Reprendre les épreuves anticipées de philosophie pour la série L. voilà ce qu’exigent le Saems et le Cusems. Les deux syndicats qui étaient hier en conférence de presse ont invité les profs de philo à ne pas corriger les copies et exigent une enquête diligente.
Le Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire (Saems) et le Cadre unitaire des syndicats du moyen secondaire (Cusems) exigent la reprise des anticipées de philo, organisées le 7 juin dernier. En conférence de presse hier, ils ont également invité les profs de philo à cesser toute forme de collaboration avec l’Office du bac. Les deux organisations se sont définitivement fait une religion à propos de la fuite. Le Secrétaire général du Cusems, Abdoulaye Ndoye, lisant le texte liminaire, estime qu’il s’agit là de ‘’faits d’une extrême gravité qui ont entaché le déroulement des épreuves anticipées de philosophie des séries littéraires’’.
Les syndicalistes affirment que des enseignants de la matière ont reçu des messages venant de leurs élèves ‘’jusqu’à des heures indues’’, leur demandant des explications sur un sujet. Il se trouve que ce sujet (numéro 1) correspond ‘’mot pour mot’’ à celui qui a été soumis à la réflexion des candidats lors des examens. En attestent, disent-ils, les sms reçus le mardi 6 juin à 19h 46mn, 21h 03mn et 21h 35 par différents enseignants. Sans compter celui du 7 juin reçu à 6h 21mn. Il s’y ajoute que, renchérit-on, ‘’nombre d’élèves, on ne sait comment, étaient en possession de ce sujet, l’avaient partagé par sms ou via WhatsApp avec des amis’’.
D’autres étaient partis voir leur professeur à leur domicile pour solliciter des explications sur le même sujet. Des faits qui ont été notés non pas dans un seul endroit, mais dans différentes localités du pays. Ce qui confirme à leurs yeux le caractère national de la fuite. Mais Pour l’instant, les syndicalistes ne veulent pas donner plus de détails sur ces dits lieux, encore moins des noms. Ils veulent protéger leurs collègues qui sont à l’origine de l’information. Ils se disent prêts toutefois à révéler tous les détails devant le juge. Néanmoins, l’on sait, avec les communications précédentes, que la région de Dakar et celle de Diourbel sont concernées.
Par ailleurs, Abdoulaye Ndoye se demande quel intérêt ‘’des enseignants, patriotes’’, ont à inventer des sms pour dire qu’il y a fuite. Ainsi, à partir du moment où les syndicats ne se font plus de doute sur l’existence des faits, ils estiment dès lors qu’il y a rupture d’égalité des chances dans le traitement des candidats. Ce qui risque non seulement de jeter le discrédit sur le diplôme mais expose les bacheliers sénégalais à l’étranger. Mais aussi, cela pourrait, craignent-ils, ‘’pervertir le comportement de beaucoup d’élèves et développer chez eux une culture de la triche’’.
Contre l’attitude de Mary Teuw Niane
En outre, Saourou Sène et Cie dénoncent l’attitude du ministre de l’Enseignement supérieur. Pour eux, en choisissant de porter plainte pour diffusion de fausses nouvelles, Mary Teuw Niane ‘’semble vouloir absoudre les coupables au premier chef et traquer des lanceurs d’alerte dont le seul tort est de défendre le système’’. En fait, ce n’est pas la plainte en tant que telle que dénoncent les enseignants, mais plutôt son objet, c’est-à-dire la diffusion de fausses nouvelles qui, de leur avis, est une façon pour le ministre de refuser de reconnaître les faits.
Pour que tout cela ne passe pas par perte et profit, les syndicalistes réclament une enquête diligente pour faire la lumière. Et exigent que ‘’les coupables soient dénichés et sanctionnés’’ ; sans quoi, ce serait un précédent dangereux pour le système éducatif sénégalais et les diplômes délivrés. ‘’Avec ce qui s’est passé au Concours général 2017 et celui des élèves maîtres en 2013-2014, ça commence déjà à faire trop’’, font-ils remarquer.
BABACAR WILLANE