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Maël Thiam : «Pourquoi ça chauffe à l’Apr et à Benno »
Publié le mardi 13 juin 2017  |  Seneweb
8ème
© Agence de Presse Africaine par El Hadj Assane Gueye
8ème assemblée générale des gestionnaires d’aéroports
L`union des gestionnaires d aéroports d`Afrique du centre et de l`ouest tient son assemblée générale à Dakar sous le thème aéroports et qualité de service. Photo: Pape Maël Thiam, directeur des ADS




S’il dit comprendre les manifestations de colère à l’Apr et à Bennoo bokk yakaar, suite à la publication de la liste des investitures pour les législatives, Maël Thiam, l’administrateur du parti présidentiel, invite au respect des choix du Président Macky Sall, qui avait carte blanche pour confectionner les listes de candidatures. Entretien.
Comment accueillez-vous les menaces de vote-sanction et de boycott qui ont suivi les investitures au sein de Bennoo bokk yakaar ?
Je dirai que cela prouve qu’il y a une vitalité politique. Il n’y a absolument rien d’impressionnant dans ce qui se passe parce que c’est humainement compréhensible. Lorsqu’il s’agit de distribution de postes, il est normal que les uns et les autres, quelles que soient leurs obédiences politiques, puissent exprimer leurs ambitions. Je crois que Dieu même le veut.
Maintenant, ramené au contexte politique actuel, ceci montre que beaucoup de partis politiques ont démissionné dans leurs rôles d’élaboration d’idéal politique, et autour duquel ils ont la vocation de faire adhérer leurs militants. La plupart des partis politiques au Sénégal n’ont plus d’idéal. Ces partis politiques sont fondés sur des affinités, de la sympathie, parfois sur de la rancœur, la haine, la vengeance, etc.
Compte tenu de cette absence d’idéal, il est tout à fait normal que cela devienne un conglomérat de gens qui n’ont pas les mêmes motivations et les mêmes ambitions. Maintenant, ces menaces de boycott et vote-sanctions seront imputables aux partis politiques qui n’ont pas pris le temps de former leurs militants, d’instaurer un esprit de militant.
Vous mettez votre parti, l’Apr, dans le lot de ces partis sans idéal, qui n’ont pas pris le temps de former leurs militants ?
Je veux dire que l’Apr n’a pas eu le temps. Vous n’allez pas comparer l’Apr et le Parti socialiste qui est là depuis quarante ans, ou encore le Pds. Il est inadmissible qu’un parti comme le Pds, qui a plus de quarante années de vie, n’ait pas eu le temps d’inculquer une culture militante de sorte à éviter ce genre de désagrément qu’il vit actuellement, ce qui n’est pas imputable à notre parti.
L’Apr est arrivé très vite au pouvoir, et très vite il a été confronté aux innombrables problèmes que les Sénégalais connaissent tous les jours et auxquels nous avons l’obligation d’apporter des solutions. Plusieurs défis se sont trop vite présentés à nous. En plus, la succession d’élections ne nous a pas permis de mener les activités que nous voulions.
Apparemment ce sont les choix de Macky Sall pour les législatives qui sont remis en question à l'Apr et par certains de vos alliés ?
Le choix des candidats sur les listes, c’est tout un processus composé de plusieurs étapes. Et justement nous n’en sommes plus à l’étape de la réflexion, des impressions, de la cartographie. Non ! Nous sommes à l’étape d’attaquer un match et nous ne pouvons plus nous permettre d’avoir des états d’âme. Il faut d’abord gagner, et après on verra.
Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est de se mobiliser. Tout le monde sait que la cohabitation que chantent certains serait un élément fatal pour le développement du Sénégal. C’est pourquoi il ne peut y avoir de cohabitation au Sénégal.
Vous êtes donc d’accord qu’à l’Apr les gens ont fait fi des consignes du Président Macky Sall qui les appelait à l’unité ?
Ce n’est pas la même lecture que j’ai. Le président de la République a un leadership sûr et très solide au sein du Parti et au plan national. Il s’avère que dans toute organisation, même dans une famille, le chef ne peut pas s’assurer de l’adhésion de tout le monde à 100% sur toutes les décisions qu’il prend, à plus forte raison dans l’espace politique.
Ces frustrés sont, après tout, des êtres humains animés d’émotions qu’ils devront gérer au fur et à mesure. L’Apr a l’habitude de ce genre de tension. Quand c’est le moment de s’énerver, celui qui ne s’énerve pas n’est pas humain.
Que répondez-vous à vos alliés qui crient au scandale depuis la publication de la liste des investitures ?
Je reviens toujours à l’esprit qui a sous-tendu notre compagnonnage. Nous avions tous dit devant les Sénégalais que nous allions gagner ensemble et gérer ensemble. Cela voulait aussi dire que nous étions tous d’accord pour nous mettre derrière un homme et autour de son projet dans l’intérêt exclusif des Sénégalais. C’était ça l’engagement et il faut qu’on l’assume.
On ne peut pas être caporal dans un bataillon et vouloir prendre la place du commandant. La discipline nous exige d’assumer et de respecter les choix du président de la République. Et c’est cette posture que nous attendons, et de nos camarades de l’Apr, et de nos alliés de Bennoo bokk yakaar.
Quand il a été question de choisir Moustapha Niasse comme président de l’Assemblée nationale, il y avait des grincements de dents au niveau de l’Apr. Mais le Président Macky Sall, en son temps, avait su contenir ses militants. Quand il a fallu choisir des chefs d’institution, des ministres et des directeurs généraux de société issus du Parti socialiste (Ps), de l’Alliance des forces du progrès (Afp), il ne faut pas que les gens pensent que ces choix étaient appréciés par tous les militants de l’Apr. Eh non ! Heureusement là encore, le chef de l’Etat a su rappeler à l’ordre les uns et les autres en les exhortant à l’esprit qui a toujours sous-tendu notre compagnonnage au sein de Bennoo bokk yakaar. C’est exactement le même comportement responsable que nous attendons de ces leaders des partis alliés qui doivent prouver leur poigne et leur mainmise au niveau de leurs formations politiques respectives.
Ne craignez-vous pas une implosion de Benno ?
Je n’ai pas encore d’expertise qui puisse me permettre de présager de l’avenir. Mais je peux dans la réflexion dire que ce qui s’est passé n’est pas anormal. Il serait superflu de rêver à une coalition sans divergences dans la manière de voir les choses. Il ne s’agit que d’obstacles, et un obstacle est fait pour être surmonté.
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