Les députés ont adopté vendredi à l'unanimité un projet de loi autorisant le président de la République à ratifier l'accord signé avec le Qatar en vue de la règlementation de l’emploi des travailleurs sénégalais attendus dans ce pays du Golfe.
Par la ratification de cet accord signé entre les deux pays en décembre dernier, le Sénégal offrira l'opportunité à des milliers de jeunes formés dans plusieurs métiers d’aller faire valoir leurs compétences au Qatar, explique un rapport de l’Assemblée nationale.
L’encadrement législatif de cette migration permettra d’avoir des statistiques concernant les travailleurs sénégalais devant se rendre dans ce émirat du Golfe, selon le rapport parlementaire lu par la députée Sokhna Dieng Mbacké, lors de la séance plénière consacrée à l’examen de cet accord.
Mais, les députés ont demandé au gouvernement, représenté par le ministre des Affaires étrangères Mankeur Ndiaye, de satisfaire la demande du Sénégal en sages-femmes, quelque 2.000 d’entre elles étant sollicitées au Qatar.
''L'Etat doit privilégier le recrutement des 2.000 sages-femmes dans nos structures de santé, au lieu de penser à les exporter au Qatar. Il faut satisfaire la demande locale, avant d'envoyer des sages-femmes au Qatar'', a plaidé le député Mamadou Diop Decroix du groupe des Libéraux et démocrates.
Certains de ses collègues ont soutenu ce plaidoyer. ''Nous demandons simplement un recrutement massif dans nos'' établissements de santé, a affirmé Elène Tine du groupe Benno Bokk Yaakaar (BBY, majorité).
Elle s’est toutefois réjouie de l’accord signé entre Dakar et Doha en vue de la migration d’une main-d’œuvre sénégalais au Qatar. ''Le Sénégal peut être preneur si les résultats escomptés profitent aux deux Etats'', a-t-elle ajouté.
''Le Qatar reçoit énormément de travailleurs en provenance d'Asie, en particulier du sous-continent indien. Le Sénégal a le potentiel pour répondre à ces besoins. Par exemple, nous avons 2.000 sages-femmes diplômées, qui chôment. C'est donc, une opportunité à saisir'', a-t-on écrit dans le rapport préparé par les députés pour l’examen de l’accord de coopération.
Mankeur Ndiaye a rassuré les députés ayant exprimé des réserves sur la migration de travailleurs sénégalais au Qatar. ''En ce qui concerne le recrutement, chacun peut être rassuré. La Chambre de commerce du Qatar va recenser les besoins. Nos deux ambassades vont ensuite y travailler, et il y aura un comité de sélection'' des travailleurs concernés, a-t-il expliqué.
Il précise que l'accord de coopération, valable pour une durée de trois ans, est ''renouvelable par tacite reconduction'' et ''instaure un cadre légal et réglementaire de l'emploi de travailleurs sénégalais dans l'Etat du Qatar, conformément aux lois et règlements en vigueur dans les deux pays''.
S'agissant de la protection des travailleurs sénégalais, Mankeur Ndiaye affirme que ''bonne note a été prise au sujet de [leur] accompagnement'' et de ''leur retour au pays, par la mise en place d'un fonds de soutien et de réinsertion'' dédiés aux futurs migrants.
L’accord entre en vigueur à partir de la date d’échange des instruments de ratification entre les deux parties, autrement dit, quand les deux pays recevront chacun les mesures prises de part et d’autres pour encadrer cette coopération.
''Il est normal que, en cas de différend, la législation du Qatar soit appliquée, et que la justice qatarienne soit compétente'', indique le rapport parlementaire, citant Mankeur Ndiaye, lors des travaux de commission.
Les autorités sénégalaises enverront un inspecteur du travail à l'ambassade du Sénégal au Qatar, selon M. Ndiaye. Cet inspecteur sera chargé de veiller au respect de la législation du travail sur laquelle les deux pays vont s’entendre.