Onze trafiquants de bois de nationalités sénégalaise et guinéenne ont été arrêtés, dans la nuit du 02 au 03 juin dernier, par les agents forestiers, lors d’une patrouille. Présentement, ils sont à la Maison d’Arrêt et de Correction (MAC) de Kolda. A Kolda, après le départ de Yaya Jammey, le trafic du bois a repris de plus belle. Reportage.
La coupe abusive et anarchique du bois reprend ses droits à Kolda. Il y a quelques mois, ces « ennemis » de la nature avaient presque cessé leur sale besogne, à cause des menaces formulées alors par l’ex-Président Yaya Jammeh contre les coupeurs de bois. A la faveur du départ de l’ex-homme fort de Kanilai, le pillage de la forêt a repris à Kolda. En effet, EnQuête a effectué une descente dans les communes les plus touchées par ce fléau : Dinguiraye, Niaming, Kéréwane, Dialambéré, Badion, Fafacourou et Koulinto. Dans ces localités, les trafiquants ont jeté leur dévolu sur le bois rouge. La coupe abusive de « vène » est presque la seule activité qui préoccupe les populations, particulièrement la jeunesse.
La pauvreté, la proximité et la porosité de la frontière avec la Gambie, l’absence d’un accord de partenariat entre Dakar et Banjul contre la coupe abusive de bois, sont autant de facteurs qui facilitent jusqu’à présent cette activité illicite. A cela s’ajoutent les pratiques corruptives telles que les arrangements aux allures de pots de vin et la complicité des populations, des élus locaux, mais aussi de certaines autorités trouvant leur compte dans ce business. De ce fait, si rien n’est fait, cette végétation pourrait disparaître, d’ici au siècle prochain, pour céder la place à un incroyable désert.
Cela est d’autant plus palpable dans les communes visitées. EnQuête a été surpris de voir des tronçonneuses et des centaines de madriers en train d’être chargés dans des camions. A la question de savoir si les exploitants ont reçu une autorisation pour couper le bois, nous n’avons reçu qu’une seule réponse : « Il ne faut surtout pas nous filmer ou nous prendre en photos. » Devant ce mutisme, nous nous sommes tournés vers les élus locaux. Nous avons voulu savoir qui est habilité à autoriser la coupe de bois dans leurs localités. « Les forêts classées font partie du patrimoine national. Ces forêts sont fortement menacées par des citoyens qui ne cherchent que leurs intérêts personnels, au détriment de la vie des populations », a répondu un élu qui a préféré garder l’anonymat.
Des notables rencontrés dans les communes visitées n’ont pas manqué de montrer leur amertume face à ce fléau. Ne sachant plus à quel saint se vouer, ils avaient espéré que les forêts puissent être protégées par le déploiement de nombreux agents conservateurs de la nature.
Onze trafiquants arrêtés puis envoyés en prison
Mais malgré le pessimisme ambiant, des actions sont menées par les forces de l’ordre. Ainsi, dans la nuit du 02 au 03 juin dernier, onze trafiquants de bois ont été pris la main dans le sac. C’est le fruit d’une mission de police forestière menée dans le massif forestier de Médina Salam Dinga, commune de Fafacourou. Une localité située dans le département de Médina Yéro Foula, le plus touché par ce fléau. « Nous étions à bord de notre véhicule, en pleine forêt, lorsque nous avons surpris ces onze personnes en train de couper et transporter du bois de vène sur des charrettes tractées par des ânes et des chevaux. A l’issue d’une course-poursuite, nous avons pu mettre la main sur eux », renseigne un des agents forestiers qui préfère garder l’anonymat. Les trafiquants ont été conduits à la brigade de la gendarmerie puis déférés au parquet de Kolda, le 06 juin dernier. Poursuivis pour exploitation et transport illicite de bois de vène, ces « ennemis » de la nature feront face au juge du tribunal de Grande Instance de Kolda, le 15 juin prochain.
A côté de la coupe abusive de bois, EnQuête a trouvé çà et là des charbonniers qui n’hésitent plus à couper les grands arbres pour alimenter leurs fours à charbon, surtout dans le département de Médina Yéro Foula, au vu et au su des autorités locales et des citoyens.