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126 Migrants disparus dans un naufrage, 1 828 morts en 2017 - Le mal persiste en Méditerranée
Publié le vendredi 23 juin 2017  |  Enquête Plus
l’immigration
© Autre presse par DR
l’immigration en Méditerranée




Le drame des migrants continue en Méditerranée. En début de semaine, 126 personnes ont été portées disparues après un naufrage au large de la Libye. Quelques 1 828 migrants ont trouvé la mort depuis janvier 2017, en cherchant à traverser la Méditerranée. Difficile de faire face à ce phénomène social dont les conséquences sont lourdes.



Le large des côtes de la Libye est un tombeau pour les migrants clandestins. En début de semaine, l’Organisation internationale pour les migrants (OIM) a dénombré, au moins, 126 migrants portés disparus. Ce drame humain fait suite au naufrage de leur embarcation de fortune. Selon le récit de quatre survivants, quelque 130 migrants, dont beaucoup de Soudanais, avaient embarqué en Libye à bord d’un canot pneumatique qui a fait naufrage au bout de quelques heures de navigation. Seules quatre personnes, deux Soudanais et deux Nigérians, ont pu être récupérés sains et saufs par des pêcheurs libyens, a précisé Flavio Di Giacomo, porte-parole de l’OIM. Et ils n’ont pas été ramenés sur la côte libyenne, mais confiés à une autre embarcation transportant aussi des migrants, se trouvant sur leur passage, a signalé le porte-parole de l’OIM.

Quelques heures après leur départ depuis les côtes libyennes, leur canot pneumatique a été intercepté par des trafiquants qui, dit-on, ont dérobé le moteur de l’embarcation. Conséquence : ‘’Très vite, le canot déjà surchargé a commencé à prendre l’eau avant de couler’’, a raconté Flavio Di Giacomo, citant le récit fait par les deux survivants soudanais avec qui l’OIM a pu entrer en contact. L’institution onusienne de faire savoir que quelque 1 828 personnes ont trouvé la mort, depuis janvier 2017, en cherchant à traverser la Méditerranée. Au total, calcule-t-on, plus de 65 000 personnes, dont des milliers de femmes et d’enfants, ont déjà débarqué depuis le début de l’année sur les côtes italiennes.

La mafia italienne exploite les migrants

Il faut dire que l’Italie continue d’accueillir chaque jour des migrants sur son sol. Ces derniers sont souvent sauvés au large de la Libye. Ce phénomène massif –près de 200 000 migrants débarqués en 2017- s’accompagne de l’exploitation de cette misère par des réseaux peu ‘’scrupuleux’’ et même par la ‘’mafia’’. En Calabre, à l’extrême-sud de l’Italie, tout un marché de travail s’est mis en place autour des migrants africains. ‘’Exploités’’ dans les champs, ils sont des mains d’œuvre à bon marché.

Dans la campagne aride de Calabre, les ouvriers sont logés sous des tentes ou dans des blocs de béton bâtis à la va-vite, sans eau, sans électricité. On aperçoit ces Africains dans les champs alentour : certains gardent les troupeaux, la plupart font les récoltes. Agrumes et pommes de terre l’hiver, tomates l’été. ‘’Tous les jours, on se réveille à 5h du matin, témoigne ce Gambien, âgé de 40 ans, qui parle sous anonymat. On attend à des carrefours que les caporaux viennent nous prendre. Le travail est très dur. Tu fais la cueillette 10 heures par jour. Parfois, on a des contrats, mais ce sont des bouts de papier qui n’ont aucune valeur. Il peut être écrit 40 euros dessus et tu es payé la moitié. Ils t’exploitent le plus possible’’, s’est-il confié au journal français ‘’Libération’’.

Personne ne dénonce et pourtant la situation empire, s’insurge le procureur Marisa Manzini qui, grâce à une récente loi votée à l’automne, a démantelé toute une filière le mois dernier, fait interpeller 16 personnes dans la province de Cosenza. ‘’Dans cette affaire, les gérants faisaient office d’intermédiaires. Ils sélectionnaient les hommes à envoyer au travail pour le compte de patrons agriculteurs. Pire, nous avons la preuve que ces gérants ont vendu des migrants à des exploitants agricoles. Il y a, en plus, une circonstance aggravante : ces gens-là sont payés par l’Etat pour gérer le centre d’accueil, à hauteur de 35 euros par jour et par migrant’’, avance-t-elle. En Calabre, la ‘’mafia’’ locale est accusée d’avoir infiltré l’un des plus grands centres d’accueil du pays et détourné des millions d’euros. A cette date, souligne-t-on, l’Italie accueille plus de 177 000 demandeurs d’asile. Et le système d’accueil ne tient plus le choc.

8 milliards d’euros, d’ici 2020, pour freiner l’afflux de migrants

L’année dernière, la Commission européenne a présenté, devant le Parlement, un ‘’nouveau cadre de partenariat sur la migration’’. Ledit plan prévoit jusqu'à 8 milliards d’euros d’ici 2020, pris sur des fonds déjà existants, mais incluant un critère nouveau : la coopération des États pour freiner l'afflux de migrants vers l'Union européenne (UE) par la Méditerranée. Le Mali, le Sénégal et le Niger faisaient partie des premiers pays bénéficiaires visés.

L’objectif de ce nouveau mode d’allocation des aides européennes est de s’attaquer aux ‘’causes profondes’’ des migrations, indiquait le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans. Il s’agissait aussi d’obtenir des pays africains, comme cela a été fait avec la Turquie, qu’ils luttent davantage contre les passeurs et acceptent beaucoup plus de ‘’réadmissions’’ de leurs ressortissants. Moins de 40% des migrants irréguliers ayant reçu dans l’UE l’injonction de retourner dans leur pays le font effectivement, selon des chiffres datant de 2014, en partie en raison d’un manque de coopération et de moyens des pays d’origine.

L’ambition de ce nouveau plan était déjà au cœur du sommet de La Valette, qui avait réuni en novembre à Malte des dirigeants des deux continents. La Commission avait alors mis sur la table un fond de 1,8 milliard d’euros, que les États membres étaient censés doubler, ce qui est encore loin d’être le cas.

PAPE NOUHA SOUANE
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