui. Il faudra patienter pour connaître la date de l’examen de la loi modifiant le code électoral en son article L 78.
D’autant plus que l’ordre du jour de cette session extraordinaire prévoit l’examen de deux autres projets de loi qui concernent le ministère des Forces armées. Ainsi, tout porte à croire que l’examen de la loi risque de se faire en pleine campagne électorale. En réalité, cette loi n’est rien d’autre que de la provocation. Elle symbolise une constance dans le forcing de la part du gouvernement en ce qui concerne le processus électoral. Cette loi, nous la rejetterons fermement. Ce n’est pas une loi électorale car par essence, une loi électorale devrait respecter un minimum de consensus. On ne peut pas avoir l’écrasante majorité de l’opposition contre cette loi et vouloir la faire passer vaille que vaille. Nous avons l’impression que le régime du Président Macky Sall a décidé d’assumer une politique de forcing qui se manifeste par de simples formalités sans aucune incidence sur les décisions qu’ils arrêtent à l’avance.
Comment jugez-vous la sortie du président de la Cena disant qu’il y a eu un large consensus ?
Peut-être qu’il voulait parler de consentement d’une large majorité. C’est l’expression consacrée à l’article 2 du Protocole additionnel de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance. Quant au consensus, il ne faut vraiment pas en parler puisqu’il n’a jamais été recherché. Ni par le gouvernement ni par la CENA qui a laissé pourrir la situation jusqu’à ce que le président de la République l’interpelle. C’est une forme d’injonction contraire à la loi qui a conduit la CENA à convoquer une concertation.
Maintenant, le fait de vouloir jouer sur les termes du protocole additionnel pour parler de respect de la loi est très désolant et triste de la part du régime. Il ne s’agit que de vouloir justifier une forfaiture. Le protocole de la CEDEAO ne s’arrête pas à l’expression « consentement d’une large majorité ». Il y a un élément important qui est délibérément ignoré, c’est l’expression « Acteur politique ». Ce protocole parle de « consentement d’une large majorité des acteurs politiques ». Comment quelqu’un qui maîtrise l’échiquier politique sénégalais peut parler de consentement d’une large majorité des acteurs politiques tout en sachant qu’aucun parti de l’opposition significative n’est d’accord. Ce n’est pas en faisant le cumul des coalitions qu’on a aidé à monter qu’on va faire croire à une majorité des acteurs politiques. Le Sénégal a une histoire électorale. Les acteurs politiques on ne les crée pas, on constate leur présence et ils sont connus de tous.
Pensez-vous que des élections libres, démocratiques et transparentes peuvent être tenues dans ces conditions ?
Nous avons bien entendu des craintes et nous les avons exprimées clairement durant tout le processus électoral. Nous avons des craintes sur la distribution des cartes. Les Sénégalais réclament leurs cartes. Le niveau de distribution est très lent et nous avons le sentiment que la distribution se fait d’une manière sélective. Il faudra que le régime fasse le nécessaire pour que les Sénégalais aient leurs cartes puisqu’il est responsable de cette situation. Le régime du Président Macky Sall n’a pas le droit de priver de vote un seul Sénégalais. Nous ne sommes pas satisfaits de la gestion de la période contentieuse avec des situations créées par l’Etat et qui n’ont pas permis une bonne vérification des listes avec des noms sans adresse et sans filiation. Nous ne sommes pas satisfaits de la gestion des commissions d’inscriptions qui se ferment et s’ouvrent sans aucune concertation avec l’opposition. Nous avons été durant le processus particulièrement surpris des décisions unilatérales de la part du gouvernement jusqu’au vote du code électoral qui a abouti à une rupture d’un consensus de plusieurs décennies en prenant référence au code consensuel de 1992.
Aujourd’hui, vu toutes ces difficultés (pléthore de listes, divergence avec la Cena, hivernage…) qui se présentent, ne pensez vous pas que le report du scrutin est la solution la plus sage ?
Nous sommes par principe pour le respect du calendrier républicain et pour le respect de la loi. D’ailleurs le protocole additionnel de la Cedeao précité dit clairement en son article 2 alinéas 2 que « les élections à tous les niveaux doivent avoir lieu aux dates ou périodes fixées par la Constitution ou les lois électorales ». Il faut quand même dire que cette situation a été créée par l’Etat à travers le parrainage et le financement de listes que je peux qualifier de fictives vu le défaut de représentativité. Et vous verrez que la plupart de ces listes n’auront pas un seul député. Le but était de semer la zizanie et la confusion à laquelle nous assistons aujourd’hui.
Quelle est la stratégie de campagne mise en place par votre coalition ? Peut-on savoir où vous allez lancer vos activités et dans quelle localité allez-vous la clôturer ?
Vous avez-vous-même parlé de stratégie. Vous pouvez donc comprendre que nous n’allons pas la dévoiler à nos adversaires. Par contre, je peux vous dire que nos stratégie et programme de campagne sont prêts et l’électeur est au cœur de notre préoccupation. Nous comptons donner les raisons aux Sénégalais de choisir la liste de Mankoo Taxawu Sénégal.
Votre tête de liste est en prison. N’est-ce pas un handicap ?
Le maire Khalifa Sall est effectivement en prison. Il faut d’abord dire qu’à travers cet emprisonnement, le régime en place a décidé de faire du Sénégal un pays où on se glorifie d’avoir des prisonniers politiques. La récente déclaration du Président Macky Sall rapportée par la presse face à des militants de Dakar est un aveu de taille sur la nature politicienne de cet emprisonnement. Je pense que les Sénégalais ont une occasion de refuser l’arbitraire en soutenant celui à qui on veut priver ses droits civiques et politiques. Nous n’avons pas de handicap avec son emprisonnement mais un combat à mener pour refuser l’injustice et l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Nous avons confiance dans la capacité de révolte des Sénégalais et surtout de la jeunesse. C’est une erreur de croire qu’on peut faire tout ce qu’on veut dans nos pays africains. Ce temps est révolu.
Comme vous avez pu le constater : votre non-investiture a été presque un tsunami car la plupart des Sénégalais pensaient que vous alliez être reconduit grâce à votre comportement à la dernière législature. Pouvez-vous nous révéler à quel moment vous avez appris votre absence des listes ? Comment ? Et par qui ?
L’histoire de ma non-investiture, c’était le jour de mon anniversaire. Je me souviens donc des moindres détails mais c’est une affaire qui, comme j’ai déjà eu à le dire, est derrière moi. Aujourd’hui, je me bats pour la victoire de la coalition Mankoo Taxawu Sénégal dont mon parti est membre. Je milite pour une nouvelle majorité à l’Assemblée nationale même si je ne ferai pas partie des députés qui la composeront. Le seul tsunami qui m’intéresse, c’est celui de voir la majorité actuelle céder la place à des patriotes soucieux des préoccupations des Sénégalais et capables d’apporter de vraies ruptures.
Honnêtement, quel était votre sentiment ?
J’ai le sentiment du devoir accompli et c’est pour moi le plus important. En dehors de l’Assemblée nationale, je continuerai le combat pour la défense des intérêts majeurs du peuple sénégalais car je suis foncièrement patriote. J’ai été très ému par l’élan de solidarité et de soutien des Sénégalais dans leur diversité et je les en remercie sincèrement.
La cohabitation est-elle envisageable si les élections se tiennent à date échue ?
Non seulement elle est envisageable mais elle est surtout souhaitable. Nous nous battrons pour une nouvelle majorité à l’Assemblée nationale. Il faut quand même dire que la majorité actuelle n’a pas de bilan. Elle doit par conséquent être sanctionnée. Il faut une nouvelle démarche qui prend en compte les aspirations des populations. Nous ne pouvons plus accepter que l’Assemblée nationale soit une caisse de résonance au service de l’Exécutif. Il faut de profondes réformes et au sein de la coalition Mankoo Taxawu Sénégal, nous avons beaucoup réfléchi sur ces aspects et avons un programme clair qui permettra à l’Assemblée nationale de jouer pleinement son rôle de représentation du peuple sénégalais et de jouir de ses prérogatives constitutionnelles.
MOR AMAR
Thierno Bocoum ne lâche pas prise. Malgré sa non-investiture sur les listes électorales, il compte combattre la majorité jusque dans ses derniers retranchements. En attendant l’ouverture officielle de la campagne, il va larguer ses missiles dès aujourd’hui à l’Assemblée nationale où il attend de pied ferme Abdoulaye Daouda Diallo, Doudou Ndir et tous ceux qui soutiennent la modification de la loi électorale. Report du scrutin, son absence des listes, procédure de révision…, Bocoum ne laisse rien passer. Il crache du feu sur la copie du ministre de l’Intérieur. L’Assemblée nationale va examiner aujourd’hui le projet de loi portant modification de l’article L 78 du code électoral. Allez-vous voter cette loi ? Pourquoi ? D’abord, il faut préciser que nous allons vers une session extraordinaire. Cela signifie qu’il faudra d’abord ouvrir la session et constater le quorum représentant la moitié plus un des membres composant l'Assemblée nationale. Ensuite, il faudra que le bureau de l’Assemblée se réunisse, puis la conférence des présidents qui doit établir le calendrier des travaux en commission et en plénière. Le projet de loi ne peut donc pas être examiné aujourd’hui. Il faudra patienter pour connaître la date de l’examen de la loi modifiant le code électoral en son article L 78. D’autant plus que l’ordre du jour de cette session extraordinaire prévoit l’examen de deux autres projets de loi qui concernent le ministère des Forces armées. Ainsi, tout porte à croire que l’examen de la loi risque de se faire en pleine campagne électorale. En réalité, cette loi n’est rien d’autre que de la provocation. Elle symbolise une constance dans le forcing de la part du gouvernement en ce qui concerne le processus électoral. Cette loi, nous la rejetterons fermement. Ce n’est pas une loi électorale car par essence, une loi électorale devrait respecter un minimum de consensus. On ne peut pas avoir l’écrasante majorité de l’opposition contre cette loi et vouloir la faire passer vaille que vaille. Nous avons l’impression que le régime du Président Macky Sall a décidé d’assumer une politique de forcing qui se manifeste par de simples formalités sans aucune incidence sur les décisions qu’ils arrêtent à l’avance. Comment jugez-vous la sortie du président de la Cena disant qu’il y a eu un large consensus ? Peut-être qu’il voulait parler de consentement d’une large majorité. C’est l’expression consacrée à l’article 2 du Protocole additionnel de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance. Quant au consensus, il ne faut vraiment pas en parler puisqu’il n’a jamais été recherché. Ni par le gouvernement ni par la CENA qui a laissé pourrir la situation jusqu’à ce que le président de la République l’interpelle. C’est une forme d’injonction contraire à la loi qui a conduit la CENA à convoquer une concertation. Maintenant, le fait de vouloir jouer sur les termes du protocole additionnel pour parler de respect de la loi est très désolant et triste de la part du régime. Il ne s’agit que de vouloir justifier une forfaiture. Le protocole de la CEDEAO ne s’arrête pas à l’expression « consentement d’une large majorité ». Il y a un élément important qui est délibérément ignoré, c’est l’expression « Acteur politique ». Ce protocole parle de « consentement d’une large majorité des acteurs politiques ». Comment quelqu’un qui maîtrise l’échiquier politique sénégalais peut parler de consentement d’une large majorité des acteurs politiques tout en sachant qu’aucun parti de l’opposition significative n’est d’accord. Ce n’est pas en faisant le cumul des coalitions qu’on a aidé à monter qu’on va faire croire à une majorité des acteurs politiques. Le Sénégal a une histoire électorale. Les acteurs politiques on ne les crée pas, on constate leur présence et ils sont connus de tous. Pensez-vous que des élections libres, démocratiques et transparentes peuvent être tenues dans ces conditions ? Nous avons bien entendu des craintes et nous les avons exprimées clairement durant tout le processus électoral. Nous avons des craintes sur la distribution des cartes. Les Sénégalais réclament leurs cartes. Le niveau de distribution est très lent et nous avons le sentiment que la distribution se fait d’une manière sélective. Il faudra que le régime fasse le nécessaire pour que les Sénégalais aient leurs cartes puisqu’il est responsable de cette situation. Le régime du Président Macky Sall n’a pas le droit de priver de vote un seul Sénégalais. Nous ne sommes pas satisfaits de la gestion de la période contentieuse avec des situations créées par l’Etat et qui n’ont pas permis une bonne vérification des listes avec des noms sans adresse et sans filiation. Nous ne sommes pas satisfaits de la gestion des commissions d’inscriptions qui se ferment et s’ouvrent sans aucune concertation avec l’opposition. Nous avons été durant le processus particulièrement surpris des décisions unilatérales de la part du gouvernement jusqu’au vote du code électoral qui a abouti à une rupture d’un consensus de plusieurs décennies en prenant référence au code consensuel de 1992. Aujourd’hui, vu toutes ces difficultés (pléthore de listes, divergence avec la Cena, hivernage…) qui se présentent, ne pensez vous pas que le report du scrutin est la solution la plus sage ? Nous sommes par principe pour le respect du calendrier républicain et pour le respect de la loi. D’ailleurs le protocole additionnel de la Cedeao précité dit clairement en son article 2 alinéas 2 que « les élections à tous les niveaux doivent avoir lieu aux dates ou périodes fixées par la Constitution ou les lois électorales ». Il faut quand même dire que cette situation a été créée par l’Etat à travers le parrainage et le financement de listes que je peux qualifier de fictives vu le défaut de représentativité. Et vous verrez que la plupart de ces listes n’auront pas un seul député. Le but était de semer la zizanie et la confusion à laquelle nous assistons aujourd’hui. Quelle est la stratégie de campagne mise en place par votre coalition ? Peut-on savoir où vous allez lancer vos activités et dans quelle localité allez-vous la clôturer ? Vous avez-vous-même parlé de stratégie. Vous pouvez donc comprendre que nous n’allons pas la dévoiler à nos adversaires. Par contre, je peux vous dire que nos stratégie et programme de campagne sont prêts et l’électeur est au cœur de notre préoccupation. Nous comptons donner les raisons aux Sénégalais de choisir la liste de Mankoo Taxawu Sénégal. Votre tête de liste est en prison. N’est-ce pas un handicap ? Le maire Khalifa Sall est effectivement en prison. Il faut d’abord dire qu’à travers cet emprisonnement, le régime en place a décidé de faire du Sénégal un pays où on se glorifie d’avoir des prisonniers politiques. La récente déclaration du Président Macky Sall rapportée par la presse face à des militants de Dakar est un aveu de taille sur la nature politicienne de cet emprisonnement. Je pense que les Sénégalais ont une occasion de refuser l’arbitraire en soutenant celui à qui on veut priver ses droits civiques et politiques. Nous n’avons pas de handicap avec son emprisonnement mais un combat à mener pour refuser l’injustice et l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Nous avons confiance dans la capacité de révolte des Sénégalais et surtout de la jeunesse. C’est une erreur de croire qu’on peut faire tout ce qu’on veut dans nos pays africains. Ce temps est révolu. Comme vous avez pu le constater : votre non-investiture a été presque un tsunami car la plupart des Sénégalais pensaient que vous alliez être reconduit grâce à votre comportement à la dernière législature. Pouvez-vous nous révéler à quel moment vous avez appris votre absence des listes ? Comment ? Et par qui ? L’histoire de ma non-investiture, c’était le jour de mon anniversaire. Je me souviens donc des moindres détails mais c’est une affaire qui, comme j’ai déjà eu à le dire, est derrière moi. Aujourd’hui, je me bats pour la victoire de la coalition Mankoo Taxawu Sénégal dont mon parti est membre. Je milite pour une nouvelle majorité à l’Assemblée nationale même si je ne ferai pas partie des députés qui la composeront. Le seul tsunami qui m’intéresse, c’est celui de voir la majorité actuelle céder la place à des patriotes soucieux des préoccupations des Sénégalais et capables d’apporter de vraies ruptures. Honnêtement, quel était votre sentiment ? J’ai le sentiment du devoir accompli et c’est pour moi le plus important. En dehors de l’Assemblée nationale, je continuerai le combat pour la défense des intérêts majeurs du peuple sénégalais car je suis foncièrement patriote. J’ai été très ému par l’élan de solidarité et de soutien des Sénégalais dans leur diversité et je les en remercie sincèrement. La cohabitation est-elle envisageable si les élections se tiennent à date échue ? Non seulement elle est envisageable mais elle est surtout souhaitable. Nous nous battrons pour une nouvelle majorité à l’Assemblée nationale. Il faut quand même dire que la majorité actuelle n’a pas de bilan. Elle doit par conséquent être sanctionnée. Il faut une nouvelle démarche qui prend en compte les aspirations des populations. Nous ne pouvons plus accepter que l’Assemblée nationale soit une caisse de résonance au service de l’Exécutif. Il faut de profondes réformes et au sein de la coalition Mankoo Taxawu Sénégal, nous avons beaucoup réfléchi sur ces aspects et avons un programme clair qui permettra à l’Assemblée nationale de jouer pleinement son rôle de représentation du peuple sénégalais et de jouir de ses prérogatives constitutionnelles.
MOR AMAR