Comment faut-il juger l’attitude de la présidente du Groupe parlementaire des libéraux et démocrates?
Voilà une dame qui a mobilisé tout le Parti démocratique sénégalais pendant de nombreuses semaines au cours desquelles il n’a été question que de l’installer sur le fauteuil que Modou DIAGNE Fada occupait. Et, après avoir lourdé ce dernier, voici qu’elle décide de faire cavalier seul pour renouveler son mandat de député, sans que les libéraux ne daignent lui demander des comptes concernant les nombreux privilèges que lui accorde son statut de président de Groupe parlementaire.
Quand le 26 mars dernier, Aïda MBODJI a déclaré qu’elle allait se présenter aux prochaines législatives sous sa propre bannière, beaucoup ont pensé qu’il s’agissait d’une de ses fanfaronnades qu’elle a l’habitude de brandir pour divertir les masses. D’autant que, dans une même envolée, elle disait une chose et son contraire. «Aujourd’hui, ma posture ne me donne plus le droit de me ranger derrière une personne. Tout le monde sait que ce régime a réduit à néant les espoirs du peuple sénégalais. C’est pourquoi, notre ambition est d’avoir une majorité à l’Assemblée nationale pour faire face à ce pouvoir (…) Nous réaffirmons notre ancrage dans l’opposition. Qui veut obtenir des députés à l’Assemblée nationale devra aller avec nous. Nous restons constants. Et nous allons poursuivre cet excellent travail de massification de l’Alliance nationale pour la démocratie », avait-elle soutenu. Alors qu’au PDS il était question de faire payer à Pape Samba MBOUP et à Farba SENGHOR leurs «actes d’indiscipline », la présidente conseil départemental de Bambey parcourait le pays à la recherche de nouveaux militants pour son mouvement.
Si beaucoup ont peiné à croire en la sincérité d’Aïda MBODJI, c’est aussi parce qu’ils ne la voyaient pas aller au bout de sa logique, quitte à faire face à Me WADE. Car, au mois d’octobre 2015, DIAGNE Fada invitait la presse à son domicile et renseignait que Me Wade l’a joint au téléphone pour l’informer qu’il allait le relever de ses fonctions de président du Groupe parlementaire des libéraux et démocrates à l’Assemblée nationale au profit d’Aïda MBODJI. Cette dernière avait pourtant lancé son mouvement le 26 mars 2014. N’empêche, comme un seul homme, les libéraux s’étaient rangés derrière elle, la transfuge, pour combattre l’authentique libéral DIAGNE Fada. Pendant de nombreux mois, les députés n’étaient occupés qu’à vider ce litige, dans un tintamarre indescriptible. Ainsi, le 13 octobre 2015 à l’Assemblée nationale. Modou DIAGNE Fada, les textes de l’Assemblée nationale en bandoulière, prend le nord, réclamant toujours la présidence du groupe. Aïda MBODJI, escortée par des caciques du PDS, s’engage vers le sud, clamant sa légitimité tirée de WADE. mardi 27 octobre 2015, Aïda MBODJI et son groupe décident de saboter la mise en place des Commissions techniques de l’Assemblée nationale. Comme la dernière fois, les députés s’illustrent de la réprouvable des manières. Entre bousculades et cris de guerre, Aïda MBODJI et le député Seydina FALL alias Boughazelli en viennent même aux mains. Il en sera ainsi jusqu’à la défénestration, le 15 octobre 2015, de l’ancien ministre de jeunesse sous le régime de WADE.
Mais c’est à croire qu’Aïda MBODJI ne se battait que pour gagner en puissance et davantage massifier son mouvement. Depuis qu’elle a été installée sur le fauteuil de président du groupe parlementaire des libéraux, le 14 octobre 2016, l’ancien maire de Bambey ne fait que s’éloigner de ceux qui l’avaient aidée à y accéder. Avec les nombreux privilèges que lui accorde son statut de président de Groupe parlementaire, elle draine les foules ailleurs qu’à Bambey. Et, le plus étonnant, à part les quelques atones mises en gardes des instances du PDS, Aïda MBODJI déroule sans que ses frères de parti ne s’émeuvent de ses velléités de dissidence.
Avec Me WADE, prompt à couper les têtes qui tentent de dépasser la sienne ou celle de son fils, il faut être assuré qu’Aïda MBODJI a sa bénédiction. Investie sur la liste des Libéraux aux législatives, elle peinerait certainement à faire gagner au PDS les trois à quatre députés que son mouvement peut engranger.