Les épreuves de l’examen général du baccalauréat ont démarré hier, sur l’étendue du territoire. Au total, 147 597 candidats sont, et cela pour encore deux jours, à la quête du 1er diplôme universitaire. Même si aucun dysfonctionnement majeur n’a été noté et que les candidats ont jugé les épreuves ‘’abordables’’, il est difficile du côté des présidents de jury d’affirmer qu’il y aura de bons résultats.
L’heure est aux préparatifs pour la 2ème épreuve de la journée, à savoir l’histoire et la géographie, au centre du Collège des Cours Sacré-Cœur. En ce début d’après-midi du premier jour, les candidats, par petits groupes, discutent de tout : sujets, football, etc. Surveillants et présidents de jury s’affairent aux derniers réglages pour la distribution des épreuves. De temps en autre, ils se rendent dans les salles pour communiquer aux candidats les règles qui régissent les épreuves du Bac. Khalifa Gaye est le président du jury 1071 (Série L2) fort de 398 candidats dont 19 absents parmi lesquels 10 filles.
Revenant juste d’un tour de contrôle, il explique : ‘’Tout se passe bien, à part ces quelques absents notés. Les épreuves se déroulent normalement et tout est calme ici. On espère terminer comme ça’’, confie-t-il. Habituellement, il y a deux à trois surveillants par salle. Mais aux Cours Sacré-Cœur, on a mis à la disposition des jurys quatre surveillants pour chaque salle. ‘’Cela peut être un avantage pour pallier d’éventuelles tricheries. Mais ça peut aussi encombrer les candidats. Cependant, on va faire avec et faire en sorte que ces surveillants ne dérangent pas les candidats avec leur nombre’’, ajoute-il.
Téléphones portables, un problème très complexe
L’utilisation du téléphone portable est formellement interdite au sein des centres et à l’intérieur de la salle. A cette ère du numérique, M. Gaye souligne que cet outil de communication est un problème très sérieux, pendant le déroulement de l’examen. ‘’L’utilisation des téléphones est très complexe. Quand on parle de fraudes et de fuites, on pense souvent à des sujets d’examen qui sont corrigés et à la disposition des candidats avant l’épreuve. Ce qui se passe aujourd’hui, c’est qu’il peut exister un groupe de personnes qui essaient de tout faire pour avoir les épreuves, le jour, et les corriger pendant que les candidats composent afin de les leur envoyer par des moyens téléphoniques et autres’’, confie ce professeur de l’Université Assane Seck de Ziguinchor qui a été témoin des faits, il y a deux ans. Pendant qu’il siégeait au lycée Valdiodio Ndiaye de Kaolack, il a eu à coincer des candidats qui ‘’trichaient avec leur téléphone’’. ‘’C’est pourquoi on fait en sorte qu’il n’y ait pas de téléphone, ni d’entrées-sorties. Même si le candidat va dans les toilettes, il est accompagné par un surveillant. Il faut d’abord qu’il reste une heure dans la salle avant de sortir’’, dit-il.
Son collègue Assane Diakhaté, président du Jury 1073, mise sur la sensibilisation et le rappel à l’ordre. ‘’Moi, j’attire leur attention sur ça et toujours. Il faut le leur répéter à chaque épreuve, avec les procès-verbaux déjà écrits. On veille à ce qu’ils n’aient pas leurs téléphones portables. C’est très difficile et il faut vraiment que les candidats soient sensibilisés et que les parents aussi nous y aident. Qu’ils fassent en sorte que les enfants laissent les téléphones à la maison, ne serait-ce que pour les trois jours d’examen’’, préconise-t-il. Une idée qu’a également soutenue la présidente du jury 1078 au lycée Blaise Diagne, Aminata Sow. ‘’On doit veiller sur eux pour qu’ils ne tombent pas dans l’erreur. Parce que c’est 5 ans de carrière en l’air. Et ce n’est ni intéressant pour l’élève ni pour le parent’’, renchérit-elle.
Une année scolaire sans perturbation
Cependant, dans ces jurys, aucun incident du genre n’a été noté durant ce 1er jour d’examen. Les épreuves se sont déroulées sans incidents majeurs. Durant cette année scolaire aussi, il n’y a pas eu de perturbation. Cependant, les présidents de jury soulignent qu’il est difficile de se baser sur ce paramètre pour affirmer qu’il y aura de bons résultats. ‘’Cela dépend de plusieurs paramètres. Ce n’est pas seulement lié aux grèves. Dans des centres où il y a trop de candidats libres, il ne faut pas s’attendre à ce que les résultats soient bons.
Par contre, on peut espérer que, comme le programme est terminé, il y aura de très bons résultats. Le taux peut ne pas trop évoluer. On peut voir de très bonnes mentions’’, explique Khalifa Gaye, président de jury au Collège les Cours privés Sacré-Cœur. Selon lui, il faut également tenir compte des spécificités des années, surtout dans les repêchages et autres. ‘’Parce qu’on se disait que, comme l’année n’est pas normale, on ne peut pas se permettre de sanctionner un candidat pour des fautes qui ne sont peut-être pas trop graves. On tenait vraiment en compte tout cela, au moment de délibérer. Maintenant, cela peut être aussi un contrecoup pour les candidats. Car, on va se dire que, puisqu’il n’y a pas eu de perturbation, on ne peut pas accepter certaines choses. Bon, on va attendre de voir ce qu’on aura comme résultat, afin de savoir ce qu’on va décider dans les jurys’’, confie Khalifa Gaye.
Ce professeur de l’université de Ziguinchor attire l’attention sur certaines différences entre les écoles publiques et les écoles privées. Souvent les candidats du public ont une moyenne générale en classe de 9 et plus et passent à l’examen. ‘’C’est tout le contraire pour ceux de certaines écoles privées, où les candidats peuvent avoir des moyennes de 12 et plus en classe et échouer à l’examen’’. Pour dire ‘’qu’il n’y a pas de cause à effet entre les grèves et les mauvais résultats. Le quantum horaire dont on parle souvent, je pense que c’est à revoir. Les conditions d’examen sont aussi à revoir’’, soutient Assane Diakhaté, son collègue de l’université Assane Seck.
Pour leur part, les candidats ont reconnu qu’ils ont eu une ‘’bonne année scolaire’’ et les épreuves sur lesquelles ils ont déjà composées ont été abordables. ‘’On a fait une bonne année scolaire. Il n’y a pas eu trop de perturbations. Comme d’habitude, nous les élèves, nous n’osons pas affirmer clairement que tout est facile, vu que nous ne savons pas comment seront les correcteurs. Raison pour laquelle nous sommes un peu stressés’’, témoigne Mamadou Diop, trouvé au centre du Collège Sacré-Cœur.