A quelques jours du lancement de la campagne électorale pour les Législatives du 31 juillet, des voix s’élèvent pour se demander comment Khalifa Sall, tête de liste de la coalition And Taxawu Senegaal, jusque-là en prison, pourrait jouir de son temps d’antenne. Ses avocats apportent des réponses.
Hier en marge de l’atelier de partage et de présentation du manuel de déontologie des magistrats, le ministre de la Justice s’est prononcé sur l’équation de la détention de Khalifa Ababacar Sall et la campagne électorale pour les Législatives du 30 juillet qui démarrent sous peu. Son propos a été laconique : ‘’la justice fera son travail’’, a-t-il répondu aux journalistes qui lui ont demandé d’expliquer aux Sénégalais dans quelles conditions le maire de Dakar pourrait jouir de son temps de parole dans les médias, en tant que tête de liste, lors de la campagne électorale prochaine, alors qu’il est en détention. Si le Garde des Sceaux n’a pas voulu trop s’avancer, ce n’est pas le cas des avocats du maire de Dakar.
‘’Tout cela relève de la responsabilité de l’Etat’’, met en garde Me El Mamadou Ndiaye. Car, selon son argumentaire, son client est en détention préventive et bénéficie encore de la présomption d’innocence. Il n’est pas condamné. ‘’A partir de ce moment, il jouit de tous ses droits civils et politiques, y compris le droit de vote, en tant que tête de liste pour battre campagne’’. Mais, poursuit la robe noire, il n’appartient pas à Khalifa Ababacar Sall de prendre les dispositions pour pouvoir battre campagne. Me Ndiaye demande à l’Etat du Sénégal de prendre pleinement ses responsabilités pour lui permettre d’exercer ses droits en tant que tête de liste.
Commentant la déclaration du ministre selon laquelle ‘’il faut laisser la justice faire son travail’’, l’avocat ironise : ‘’la justice fera son travail est une phrase que nous entendons souvent. Mais pour un dossier politique comme celui-ci, il est très difficile pour la justice de faire son travail, d’autant plus que nous savons qu’il y a la main de l’Etat du Sénégal derrière le dossier de Khalifa Sall’’. Pour autant, il espère voir son client sortir sous peu. ‘’Nous ne désespérons pas. Nous avons introduit deux recours et une demande de liberté provisoire sur la base d’une contestation sérieuse et une demande d’annulation de l’ensemble de la procédure, après que le juge d’instruction avait suivi mécaniquement les réquisitions du parquet. Mais puisque nous croyons être dans un Etat de droit, nous nous sommes pourvus en cassation, espérant que la Cour suprême dira finalement le droit, sous peu. Aujourd’hui, la procédure est pendante. Nous sommes dans la phase de la mise en état’’, renseigne Me El Mamadou Ndiaye.