Mais pourquoi, la CENA et le gouvernement ont-ils tant peur et redoutent-ils tellement cette solution idoine du bulletin unique, qui est facile, transparent, fiable, peu onéreux, etc. et qui a fait ses preuves ailleurs ?
Mais notre CENA, elle dort debout ou quoi ? Après avoir dormi et été dans une léthargie toute cette longue période, comme si vraiment, de rien n’était, dans notre système électoral ? Ensuite, pour n’avoir pas tiré, après un examen attentif, toute l’expérience nécessaire des élections qui avaient eu lieu au cours de la période, aussi bien chez nous qu’ailleurs, en matière d’organisation électorale, on peut, objectivement, bien noter que la CENA a fait montre d’une carence impardonnable.
Ce qui prouve bien qu’elle n’a pas été à la hauteur de sa tâche. Par ailleurs, malgré toutes les alertes faites par de sages citoyens de bonne volonté sur les limites objectives de l’utilisation du bulletin individuel, dans le cas de plusieurs candidats, la CENA et l’Etat ont fait la sourde oreille, sur les suggestions qui leur ont été faites, sur cette question très épineuse.
Mais, combien de fois, depuis le magistère de Diouf, une solution avait été proposée en la matière, à savoir la substitution du bulletin individuel, si onéreux et compliqué, par celui unique, plus facile, rapide, transparent, moins coûteux et qui annihile les fréquentes fraudes électorales notées chez nous, etc. ? Et à présent, après avoir si longtemps, laissé faire sans même tenter aucune innovation ou modernisation de notre système électoral, les voici aujourd’hui, surpris par un flot ou trop plein de listes de candidats, 47. Et, comme dans un sursaut cauchemardesque, la CENA et le gouvernement viennent seulement se rendre compte de l’impasse du bulletin individuel, avec les 47 listes. Ils sont maintenant conscients, bien tardivement, qu’il va y avoir un véritable problème, casse-tête chinois, en laissant, poursuivre, les listes telles quelles. En effet, présentement, ils se posent la question de savoir comment faire pour que le vote puisse se dérouler, correctement, en une seule journée, sans anicroche ? Et en plus, ce qu’ils ne nous disent pas et nous le cachent aussi, c’est qu’ils sont sérieusement coincés au plan organisationnel comme matériel.
Et de surcroît, ils sont également confrontés à un énorme déficit financier par rapport à leurs prévisions financières initiales. Tous ces impairs, sont dus en vérité et essentiellement, à un entêtement ridicule et au refus incompréhensible d’entendre finalement raison, en prenant, humblement, en compte, les suggestions pertinentes qui leur avaient été faites. Car, pour eux, naïvement, la solution, de cette épineuse équation des 47 listes pour les élections législatives, se trouve tout simplement, ou plutôt, tout bêtement, en ce que l’électeur soit autorisé à ne prendre que 5 bulletins de son choix parmi les 47. Ce qui voudrait alors, bien dire, que nous aurons devant nous, en partie, un vote à visage découvert. Par conséquent, une violation de la loi, parce que celle-ci dit expressément et insiste particulièrement, pour que le vote soit obligatoirement secret ? Et, aucune modification, en catimini, de la loi ne pourrait légaliser cette violation aux graves risques et conséquences pour des élections apaisées.
Non loin de nous et récemment, le Burkina Faso nous a fourni un exemple éclatant et probant de l’efficacité du bulletin unique. Oui, le peuple burkinabé a pu régler effectivement sa grave crise dans le consensus et la tranquillité, après avoir chassé Blaise Compaoré du pouvoir. Il a pu organiser impeccablement, successivement et sans bavure à la face du monde, grâce au bulletin unique, ses deux élections la présidentielle et les législatives.
Voilà que, le président de la CENA et Cie ne nous proposent eux, comme leur ultime solution face à une équation à multiple inconnues, que l’électeur ait seulement droit de prendre 5 bulletins de vote, parmi les 47, pour accomplir son devoir civique.
Assurément, c’est très grave et même scandaleux. Car, même saurait été dans la jungle, les bêtes auraient rejeté totalement une telle proposition aussi débile, complètement antidémocratique et hors-la-loi.
Mais, ne dit-on pas d’ailleurs, généralement, que gouverner, c’est prévoir ? Par conséquent, dans le cas présent des législatives, la responsabilité du gouvernement est pleine et entière, et aucune excuse ne peut prévaloir en sa faveur.
Mais tout naturellement, cette proposition, logiquement, ne devrait pas être adoptée à l’unanimité, compte tenu de son caractère discriminatoire et exclusif d’une part et d’autre part, parce qu’elle est antidémocratique et non conforme à l’égalité des chances de tous les candidats. C’est donc, à juste raison, que certains candidats à ces élections se soient opposés catégoriquement contre elle. Et, même si celle-ci, dit-on, est en conformité avec le protocole additionnel de la CEDEAO, c’est une hérésie malgré tout. Et, un simple protocole ne peut être au-dessus de la loi a fortiori, une loi constitutionnelle.
En tout cas, il ne reste plus qu’une seule chance au gouvernement, pour sauver la face. Il s’agit alors pour lui, de saisir rapidement cette dernière opportunité, pendant qu’il est encore temps, qu’offre le bulletin unique. A savoir d’utiliser, en lieu et place, du bulletin individuel, le bulletin unique. Ainsi, le problème est résolu paisiblement, bien résolument économiquement et démocratiquement dans une légalité et égalité parfaites, à la bonne heure.
Un homme averti en vaut deux. Par conséquent, à bon entendeur salut !
Mandiaye Gaye