Le Directeur régional du développement rural de Kaolack est revenu largement sur la production arachidière, la qualité et la quantité des semences dans le Saloum. Selon Youssoupha Guèye, les graines sont loin d’être mauvaises, elles sont même à la porte de la perfection.
Certains paysans se plaignent de la qualité des semences données par l’Etat, cette année. Qu’en pensez-vous ?
Effectivement ! C’est un sujet qui revient, parce qu’on l’a déjà abordé. Nous avons observé durant la campagne qu’il y avait un arrêt précoce de la pluviométrie et les effets néfastes ont concerné la deuxième partie de la troisième vague de semis et la quatrième vague. Durant la commercialisation, on a constaté que le premier jet qui a été mis sur le marché était constitué des graines qui n’étaient pas très légères. Comme vous le savez, nous suivons la production de semences à partir des champs jusqu’au laboratoire pour une certification
. Nous avons pris des échantillons que l’on a amenés au laboratoire, analysés et ce que l’on a observé, c’est que l’arrêt précoce de la pluviométrie n’a pas eu beaucoup d’effets sur les semences certifiées. Cette année, on a collecté environ 14 000 tonnes et si vous constatez, durant la commercialisation, on avait environ 106 000 tonnes de collectées dans la région dont les 35 000 tonnes étaient collectées par les usines uniquement dans la région de Kaolack. Si vous prenez les usines tout venant, c'est-à-dire les graines que l’on a amenées à partir de toutes les régions, on constate que les usines sont au-delà de 90 000 tonnes.
La campagne passée est une campagne dont on a constaté une baisse sensible par rapport à la production arachidière dans la région de Kaolack, moins de 3% ; et une hausse de la production céréalière. Quand on doit couvrir les besoins de la population, le calcul se fait sur la base de 180 kg par personne et par an, selon les normes de la FAO. D’autres vous diront, comme les nutritionnistes : on va prendre la norme de 1400 calories ; mais nous calculons sur la base de 180 kg par personne et par an. Et cette année, dans la région de Kaolack, on avait une couverture des besoins céréaliers estimés à 123%.
Cela vient combler le déficit que l’on a de la production arachidière. Les usines, cette année, ont de l’arachide. Pour la semence, on a collecté près de 14 000 tonnes et ces semences collectées sont retournées à la population. Ce que l’on privilégie, c’est que si les semences sont produites localement, qu’elles restent localement. Ce sont les mêmes producteurs qui produisent les semences que l’on suit, homologue à partir du laboratoire et certifie. Ils prennent ces semences, les redistribuent à la même population. Actuellement, on n’a pas de souci par rapport aux semences. On n’a pas eu de protestations pour la mise en place, en tout cas pour l’instant, dans la région de Kaolack. Nous continuerons à prier pour avoir un bon hivernage.
Ils disent que c’est la mauvaise récolte de l’année dernière qui leur est redonnée. Qu’en est-il ?
Vous savez, généralement, pour l’arachide, ce sont les productions de semences à COPROSEM (Coopérative de production de semences certifiées). Par exemple, quand vous allez à Thiaré, c’est le producteur COPROSEM Thiaré qui va donner à Thiaré. Donc, c’est sûr que les producteurs ne vont pas accepter qu’on leur donne une mauvaise semence là-bas. En matière de semences, on est jusqu’à 98,99%, concernant les paramètres d’analyse pour la certification. Pour la germination, on peut aller de 80 à 100%, mais 100%, c’est du domaine divin. Nous, on se dit que si on est à 98, 99%, la semence est bonne. Même en statistique, la loi de précision maximale, c’est 95%. Pour cette année, nous n’avons pas de problème par rapport aux semences et si c’est le cas, on donne rendez-vous à l’année prochaine pour voir comment vont se comporter les cultures. Si vous avez des semences de très bonne qualité, de toute façon, il y aura toujours un pourcentage de matière inerte, un pourcentage d’impureté. Ce que l’on peut faire, c’est de s’approcher des 100%, c'est-à-dire les 98,99%.
Il y en a qui disent que le poids de l’arachide est léger, pourquoi ?
Dans toute chose, il faut faire un tri, parce que quand vous dites que la priorité spécifique, c’est d’enlever tout ce qui est impureté, graine cassée, légère, c’est que nous sommes à 98% de précision. Les 2%, c’est de l’écart de tri, parce que si on avait 100%, on aura 100% lourd. Comme on est à 98% lourd et 2% léger. Le fait que l’arachide soit légère ne justifie pas qu’elle ne va pas germer. C’est différent. Les variétés ne sont pas les mêmes. Le poids de 100 graines, on essaye de regarder la pureté spécifique, variétale, l’état sanitaire et le taux de germination. Ce n’est pas un paramètre que l’on regarde.
Est-ce que les cultivateurs ont accès aux semences ?
Bien sûr ! S’ils n’avaient pas accès aux semences, on n’allait pas avoir à Kaolack un pourcentage d’achat de plus de 56% pour l’arachide, parce que les gens achètent d’abord l’arachide. Elle est mise en place plus tôt que les espèces diverses et l’engrais. Les semences sont mises en place, très tôt. Donc, ils y ont accès. Dans les commissions, la vente est démocratique. Un intrus ne peut pas avoir une semence dans une commission, s’il n’est pas de la localité. C’est vraiment encadré par les commissions de réception mises en place par les autorités administratives.
Qu’est-ce qui est prévu pour l’année prochaine ?
L’année prochaine, nous espérons avoir une meilleure production que cette année et satisfaire les besoins de la population et de la demande du marché. Que ça soit ici ou à l’extérieur, le même scénario va se reproduire. L’Etat a beaucoup fait. Si vous regardez la mise en place des intrants et du matériel agricole, il a subventionné les semences à 50%. Le petit matériel agricole à 70% et le matériel motorisé à 60%. Cette subvention que l’Etat a mise pour la production agricole, c’est pour aider les producteurs. Cette année, le prix de l’arachide est revenu à 210 F CFA. L’Etat est en train de faire de gros efforts pour aider la population à relancer l’agriculture et atteindre les objectifs à travers son axe 1 qu’est la transformation de l’économie.
Qu’en est-il de l’engrais ?
Cette année, pour l’engrais, la mise en place a commencé depuis longtemps et actuellement dans Kaolack, nous avons une prévision estimée environ, pour le 06 20 10, à 3275 tonnes dont les 53% sont mises en place. Pour le triple, 15,40% sont mises en place sur 1975 reçues de notification. Pour l’urée, il y a une mise en place dans Nioro qui est estimée à 28%. Pour le 15 -10-10, la mise en place n’a pas encore commencé, mais ça peut se comprendre. Pour les espèces diverses aussi, la mise en place est en cours.
Pour le maïs, c’est 50%, pour le sorgho 14%, le niébé 19,8% et pour le riz dans le cadre du Programme national d’autosuffisance en riz (PNAR), nous avons une mise en place de 31%. Pour l’arachide, nous avons une mise en place presque de 100%, parce que nous avons reçu 9663 tonnes, soit 96% du total et la vente est à 56%. Ce que l’on a proposé aux producteurs, lors du dernier CRD, c’est d’accélérer la vente dans les SECCOS (magasins traditionnels) pour céder la place aux espèces diverses et à l’engrais. C’est la grande recommandation, parce que l’on a un petit déficit de structures de stockage. L’urée ne peut pas être stockée dehors, s’il pleut, ça s’évapore sous forme de NO3 et on n’aura plus d’ajout. Aux opérateurs aussi d’accélérer la mise en place de la formulation NPK 06 20 10, c'est-à-dire de l’engrais arachide. Pour les autres engrais, la mise en place continue et nous suivons. A l’heure où je vous parle, il n’y a pas de retard dans la mise en place, parce que ça a commencé bien avant la première pluie.
Pour la qualité qu’en est-il ?
Pour la qualité, on n’a pas de doute. Seulement, nous avons des commissions de réception et de cession qui ont été mises en place. Il y a une commission nationale dirigée par le ministre de l’Agriculture, une commission régionale dont le président est le gouverneur. Il y a des commissions dans chaque département. Dans les communes, il y a des représentants des sous-préfets qui sont les présidents de commission. Avant que la vente puisse commencer, ce sont ces commissions qui examinent les semences mises en place et s’ils estiment qu’elles ne sont pas de bonne qualité, elles attirent l’attention des autorités et les réfutent. Jusqu’ici, on n’a pas de semences réfutées dans Kaolack. Quand on me parle de qualité de semences, ça m’étonne. Tant que la commission n’a pas réfuté, on estime que les semences sont de bonne qualité.
AIDA DIENE