Dakar, 17 juin (APS) – "D’importants acquis" ont été réalisés par l’Assemblée nationale depuis l’indépendance même si des défis de taille doivent encore être relevés, a affirmé samedi le Professeur Ismaïl Madior Fall, spécialiste du droit constitutionnel, ministre-conseiller à la présidence de la République.
‘’Il y a des acquis importants lorsqu’on fait aujourd’hui le bilan du fonctionnement de l’Assemblée nationale, de l’indépendance à nos jours. Mais, il y a des défis importants à relever’’, a-t-il soutenu.
Le Pr Fall animait une conférence organisée par les cadres de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY, mouvance présidentielle), sur le thème : ‘’Rôle et place du député dans un régime parlementaire’’.
Cette conférence a été modérée par le président du Haut Conseil des collectivités territoriales (HCCT), Ousmane Tanor Dieng. Elle a vu la présence de plusieurs ministres, députés et de divers acteurs politiques et de la société civile.
‘’’Nous avons eu cette conférence vu qu’on est à la veille des élections législatives, a-t-il fait remarquer’’. Il estime qu’il était ‘’important de revisiter l’Assemblée nationale’’, en essayant de voir au niveau de l’institution pas seulement pour cette législature, mais depuis l’indépendance, ce qu’il y a eu comme acquis dans l’organisation, le fonctionnement et le rôle que l’AN joue dans le système politique sénégalais.
‘’Il a été aussi question de voir quelles sont les insuffisances, ses faiblesses ; et à partir de là, déterminer les défis à relever, notamment pour la future Assemblée nationale’’, a-t-il encore expliqué.
‘’Nous avons dans l’ensemble, une Assemblée nationale
performante avec une institution forte qui n’a jamais eu de rupture, ni de discontinuité, avec une infrastructure parlementaire et une tradition parlementaire qui fait office de référence dans la sous-région’’, a-t-il vanté.
Il a établi ce diagnostic à partir de l’analyse des quatre fonctions classiques de l’Assemblée nationales : la fonction de représentation du peuple, la fonction de légiférer les lois, la fonction du contrôle et du suivi budgétaire et celle de l’évaluation des politiques publiques.
Cependant, il est d’avis que pour la prochaine législative, les nouveaux députés doivent s’employer à avoir une charte de réformes en profondeur de l’Assemblée, pour la hisser à la fois au niveau des standards parlementaires, mais surtout, la hisser tout simplement au niveau de la démocratie sénégalaise.
L’Assemblée nationale doit par exemple s’atteler à perfectionner son arsenal juridique, tel que prévu par la réforme constitutionnelle du 20 mars 2016, qui prévoit que le règlement intérieur de l’AN devienne une loi organique, a-t-il soutenu.
‘’Dans la prochaine législature, il est important que cette loi organique soit adoptée parce qu’elle va permettre de régler toutes les lacunes, tous les problèmes, tous les dysfonctionnements, toutes les insuffisances qu’on a observés pendant les législatures précédentes’’, a-t-il indiqué.
M. Fall aussi mis l’accent sur la nécessité d’instaurer la règle de la bonne gouvernance interne à l’AN à un moment où la bonne gouvernance et la transparence ont envahi tous les secteurs de l’Etat.
‘’Aujourd’hui, les gouvernements sont évalués et les documents publics, publiés. Nous sommes dans un contexte où l’AN doit se soumettre au contrôle des institutions supérieures de contrôle, comme la Cour des comptes’’, a-t-il fait remarquer.
Il a en outre plaidé en faveur de la mise en place d’une expertise appropriée pour appuyer et accompagner le député, qu’il trouve relativement seul dans l’exercice de sa mission.
‘’Il est temps, notamment avec la prochaine législative, que l’AN du Sénégal recrute des experts parlementaires de haut niveau spécialisés dans la plupart des domaines de la vie, pour accompagner les parlementaires. C’est comme ça que les députés pourront faire leur travaille’’, a-t-il soutenu.
Enfin, Ismaila Madior Fall trouve qu’il est également important que l’AN relève le pari de la communication sociale pour endiguer toute suspicion à son égard en mettant l’opinion au courant de ses différentes opérations.
‘’C’est ce défi de la communication sociale qui permet à l’AN d’être en contact avec les citoyens, avec les organisations de la société civile et finalement d’exposer, de mettre en évidence devant l’opinion, ce qu’elle est en train de faire’’, a-t-il jugé.
Il affirme que ‘’le défi de la communication sociale va contribuer à crédibiliser l’AN et les députés’’.
MK/ASG