L’ancien Premier ministre n’en revient pas d’avoir été zappé des listes de Benno Bokk Yaakaar. Même si jusque-là ce sont ses proches qui en font écho, Mimi TOURE, qui se mure dans un silence assourdissant, n’est pas prête à desserrer les dents. Son camarade de parti Mbaye NDIAYE n’est pas loin d’adopter la même posture. Lui aussi peinerait à s’expliquer son invisibilité sur les listes. Compagnons de Macky SALL opposant, les deux sont progressivement tombés de leur piédestal, poussés au dos par le leader de leur parti.
A son arrivée au pouvoir, le Président SALL ne s’est aucunement gêné à confier les postes clefs de l’Etat aux femmes et aux hommes qui l’ont conduit à la victoire finale. Dans le partage, ses lieutenants n’ont pas été oubliés. Alioune Badara CISSE (Affaires étrangères), Mor NGOM (Transports), Aly Coto NDIAYE (Jeunesse), Abou LO (Communication). Alors qu’Aminata TOURE atterrissait au ministère de la Justice, Mbaye NDIAYE se chargeait du ministère de l’Intérieur. Deux ministères régaliens, diraient certains.
Un destin commun
L’histoire récente de l’APR met en exergue la destitution de Mbaye NDIAYE, Moustapha Cissé LO, de leur poste de député, comme une injustice que le temps a réparée. Si le dernier à coups de déclarations fracassantes s’est maintenu sous le soleil que fait briller Macky SALL, on ne peut pas en dire autant de l’ancien maire des Parcelles assainies. Il a suffi d’une brise amenée par les Thiantacounes pour que monsieur soit défénestré quelques mois après sa nomination. Le 29 octobre 2012, Macky lui arrache son portefeuille ministériel qu’il confia provisoirement à Pathé SECK. Il lui sera reproché de n’avoir pas vu venir les disciples de Cheikh Bethio THIOUNE qui avaient parcouru les rues de Dakar le 22 octobre de la même année pour tout saccager sur leur passage. Pourtant, une affaire beaucoup plus grave, mettant en danger la sécurité même du président, est survenue le 31 juillet 2015 à l’Université sans que le directeur de la Police ne soit accusé de manquement à l’anticipation. Depuis, Mbaye NDIAYE est logé à la présidence en tant que ministre sans portefeuille. Le plus clair de son temps, le chargé des structures qui n’existent pas de l’APR est porteur de mallettes du président destinées à certains cercles.
Mimi TOURE n’a guère une trajectoire plus ascendante. Le temps semble indiquer que Macky SALL l’a utilisée, du début à la fin, avant de l’écarter comme un pneu usé ne pouvant plus être réparé. Garde des sceaux, ministre de la Justice, Mimi TOURE a lancé la traque des biens mal acquis qui a tenu en haleine les Sénégalais pendant de nombreuses années. Pour son rôle dans cette affaire qui a été unanimement réprouvée, Mimi est jetée en pâture. Et la traque qu’elle avait lancée est dénouée par une grâce signée Macky. Comme le lutteur qu’il aime à incarner lors de ses rencontres politiques, Macky l’a levée jusqu’en haut de la Primature avant de l’écraser au sol. Le procédé est habile et semble être inspiré par un patriarche du genre WADE. Nommée Premier ministre, pour sans doute l’écarter du dossier de la traque, Aminata TOURE est envoyée à Grand-Yoff. A de nombreuses reprises, elle a affirmé s’être engagée dans cette localité sur la demande de Macky SALL. Pourtant, ce dernier était loin d’ignorer que Grand-Yoff est le fief de Khalifa SALL, maire de Dakar. Sans y être réellement préparée, elle est envoyée dans la gueule du loup. Et comme pour amoindrir ses chances, un colistier parmi les plus encombrants, en la personne d’Adama FAYE frère de Marième FAYE Sall, lui est collé. Et avant que les élections ne se tiennent, Macky le dit et le répète : celui qui perd sa localité perd son poste. Au soir du scrutin, sans surprise, Aminata TOURE est laminée même dans son bureau de vote. Aminata TOURE, qui peut légitimement revendiquée la place de numéro deux de l’APR, après qu’Alioune Badara CISSE a renoncé provisoirement à ses ambitions politiques, lui aussi admirablement paqueté par Macky SALL est nommée ailleurs. Envoyé spécial du président de la République, un machin redondant, jusque-là, inconnu dans l’architecture administrative et institutionnelle de la République du Sénégal. Mimi semble s’y plaire et son affaire est réglée. En première ligne quand il s’agit de défendre le président SALL, Mimi TOURE remplit progressivement cette coquille vide, en trempant sa louche dans toutes les sauces. Avant le coup de grâce des investitures aux élections législatives du 30 juillet, elle est éloignée de la capitale. Ces ancêtres Saloum-Saloum lui sont rappelés et, tête baissée, elle s’engage dans une localité où les responsables pullulent.
En les écartant des listes de Benno, Macky s’assure qu’ils n’auront que des postes nominatifs et pourra ainsi les tenir sous sa botte.
Mame Birame WATHIE