Le directeur du bureau régional du PNUD pour l’Afrique, Abdoulaye Mar Dièye, souligne l’urgence d’une action en faveur de la ville de Saint-Louis face aux menaces que représentent pour elle la montée des eaux et la surpêche.
Dans un article publié sur le site de cette institution onusienne, M. Dièye écrit que ces deux facteurs, qui font partie des nombreux défis auxquels elle est confrontée, "compromettent [sa] survie, son héritage unique et son économie".
"L’élévation du niveau des eaux menace la vieille ville historique, ce qui a incité ONU Habitat à proclamer Saint- Louis comme la +ville africaine la plus exposée au risque de la montée du niveau de la mer+. Un certain nombre de villages aux alentours ont déjà été engloutis sous l’effet des marées", alerte le natif de l’ancienne capitale du Sénégal.
Il ajoute que "les méthodes de pêche non viables et la concurrence acharnée que se livrent les pirates et les grands bateaux de pêche étrangers se sont traduites par une diminution des stocks de poissons […]".
Selon lui, il faut désormais aux pêcheurs de Saint-Louis "deux fois plus de temps en mer, mais pour de bien maigres résultats".
"Découragés, de nombreux jeunes, surtout les hommes, n’ont d’autre choix que d’entreprendre le périlleux voyage vers l’Europe, à bord de navires de pêche ou même de pirogues, et de venir grossir les rangs des migrants", se désole-t-il.
Face à ces "défis complexes", il recommande d’"instaurer des mécanismes de coopération régionale améliorés, semblables à ceux qui existent aux Caraïbes et dans les petits États insulaires en développement du Pacifique".
"Ces structures fixent des limites sur le nombre de navires patrouillant les eaux et les jours de pêche, pour garantir une exploitation responsable et la reconstitution des stocks", précise-t-il.
"En ce qui concerne la ville elle-même, les planificateurs urbains et les écologistes ont souligné la nécessité, pour Saint-Louis d’intégrer pleinement ces facteurs dans son mécanisme de gouvernance urbaine, à l’instar de Venise, la cité lacustre avec laquelle l’île est parfois comparée", fait-il remarquer.
Et de marteler : "Les enjeux sont certes immenses, mais il est grand temps d’agir. Comme le disait Antoine de Saint-Exupéry : +Nous n’héritons pas la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants+".
Selon lui, "Saint-Louis est un lieu unique, qui a joué un rôle majeur dans l’histoire. Capitale de l’Afrique occidentale française de 1895 à 1902 puis capitale du Sénégal, la ville compte le philosophe Gaston Berger parmi ses enfants les plus célèbres".
Il ajoute que l’ancienne capitale de l’Afrique occidentale française (AOF) "se targue d’un delta d’une richesse naturelle exceptionnelle, qui attire à lui des milliers d’oiseaux migrateurs".
"La beauté sauvage de la Langue de Barbarie, cette péninsule sablonneuse qui s’étire le long de ses côtes, son réseau de quais et son élégante architecture coloniale justifient son classement par l’UNESCO au patrimoine mondial de l’humanité", vante encore Abdoulaye Mar Dièye.