La perspective des législatives du 30 juillet prochain alimente de plus belle les quotidiens, à mesure que se précise l’ouverture de la campagne prévue dimanche.
Des quotidiens parvenus lundi à l’APS reviennent par exemple sur les mises en garde du président de la République Macky Sall à l’endroit des responsables investis par son camp à Dakar, avertissement résumé comme suit par le journal L’As : "C’est gagner ou périr".
"La bataille de Dakar aura bel et bien lieu. Et le chef de l’Etat n’entend pas perdre. Le cas échéant, il sévira de toutes ses forces contre les acteurs de son parti", l’Alliance pour la République (APR), écrit le même journal, revenant sur une rencontre entre Macky Sall et "une cinquantaine de responsables de la mouvance présidentielle triés au volet".
Le président de la République "a pris à témoin Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng, Aminata Tall et Mahammad Dionne, qu’il sera sans pitié en cas de défaite de Bennoo Bokk Yaakaar", la coalition formée par le parti au pouvoir et ses alliés, "face à une équipe dirigée +par quelqu’un qui n’est pas libre de ses mouvements+".
Il fait ainsi référence à l’édile de Dakar, Khalifa Sall, inculpé début mars pour des soupçons de mauvaise gestion et inculpé depuis à la Maison d’arrêt et de corruption de Rebeuss. Il a malgré tout été investi tête de liste de l’une des principales coalitions de l’opposition.
À la Une de Sud Quotidien, les termes de la mise en garde présidentielle ont varié mais la menace qu’elle sous-tend n’en est que plus précise. "Vous gagner ou on change d’équipe", affiche ce journal qui destine ce propos présidentiel aux ministres Amadou Bâ (Economie, Finances et Plan) et Abdoulaye Diouf Sarr (Gouvernance locale, Développement et Aménagement du territoire).
MM. Bâ et Sarr, dont les photos en médaillon illustrent la Une de ce journal à côté de celui du président Sall, sont les deux principaux responsables politiques sur lesquels le camp présidentiel compte s’appuyer pour remporter les élections législatives à Dakar. Il reprendrait ainsi la capitale des mains de son maire actuel, aujourd’hui une des incarnations de l’opposition sénégalaise.
"S’ils veulent garder leur portefeuille ministériel, ils n’ont qu’à remporter la bataille de Dakar face à Khalifa Sall et aux autres partis et coalitions en lice aux législatives prévues le 30 juillet prochain. Sinon, menace Macky Sall (….), tous les investis de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar de Dakar mais aussi tous les ministres et autres membres du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT) de Dakar, ils ne feront plus partie de la prochaine équipe gouvernementale", écrit Sud Quotidien.
"Je ne vous sens pas", leur a-t-il d’ores et déjà lancé dans des propos relayés par le quotidien L’Observateur, selon lequel le chef de l’Etat dit ne pas entendre "encore le bruit des bottes de ses troupes pour la bataille de Dakar", d’un enjeu "capital" pour Macky Sall.
Or, le retour annoncé à Dakar de Me Abdoulaye Wade, dans une perspective d’engagement dans la campagne électorale, "crée une panique au sommet" de l’Etat si l’on en croit Walfquotidien. "Le pouvoir redoute la participation d’Abdoulaye Wade à la campagne pour les législatives qui démarre le 9 juillet prochain", affirme le journal.
"Depuis l’annonce de son comeback au Sénégal, ajoute Walfquotidien, le pape du Sopi est sujet à lapidation médiatique révélatrice d’une panique au sommet. Désormais, la fin semble justifier les moyens de chercher vaille que vaille la petite bête au patriarche pour tenter de le disqualifier".
Dans le même temps, les journaux font état de désaccords persistants entre acteurs politiques, au sujet notamment du processus électoral. "Silence, on recule", affiche à ce sujet La Tribune.
"Aujourd’hui, on s’achemine vers de graves dysfonctionnements inhérents à une organisation approximative des législatives du 30 juillet prochain", écrit le billettiste de ce journal.
Il ajoute : "Avec des cartes d’électeurs non encore disponibles, une pléthore de listes, l’hivernage avec ses dégâts, les germes d’un désordre sont là. La démocratie sénégalaise tant chantée est de plus en plus chahutée".
Ainsi, Déthié Fall, un des responsables en vue du parti Rewmi de l’opposant et ancien Premier ministre Idrissa Seck, dénonce-t-il "un coup d’Etat", une position que Moussa Touré, un autre opposant, "relativise", résume Le Témoin quotidien.
M. Fall s’élève en particulier contre la proposition de la Commission électorale nationale autonome (CENA) autorisant les électeurs à choisir pour voter, 5 des 47 bulletins de listes en compétition pour une plus grande rationalisation du temps que le scrutin devrait prendre et permettre à un maximum de citoyens de s’acquitter de leur devoir citoyens vu la pléthore de listes.
"C’est un forcing, une violation flagrante de l’article l78 du code électoral", affirme Déthié Fall, dans des propos rapportés par Le Témoin quotidien. "La proposition de la CENA sur les 5 bulletins ne satisfait personne", mais les acteurs sont obligés de faire avec, laisse entendre, dans le même journal, l’ancien ministre Moussa Touré, président du parti Citoyens pour l’éthique et la transparence /Jarign Sa Reew (opposition).
Ousmane Sonko, le responsable de PASTEF (Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité), autre leader de l’opposition, renchérit à la Une de Vox Populi : "Allez voir qui étaient dans le consensus et vous comprendrez d’ailleurs qui parraine ces listes".
Enquête s’intéresse à l’hivernage 2017, à propos duquel il fait état d’une incertitude sur la qualité des semences. "Dans le Saloum et le Ndoucoumane, les paysans rejettent les semences de +mauvaise qualité+", rapporte le journal.
Le Soleil, sur un tout autre sujet, annonce que les titres fonciers sont "désormais accessibles aux Sénégalais", suite au vote, par l’Assemblée nationale, d’une loi sur la transformation des titres précaires, sachant que jusque-là, "seuls 122.000 titres ont été délivrés pour tout le Sénégal", selon le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, Amadou Bâ.