Dakar - Le contenu du projet de code de la presse adopté mercredi en conseil des ministres est "totalement inconnu" des acteurs des médias, a déclaré, vendredi, à Dakar, le porte-parole de la Coordination des associations de presse (CAP), Mamadou Ibra Kane, qui a appelé les acteurs de ce secteur à faire preuve de vigilance sur ce dossier.
"On voudrait informer l’opinion que le projet de code de la presse adopté par le conseil des ministres de mercredi dernier nous est totalement inconnu. Nous n’en connaissons pas le contenu", a-t-il dit lors d’une conférence de presse.
M. Kane, qui a déploré cette situation, a rappelé que le ministre de la Culture et de la Communication, Mbagnick Ndiaye, avait promis de soumettre le projet de code de la presse aux professionnels des médias avant son examen par le gouvernement.
"En donnant un préjugé favorable au gouvernement, nous espérons que le projet de code de la presse adopté va correspondre au consensus que nous avons trouvé avec le gouvernement en octobre 2010 et septembre 2016", a-t-il dit.
Selon M. Kane, la CAP compte par conséquent "agir" avant l’examen de ce texte par l’Assemblée nationale.
L’examen du projet de code de la presse par les députés est programmé avant la fin du mois de juin, afin de s’assurer que le contenu du texte validé par le gouvernement demeure conforme à celui adopté par consens en 2010 et 2016.
"Lorsque nous aurons pris connaissance du contenu de ce code, nous convoquerons la presse pour lui faire part de notre appréciation. Pour le moment, nous ne pouvons pas parler de projet de code consensuel", a précisé Mamadou Ibra Kane.
"Nous restons vigilants (...). Nous craignons qu’il y ait un renforcement de la sanction des délits de presse ou d’autres soustractions. Nous ne sommes pas à l’abri de surprises", a pour sa part soutenu le secrétaire général du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (SYNPICS), Ibrahima Khaliloullah Ndiaye.
Les membres de la CAP ont malgré tout salué l’adoption de ce projet de code en conseil des ministres, une promesse tenue par le gouvernement et "une avancée significative", selon eux.
Le processus d’élaboration du nouveau code de la presse remonte à septembre 2009. Il avait abouti à l’adoption, en octobre 2010, d’un projet de code dit consensuel, qui a été remis au gouvernement.
Ce texte n’a jusque-là pas été voté par l’Assemblée nationale, en raison surtout des réserves de certains députés au sort réservé au délit de presse dans le nouveau texte.
Les membres de la CAP ont par ailleurs dénoncé la promulgation, par le gouvernement, d’un décret portant création et fixant les règles d’organisation et de fonctionnement de la Maison de la presse (MP), sans avoir consulté les acteurs des médias.
"Ce décret est en totale contradiction avec ce que nous appelons l’esprit de Somone (au sud de Dakar), qui consistait en un accord sur une gestion consensuelle de la Maison de la presse", a dénoncé Mamadou Ibra Kane.
Ce décret, a-t-il poursuivi, "est totalement en déphasage avec toute conception de la Maison de la presse". "C’est un organe étatique qui a été créé et géré par des fonctionnaires", a poursuivi M. Kane, ajoutant que la Maison de la presse est un endroit "où les acteurs des médias n’ont aucune place".
Le conseil des ministres du 26 avril dernier a adopté le projet de décret portant création et fixant les règles d’organisation et de fonctionnement de la Maison de la presse.
Mais le communiqué publié à la fin de cette rencontre gouvernementale ne donnait aucune précision des règles en question.
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