La Turquie verra-t-elle un jour son ambassade à Dakar trôner aux côtés du prestigieux hôtel Terrou Bi de Dakar ? Selon des sources proches du dossier, l'Etat du Sénégal cherche à convaincre les Turcs de changer de site; les passions étant trop fortes autour de la parcelle de 4 000 mètres carrés taillés pour la patrie d'Erdogan.
Depuis quelques jours, la place dakaroise est la terre de toutes les manœuvres pour sauver les meubles et éviter que la machine diplomatique ne se grippe. Hier, plusieurs rencontres ont eu lieu en secret, pour tenter d'apaiser la situation.
Il nous revient que le ministre de l'Intérieur Abdoulaye Daouda Diallo a eu de longs échanges avec le maire de Dakar Khalifa Sall dont le conseil municipal est sur le pied de guerre. Si rien n'a filtré de leurs discussions, il ressort qu'ils semblent bien animés de la volonté de dépasser la crise.
D'autre part, le ministre des Affaires étrangères s'est expliqué sur cette affaire à l'Assemblée nationale, après le vote par les députés de la loi sur le programme Emplois de Jeunes au Qatar. Mankeur Ndiaye a avancé que c'est le régime du Président Wade qui avait octroyé le terrain aux Turcs et que le pouvoir actuel, en vertu du principe de la continuité de l'Etat, doit respecter.
Cependant, il nous revient que le ministre des Affaires étrangères a lui aussi eu un tête-à-tête sur la question, avec l'ambassadeur de ce pays. Les autorités sénégalaises semblent tenir compte de l'Etat de l'opinion et cherche une solution qui arrange aussi la partie Turque. Selon une source proche du dossier, on n'est pas loin d'une solution de rechange.
La piste Aïdara Sylla
Si la proximité du site avec le parcours sportif semble expliquer certaines rigidités de la Mairie de Dakar, une solution de rechange, loin de ce périmètre, pourrait ainsi être trouvée. La piste Aïdara Sylla pourrait se révéler fructueuse. L'enquête de la Brigade des Affaires générales de la Division des investigations criminelles (DIC) avait révélé qu'Aïdara Sylla avait acquis à vils prix, près de 39 000 mètres carrés sur la Corniche ouest de Dakar, décidément au centre de toutes les convoitises.
L'enquête de la Division des investigations criminelles (DIC) avait établi en effet que plusieurs parcelles de terre ont été cédées à l'homme de confiance d'Abdoulaye Wade pour des sommes ''très en deçà de la valeur vénale réelle des terrains sur ce site à cette époque'', selon le témoignage de Ndiaga Thiam, conservateur de la Propriété foncière de Dakar Plateau. C'est le cas du TF °14415/DG.
Un terrain de 17 000 m3, situé sur la Corniche Ouest de Dakar, cédé à sa société dénommée Société de Promotion Touristique (SPT) au prix de 42,5 millions F Cfa, soit 2 500 F Cfa le m². Sa Société des Affaires et Services (SAS) a aussi bénéficié d'un terrain de 2ha 2a 47ca sur la Corniche Ouest à Dakar Plateau, au prix de 121,4 millions F Cfa. Ici, la SAS a ensuite mis le terrain dans la constitution du capital de Diappo Sarl, sur demande d’Alioune Aïdara Sylla.
Des terrains qui avaient par la suite été vendus à un privé, bien en place dans la galaxie de l'hôtellerie mondiale. L'Etat a mis la main sur ce patrimoine énorme qu’il lui appartiendra de redistribuer. Toute la question est de savoir si les Turcs vont accepter une "pièce de rechange'', eux qui n'ont jamais compris ''tout ce bruit'' alors qu'Ankara a taillé un terrain d'égale superficie pour le Sénégal, sur un site convoité.
Sous le Président Wade, plusieurs projets hôteliers ont en effet vu le jour sur la Corniche ouest dont la construction de l'hôtel Radisson ainsi que le Waterfront en cours de finalisation, dont le promoteur est le milliardaire Yérim Sow.
Les terrains ont été acquis dans des conditions jugées plus que nébuleuses, sous le régime du Président Wade. Waterfront s'étend sur 31 000 m² sur la Corniche ouest de Dakar et offre une vue imprenable sur l'Atlantique... C'est Teylium Properties qui a conduit le projet pour un investissement total de 30 milliards de francs Cfa.
Des promoteurs hôteliers ont pu accéder aux terres précieuses de la Corniche ouest dans des conditions obscures. Si pour certains, la politique consistant à donner la terre aux promoteurs ''est une bonne chose'' pour le Sénégal, beaucoup regrettent que les populations n'en profitent pas assez, après avoir été privées d'accès.