Le gouvernement a lancé hier l’initiative ‘’quartier zéro déchet’’, la plate-forme ‘’setal 2.0’’ et la cellule de veille surveillance et sensibilisation afin d’impliquer les populations dans l’assainissement de leurs localités.
Dakar est sale et les autres régions du Sénégal ne sont pas mieux loties. De ce fait, le gouvernement du Sénégal multiplie les initiatives pour venir à bout de l’insalubrité chronique. Il a lancé hier l’initiative ‘’quartier zéro déchet’’, la plate-forme ‘’setal 2.0’’ et la cellule de veille de surveillance et sensibilisation. Ces projets vont permettre, espère-t-il, aux acteurs communautaires d’assainir leurs collectivités. Selon le Premier ministre qui a présidé la cérémonie de lancement, l’émergence économique ne peut se concevoir sans la salubrité qui est même un indicateur important de développement.
C’est la raison pour laquelle, dit-il, le gouvernement mobilise chaque année des moyens importants (12 milliards) qu’il met à la disposition des collectivités territoriales de la région de Dakar pour régler ce problème lancinant. Malgré cette manne financière, il fallait auparavant, dès le mois d’octobre, faire la course pour mobiliser des rallonges budgétaires. ‘’Aujourd’hui avec les performances de l’Unité de coordination de la gestion des déchets solides (l’Ucg), avec les 12 milliards, vous avez atteint des taux de collecte et de couverture de 85,7%, dans le département de Dakar. Et avec ce même montant, vous êtes en train de régler le problème de l’insalubrité au niveau national’’, a déclaré Mahammed Boun Abdallah Dionne.
Selon le Premier ministre, la mise en service de la mission de veille et de surveillance ainsi que le lancement de la plate-forme setal 2.0 visent une dimension sociale pour une économie solidaire. Ils vont également accompagner les acteurs dans la mise en place d’un système communautaire de gestion intégré et durable des déchets solides. ‘’La salubrité, c’est une question de vision. Cela s’inscrit dans la voie de l’émergence. C’est une question importante à travers le développement local. Le développement ne peut pas se concevoir sans la salubrité’’, a-t-il fait savoir.
Ainsi, il a demandé à l’UCG de prendre des mesures particulières pour régler les problèmes des zones qui sont souvent oubliées et qui sont importantes. Ce sont les îles qui ont comme soucis majeurs : l’eau et l’insalubrité. Il a également exhorté le ministre de l’Industrie et des Mines, ainsi que le ministre de l’Environnement, à travailler en synergie avec celui des Collectivités locales pour le traitement définitif de Mbeubeuss.
‘’Nous allons acheter les matières récupérées dans ces quartiers’’
Le coordonnateur de l’UCG a souligné que ces initiatives permettent de mettre les populations au cœur du dispositif de propreté, parce qu’ils veulent changer de paradigme. C’est-à-dire passer de la gestion des déchets à la gestion de la propreté. ‘’Nous voulons que nos communes soient propres. Sur ce, il faut que les populations, les acteurs communautaires jouent leur partition. Ce sont des initiatives propres aux populations’’, a soutenu Ibrahima Diagne. Le Setal 2.0 a-t-il expliqué, est une plate-forme numérique qui va permettre aux populations d’exercer un contrôle citoyen sur le dispositif. Elles ont la possibilité de relayer les dysfonctionnements du système par appel téléphonique, par une application web ou une application mobile. Quant à la cellule de veille, elle permettra d’engager des actions préventives. ‘’Elle va surveiller là où il y a les dépôts, et sensibiliser les populations par le biais des délégués de quartier.’’
Pour l’aboutissement de tout ce travail, tout le matériel de nettoiement sera mis à la disposition des acteurs communautaires de quartier. ‘’On va mettre à leur disposition également des poubelles réglementaires. On sait que c’est une disposition législative. Le code de l’hygiène préconise l’utilisation de poubelles réglementées. Mais malheureusement à Dakar, il n’y a pas plus de 15% de la population qui l’utilise. Ce qui a des incidences négatives sur la santé, mais aussi sur le dispositif’’, a souligné M. Diagne. Il est également prévu un programme de renforcement de capacité. ‘’Nous voulons inverser la tendance. On va former les acteurs et faire d’eux des ambassadeurs, des relais de la sensibilisation. Avec les industriels de la valorisation des déchets, nous allons acheter les matières récupérées dans ces quartiers’’, a-t-il précisé.
VIVIANE DIATTA