Le concours a démarré bien avant l’anticipée de philosophie.
Grâce aux fuites, certains élèves ont eu une longueur d’avance sur leurs camarades. En attendant que l’inutile enquête annoncée par l’Office du BAC ne confirme ce que beaucoup savent déjà, quelle réponse donner aux futurs candidats malheureux qui vont, à coup sûr, s’estimer lésés ?
Comment le sujet d’examen, qui était attendu sur des copies à distribuer aux milliers de candidats le 7 juin dernier, a réussi à s’afficher sur des portables via WhatsApp ? Répondre à cette question lui paraissant beaucoup plus difficile que l’ont été les épreuves pour les élèves, Babou DIAKHAM a voulu noyer le poisson. Face à la presse, le directeur de l’Office du BAC s’est accusé en voulant se récuser. «Pour le moment, nous menons des investigations. Une plainte contre x est déposée par le ministère de l’Enseignement supérieur. Maintenant, si c’est avéré, nous allons vous dire. Mais si ce n’est pas avéré, nous allons porter plainte contre x pour diffusion de fausses informations», a-t-il soutenu. Pour Babou DIAKHAM, il fallait orienter le débat et mettre à l’index la presse qui a relayé ces fuites. Mal lui en pris. Ce sont les enseignants eux-mêmes qui vont lui porter l’estocade.
En effet, face à la presse, la Coordination des examinateurs de philosophie, en phase avec le SAEMS et le CUSEMS, a confirmé l’existence de fuites. Abdoulaye NDOYE, secrétaire général du Cadre unitaire des syndicats d’enseignants du moyen secondaire (CUSEMS), a expliqué comment ils en ont été saisis. «Nombre de collègues ont eu la surprise de constater que le sujet n°1 proposé aux candidats des séries L, intitulé ‘La connaissance conduit-elle nécessairement à la liberté ?’, correspondait mot pour mot au sujet sur lequel ils ont été interpellés, la veille, par des élèves jusqu’à des heures indues. Nombre d’élèves, on ne sait comment, qui étaient en possession de ce sujet, l’avaient partagé par sms ou via Whatshap avec des amis. Certains d’entre eux l’avaient envoyé à leurs professeurs ou étaient partis chez eux pour qu’ils le leur expliquent ou traitent le sujet. Ainsi, en divers endroits du pays, des collègues ont été interpellés comme en attestent incontestablement des messages et appels reçus sur lesquels nous exposerons plus amplement», a-t- déclaré.
Des accusations claires et nettes ne souffrant d’aucune ambigüité et face auxquelles, la première personne interpellée n’est autre que Babou DIAKHAM, dont les services sont les seuls à pouvoir connaitre les sujets. Pourtant, ce n’est pas le seul couac noté. Au Lycée Coumba Ndoffène DIOUF de Fatick, les élèves n’ont pu commencer l’examen qu’après 9 heures. Jusqu’à 8 heures, les examinateurs n’avaient toujours pas les sujets qui leur seront envoyés par la suite par mail. Et le temps qu’ils soient tirés, certains candidats ont pu communiquer avec leurs amis des autres régions.
Autant de manquements graves qui auraient, dans un pays qui se respecte, coûté et son poste et sa crédibilité au directeur de l’Office du BAC mais qui risquent de passer par pertes et profits. Le Sénégal s’accommodant de plus en plus avec la triche. Comme le souligne pertinemment le secrétaire général du Syndicat autonome des enseignants du moyen et du secondaire du Sénégal (SAEMSS). «En décidant de porter plainte contre les lanceurs d’alerte, il prend la mauvaise route. Nous n’accepterons plus que les auteurs puissent bénéficier de la bénédiction de l’Etat pour sacrifier les innocents. Parce que, jusqu’à présent, on peine à découvrir les auteurs de la fraude sur le cas des élèves-maîtres. Il y a aussi le concours général de Mathématiques. Ces faits commencent à ternir l’image de notre pays. Si notre pays a une réputation de tricherie, nos étudiants qui iront à l’étranger ne seront plus respectés», a déclaré Sawrou SENE.
La position de quelques individus va encore primer sur l’image du Sénégal et l’égalité de ses citoyens.