Les Entreprises d’Ingénierie Conseil jouent un rôle important dans le développement du tissu économique du pays. A ce titre, elles espèrent l’accompagnement de l’Etat et l’accès aux marchés accaparés par les bureaux étrangers.
L’accès aux marchés est le casse-tête des entreprises d’Ingénierie Conseil du Sénégal. C’est le constat fait par Mamadou Daffé, le Président de l’association de professionnels de l’Ingénierie Conseil du Sénégal et Directeur de l’Entreprise du Génie Conseil sénégalaise IDEV-IC, hier, lors d’un forum. Qui visait à faire connaître aux acteurs publics la place et le rôle des entreprises d’Ingénieur Conseil (IC) dans la mise en œuvre des politiques publiques et le développement. Ces entreprises participent à la conception, la construction et la gestion des différentes composantes socio-économiques. Selon Mamadou Daffé, malgré les chiffres d’affaires enregistrés en 2014 et 2015 qui tournent autour de 5 323 000 000 F CFA et 6 652 000 000 F CFA sur le PIB, et la création de 300 emplois permanents, la profession souffre de l’absence de politique d’accompagnement de la part de l’Etat.
Ainsi, regrette-t-il, l’expertise nationale est laissée en rade au profit de celle étrangère. Alors que, poursuit-il, ‘’nous créons des emplois qualifiés, car nous recrutons au niveau Bac+ 4 ans des techniciens ingénieurs. Nous occupons une place importante dans le tissu économique du pays. Qui, malheureusement, ne nous est pas donnée, puisque nous nous sentons marginalisés par rapport à l’expertise étrangère’’, dit-il. Mamadou Daffé constate que les marchés sont de préférence attribués aux étrangers.
Vers la création d’un ordre des entreprises d’ingénierie conseil
Cette question des marchés demeure, à son avis, une question d’orientation politique, car un code des marchés publics est mis en place. ‘’Cette volonté devrait pouvoir faire en sorte que le développement soit assuré par les ressources nationales. Ce n’est pas tout à fait le cas. Parfois, nous compétissons avec des cabinets qui sont beaucoup plus âgés que nous’’, souligne-t-il, tout en souhaitant que la préférence nationale prévale. Le directeur général de SONED AFRIQUE, Mazide Ndiaye, le conforte dans ses dires. Lui voit surtout un mépris des bureaux nationaux par rapport aux étrangers. ‘’C’est dans notre domination culturelle que l’expertise étrangère soit privilégiée’’, dénonce-t-il. M. Ndiaye estime qu’au Sénégal, ce n’est pas la ressource de qualité en ingénierie qui manque, car depuis le temps de Senghor, des ingénieurs de qualité sont formés. ‘’Ce complexe nous pourrit, d’autant plus que notre pays ne nous montre pas un intérêt, alors que le mérite est là’’, s’offusque le directeur général de SONED AFRIQUE.
Mamadou Daffé revient pour énumérer les enjeux et perspectives du secteur. C’est ainsi qu’il évoque qu’ils subissent une fiscalité non adaptée à la réalité du terrain. Il note une absence du terme génie conseil dans le Code des impôts. ‘’Ce métier est assimilé à d’autres, sans revêtir la même réalité. Il y a évidemment le retard de paiement’’, laisse-t-il entendre. En outre, il vise à asseoir un ordre, afin de réglementer leur propre vie interne. Cela va permettre le respect des normes techniques, des prix, un décret qui va combler le vide juridique.
AIDA DIENE